Seules 6,9 % des femmes détiennent des droits de propriété ou des garanties sur des terres agricoles, contre 36,8 % des hommes, selon une étude du HCP. Un déséquilibre profond, résultat d'un enchevêtrement de facteurs culturels, administratifs et économiques. Un système foncier dominé par les hommes D'après le HCP, l'accès des femmes à la propriété foncière reste entravé par des pratiques traditionnelles solidement ancrées dans les structures sociales. L'étude note que l'héritage, principal mode de transmission des terres agricoles, favorise systématiquement les héritiers masculins, tandis que les femmes sont souvent incitées à renoncer à leurs droits, par pression sociale ou par méconnaissance des mécanismes juridiques qui les protègent. Outre ces barrières traditionnelles, les femmes font face à des procédures administratives longues et complexes pour enregistrer leurs terres ou revendiquer leur propriété. Le manque d'information et d'accompagnement juridique constitue un frein majeur, les empêchant d'exercer pleinement leurs droits. Une fracture économique persistante Les inégalités foncières se manifestent aussi sur le plan économique. Parmi les hommes les plus fortunés, 53,9 % possèdent des terres agricoles, contre seulement 13 % des femmes. Cette disparité prouve que le problème ne se limite pas aux classes sociales défavorisées, mais touche également les catégories aisées. L'accès limité aux financements constitue l'un des principaux freins à la propriété foncière féminine. Selon le HCP, les femmes rencontrent plus de difficultés à obtenir des crédits agricoles, faute de garanties suffisantes. Cette contrainte les empêche non seulement d'acquérir des terres, mais aussi d'investir dans leur exploitation pour en assurer la rentabilité. Des réformes timides Face à ces inégalités, l'Etat marocain a entrepris plusieurs réformes visant à renforcer les droits des femmes sur les terres collectives, qui constituent une part importante du foncier agricole. Cependant, leur mise en application fait face encore à des résistances locales et à un manque de sensibilisation, limitant leur impact réel. Selon le HCP, favoriser l'autonomisation des femmes rurales permettrait d'améliorer la productivité agricole et de renforcer la sécurité alimentaire du pays. Ainsi, d'après l'étude, des actions concrètes doivent être accélérées : simplification des procédures administratives, renforcement de l'accompagnement juridique et mise en place de financements adaptés aux besoins des femmes du secteur agricole.