« Le secteur immobilier est toujours dans l'impasse et traverse une crise profonde», avertit le vice-président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI), Anice Benjelloun. Dans le détail, il souligne une chute de 50% dans le nombre de dossiers déposés pour l'obtention de permis de construction, une baisse similaire dans les mises en chantier, et une diminution importante des transactions immobilières. Le gouvernement marocain a récemment annoncé des initiatives visant à stimuler la construction de logements sociaux et de logements abordables pour la classe moyenne. L'objectif est de construire 2 millions de logements sociaux. Des dispositifs non viables Mais Benjelloun met l'accent sur les problèmes potentiels de ces propositions. Selon lui, les dispositifs prévus imposent une charge financière insoutenable aux promoteurs immobiliers. Le premier dispositif prévoit la production de logements sociaux à 300 000 DH TTC. Toutes les taxes sont à la charge du promoteur, sans limitation de surface et en respectant les dispositifs des plans d'aménagement. « Dans ces conditions, il faudra absolument prévoir un parking sous-sol pour chaque logement, ce qui engendrerait un coût estimé à presque 40 000 DH », détaille le professionnel, ajoutant que le promoteur devrait débourser 40 000 DH par unité en termes d'impôts et taxes. Il n'engrangerait finalement que 220 000 DH. En somme, « ce dispositif n'est pas viable », alerte Benjelloun, notant également que même avec le régime fiscal actuellement en vigueur, qui prévoit une exonération pour les logements de 250 000 DH HT, il est devenu difficile de maintenir ces prix en raison de la hausse des coûts des matières premières, de l'envolée des prix des hydrocarbures et de la significative diminution du pouvoir d'achat des citoyens. En ce qui concerne les logements destinés à la classe moyenne, l'objectif est de produire des habitations vendues à des prix oscillant entre 300 000 DH TTC et 700 000 DH TTC, avec toutes les taxes supportées par le promoteur. Benjelloun estime que « ce dispositif pourrait être attractif pour les anciens bénéficiaires de logements sociaux, d'autant plus que les habitations ne pourraient pas être réalisées dans les conditions prévues pour les grandes agglomérations, mais plutôt en périphérie à cause du coût du foncier ». Il ajoute aussi que « la baisse du pouvoir d'achat actuellement rendra difficile leur acquisition ». Comment relancer la machine? En principe, le gouvernement envisage de proposer aux acquéreurs un taux de crédit réduit, estimé entre 1,5% et 2%. L'Etat prendrait en charge la différence. Benjelloun explique que cette mesure pourrait soutenir les acquéreurs, mais à ce jour, aucune mesure concrète n'a été mise en place. Il souligne également que même avec ce dispositif d'aide, sans production, il n'y aura pas de ventes. Pour relancer l'industrie, Benjelloun préconise la réduction des coûts fonciers et surtout la simplification des démarches administratives, actuellement jugées excessivement complexes. Le nombre de signatures requis pour mener à bien un projet immobilier est passé de 140 en 2011 à plus de 200 aujourd'hui, une situation que Benjelloun déplore en soulignant que cette complexité entrave les investissements et a des impacts négatifs sur l'emploi.