Dans un contexte marqué par la recrudescence des cybermenaces visant le Royaume, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) a révélé, avant-hier mercredi, avoir été la cible d'une attaque informatique. Cet acte de piratage a entraîné la fuite de données concernant 53 000 entreprises et plus de deux millions de salariés. Toutefois, selon les premières conclusions de l'enquête menée par la CNSS, les documents divulgués se caractérisent, dans leur grande majorité, par un caractère fallacieux, inexact, voire tronqué. Cet incident s'inscrit dans une série d'attaques cybernétiques récurrentes visant les infrastructures numériques critiques du Maroc, dans un environnement régional et international de plus en plus complexe. La position stratégique du Royaume et son poids croissant sur la scène régionale en font une cible privilégiée pour les cybercriminels. D'après les spécialistes que nous avons consultés dans le domaine des technologies numériques et de la protection des données personnelles, il est impératif que le Maroc mobilise l'ensemble des instruments juridiques disponibles, tant au niveau national qu'international, pour faire face à cette criminalité insidieuse. Depuis plusieurs années, le Centre de veille, de surveillance et de réponse aux attaques informatiques, rattaché à l'Administration de la Défense nationale, redouble d'efforts pour contrer ces intrusions. À cet égard, Abdellatif Loudiyi, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de l'Administration de la Défense nationale, a révélé que 577 cyberattaques avaient visé le Maroc en 2021, toutes prises en charge par le Centre. Ce dernier a, par ailleurs, émis 621 bulletins de sécurité, dont 188 de nature hautement critique, au cours de la même année. Le Centre mène également des évaluations régulières des risques cybernétiques, réalise des tests d'intrusion simulant des attaques pour détecter les failles potentielles, et procède à des audits complets des sites, applications et services numériques sensibles, incluant des analyses approfondies des réseaux internet et des tests de pénétration à distance. Dans un climat régional tendu, marqué notamment par une montée des tensions avec l'Algérie voisine, le cyberespace semble être devenu un nouveau théâtre d'affrontements indirects, à travers des attaques orchestrées visant à saper la confiance dans les institutions marocaines et à perturber la trajectoire de développement que suit le Royaume avec détermination.