« L'IA va-t-elle nous remplacer ? La réponse est non », affirme d'emblée Intissar Haddiya professeur de néphrologie à l'Université Mohammed Premier d'Oujda en marge de la science week 2025 organisée par l'UM6P. Toutefois, elle insiste sur l'importance pour les praticiens de se former et de suivre de près les avancées technologiques. « Il faut être à jour pour pouvoir s'adapter aux innovations que l'IA va permettre », souligne-t-elle. Avec des modèles d'IA devenant toujours plus performants, capables d'améliorations constantes, la nécessité d'un accompagnement humain reste primordiale. « Le médecin doit prendre conscience de ce défi et rester informé pour évoluer avec ces nouvelles technologies», ajoute t-elle. Un outil d'aide, pas de remplacement Certaines spécialités médicales bénéficient déjà largement de l'IA, notamment celles basées sur l'imagerie et l'analyse de données structurées. « L'IA reste un outil, un support et non un remplacement », précise Intissar Haddiya. Grâce à ces technologies, les médecins peuvent analyser des volumes importants de données avec une rapidité et une précision accrues. Elle explique que « L'IA permet d'interpréter des images avec exactitude, d'analyser rapidement des paramètres médicaux et d'accéder instantanément à l'information». Ces avancées optimisent la prise en charge des patients, améliorant ainsi la qualité des soins. Plutôt qu'une opposition entre l'intelligence artificielle et les professionnels de santé, l'avenir repose sur une collaboration étroite. « Le futur de la médecine se construira autour d'une synergie entre le médecin humain et l'IA », affirme la professeure. D'un côté, le médecin apporte son savoir, son expertise et surtout son empathie, élément fondamental dans la relation avec les patients. De l'autre, l'IA met à disposition sa puissance de calcul et sa capacité d'analyse. « Cette complémentarité est essentielle pour une médecine plus efficace et plus humaine. » Des défis à relever : inégalités et formation Si l'IA peut pallier certaines difficultés, comme la pénurie de médecins dans les zones reculées, elle soulève également des défis. « L'IA pourrait être une réponse au manque de professionnels de santé et améliorer l'accès aux soins pour les populations défavorisées », note Intissar Haddiya. Cependant, elle met en garde contre le risque de creuser les inégalités. « Son déploiement nécessite des moyens, et sans une stratégie adaptée, l'IA pourrait aggraver les disparités d'accès aux soins plutôt que les réduire. » Face à ces enjeux, la formation des praticiens devient une priorité. « Les professionnels de santé doivent être formés à l'usage de l'IA et apprendre à collaborer avec ces nouveaux outils », insiste-t-elle. L'IA, une révolution à intégrer intelligemment L'intelligence artificielle ne remplacera pas les médecins, mais son adoption est inévitable. Bien utilisée, elle deviendra un allié puissant, renforçant l'efficacité et la précision des diagnostics, tout en permettant aux médecins de se concentrer sur ce qui reste fondamental : la relation humaine avec leurs patients. « L'enjeu est de savoir l'intégrer intelligemment dans la pratique médicale, pour en faire une opportunité plutôt qu'une menace », conclut Intissar Haddiya.