Dans un monde en constante mutation, le Sud global se trouve à un tournant décisif, où coopération et indépendance deviennent les piliers d'un avenir commun et prospère. «Le Maroc renforce la position du Sud global grâce à une coopération Sud-Sud très ancienne, riche et intense, » affirme Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc à l'ONU lors de la 13e édition des Atlantic Dialogues à Rabat où des leaders, penseurs et acteurs de différents horizons se sont réunis pour discuter des moyens de renforcer le Sud global face aux défis contemporains. Hilale ajoute que « cette coopération se traduit par des investissements dans les infrastructures du continent et des programmes de formation pour les imams, visant à combattre l'extrémisme religieux et le terrorisme. L'Initiative royale pour l'Atlantique incarne cette stratégie. Avec son rôle prépondérant dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), elle promet de transformer les économies de la région atlantique, bénéficiant à des pays comme le Tchad et la République centrafricaine. « Le futur port de Dakhla Atlantique, par exemple, est une opportunité pour le Maroc et pour l'intégration économique de l'ensemble des pays de la façade atlantique », ajoute Omar Hilale. Réinventer la vision du Sud global De son côté Jacques Attali, écrivain et économiste, nuance la pertinence du terme « Sud global », qu'il considère comme démodé. Pour lui, la véritable distinction réside aujourd'hui entre les régimes démocratiques et totalitaires, avec une zone grise de pays en transition. Selon Attali, le Sud tend à adopter le mode de vie du Nord, notamment l'individualisme imposé par l'Occident. « L'individualisme est devenu la norme, mais la vraie question est de savoir si la démocratie finira par triompher face aux dictatures », avance-t-il. Indépendance et unité pour un Sud puissant Pour Erika Mouynes, ancienne ministre des affaires étrangères du Panama, le Sud doit cesser de dépendre des modèles du Nord. Elle appelle à « plus de dialogue et de coopération entre les pays du Sud » tout en valorisant les compétences et les ressources déjà disponibles au sein de cette région. Omar Hilale partage cet avis et insiste sur l'importance de créer un climat de confiance et d'unité entre les pays du Sud. « Le Sud est pluriel, mais capable de devenir solidaire, puissant et impactant. Ensemble, nous pouvons réaliser des résultats inimaginables », insiste-t-il. Vers un nouvel équilibre mondial Les interventions lors cet atelier tenu en marge des Atlantic Dialogues ont souligné l'urgence pour le Sud global de prendre en main son destin. En s'appuyant sur des initiatives stratégiques comme celles du Maroc et en renforçant la coopération entre ses acteurs, le Sud peut s'affirmer comme une force majeure à l'échelle internationale. La voie vers un Sud fort passe par l'indépendance économique, l'unité politique et la capacité à innover, tout en valorisant ses ressources et ses compétences internes. Le défi est immense, mais les opportunités le sont tout autant.