En 1984, Hassan II désigne son médecin personnel, le général My Driss Archane, au poste de président du CNOM. Trente ans après, les 19.746 médecins marocains vont enfin pouvoir choisir leurs représentants au niveau national et régional au sein du CNOM. C'est le dénouement de trois décennies de blocage. Espoir Au siège du CNOM à Rabat, l'heure est aux derniers ajustements avant le jour J. Les 45 bureaux de votes sont équipés d'isoloirs et d'urnes pour accueillir les votants dans les 16 régions. Pr My Tahar Alaoui, président par intérim du CNOM veille au bon déroulement des préparatifs. « Il y a une grande mobilisation des médecins pour réussir cette élection », se réjouit-il. Pour ce dernier, le principal enjeu de cette échéance est « de mettre en place une institution au service de la profession et du public. L'Ordre est le garant de l'éthique, de la déontologie et de la probité des médecins ». Même son de cloche des syndicats. « Pendant des années, les médecins étaient abattus. Ils se sont désintéressés du CNOM surtout depuis 1984 », se rappelle Ahmed El Filali, président du Syndicat national des cliniques privées du Maroc. « Cette élection est un moment unique qu'il faut saisir en allant voter massivement », martèle- t-il. Seul bémol, « le timing qui coïncide avec les tentatives de la privatisation de la Santé, ce qui n'a pas permis d'avoir des débats sur les questions de fonds », regrette Pr Abdelhak Belkhadar, enseignant- chercheur à la Faculté de médecine de Casablanca et candidat à la présidence. Pour sa part, Mohamed Hachadi, de la FDT-Santé reconnait que « la pratique de la médecine au Maroc est marquée par des dérapages et par la profusion de charlatans. Tout ça doit cesser. L'élection d'un Conseil de l'Ordre fort permettra de corriger cette situation », espère-t-il. Ces pratiques sont le résultat de dix ans de conflit entre les syndicats des médecins et le président par intérim autour du nouveau projet de loi du CNOM. Publié en 2013, ce texte sort cette instance du giron du pouvoir. Ce début de démocratisation pose des questions sur la neutralité de l'administration et les interférences entre le politique et le professionnel. Inquiétude « À une certaine époque, certaines personnes se sont servies du CNOM pour protéger leurs intérêts, mais le temps est venu pour faire de cette organisation un instrument de défense de notre noble profession », exige Hachadi de la FDT. L'hypothèse de regroupements de candidats sur une base politique est écartée par ces médecins. « Il est vrai que des organisations de médecins de partis ont donné des consignes de vote mais il sera très difficile de prendre le contrôle de la future structure du CNOM. C'est l'Assemblée générale qui sera l'espace de prise de décision », estime Filali. Il n'en demeure pas moins que les associations des médecins du PJD, d'Adl Wal Ihssan, du PPS, de l'USFP et du PAM sont mobilisées pour cette élection. Le nouveau CNOM comptera 24 membres. 84 candidatures ont été déposées pour 12 postes dans le secteur privé, 46 pour 9 postes dans le public et 12 pour 3 postes pour les enseignants des facultés de médecine. Les premiers résultats devraient être annoncés le 23 juin prochain ❚