D'après les membres de l'Association des conditionneurs d'agrumes du Maroc (ASCAM) qui se sont réunis le 14 juin dernier à Casablanca dans le cadre d'une journée de réflexion sur les enjeux et perspectives des exportations d'agrumes marocaines vers l'Afrique subsaharienne, une percée en Afrique noire est possible. Selon les statistiques fournies par l'Administration des douanes et impôts indirects (ADII), l'Amérique absorbe 12% d'agrumes marocains et l'Europe se situe comme premier marché pour le Maroc avec un taux d'export de 85%. Pourtant avec 48 pays dont le taux de croissance avoisine les 6%, le potentiel du marché subsaharien est prometteur et la mise en place d'un plan d'action s'impose. A l'heure actuelle les principaux marchés destinataires sont la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Gabon et la Guinée. Pour l'ASCAM, l'Afrique subsaharienne, avec une population de 910 millions de personnes et un taux de croissance moyen de 5,6% en 2013, constitue une région stratégique où le Maroc peut améliorer ses performances en matière d'exportation d'agrumes, s'il parvenait à surmonter les obstacles à son expansion qu'il rencontre sur le terrain. Obstacles à lever En comparant les volumes et valeurs d'exportations des filières agrumicoles avec la demande réelle de ces marchés d'Afrique subsaharienne, l'ASCAM estime que le Royaume peut mieux faire. D'après cette organisation professionnelle, l'impact du secteur informel constitue la principale difficulté rencontrée. Il s'agit de 80 .000 tonnes de produits non déclarés qui sont exportés chaque année vers le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. « Le secteur informel jette un pavé dans la marre en provoquant un écart qualitatif et donc de valeur sur les exportations normalisées», déclare le secrétaire général de l'ASCAM, Khalid Bounajma. L'Association ambitionne donc de faciliter ses normes afin d'accueillir les exportateurs informel et les régulariser. Au-delà de l'informel subsistent des obstacles institutionnels commerciaux, logistiques et surtout juridiques auxquels il y a lieu de se pencher encore plus sérieusement pour rattraper le manque à gagner. D'autres difficultés, telles que les contraintes douanières liées à la lourdeur des démarches, aux coûts et aux lenteurs des procédures. « Pour un pays frontalier comme la Mauritanie, les produits marocains souffrent de l'absence d'application des procédures à l'exportation », conclut Khalid Bounajma. Un plan d'action s'impose Pour redresser la barre, les acteurs du secteur des agrumes ne comptent pas rester les bras croisés. Ils préconisent d'accorder une attention plus accrue aux cibles prioritaires, de développer, d'adapter l'offre aux spécificités de la demande de ce marché et de développer un réseau logistique performant dans cette région. En effet, un plan d'action est mis en place. Une commission mixte pour le suivi de ce plan a également été créée afin de cerner au mieux ce nouveau marché, ses besoins et ses attentes «Nous souhaitons que les différentes entités, dont Maroc Export, nous organise des caravanes pour nous aider à comprendre ce marché, réaliser la stratégie adéquate et pouvoir atteindre 20% des exportations d'agrumes en direction de l'Afrique», affirme Bounajma. Sur le plan institutionnel, les acteurs restent conscients qu'il faut coordonner les stratégies aussi bien des pouvoirs publics que des opérateurs privés marocains au niveau de cette région. Enfin, sur le volet logistique, l'ASCAM entend faire du lobbying auprès des pouvoirs publics afin de favoriser un réseau logistique performant. L'une des pistes à promouvoir est l'ouverture de lignes aériennes et maritimes régulières entre le Maroc et les principaux marchés subsahariens. L'option de la commercialisation groupée sera examinée avec notamment Maroc Export, l'Agence de développement agricole et l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE)❚