« Ana Moukawil» est le nouveau programme lancé par le gouvernement pour accompagner 100.000 entrepreneurs à l'horizon 2026. «Ce programme ne vise pas à créer 100.000 nouvelles entreprises, mais plutôt à accompagner les petits entrepreneurs qui existent déjà, qui luttent quotidiennement pour leur survie et qui ont besoin d'un soutien supplémentaire », indique le ministre de l'inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri. Sur la base des résultats d'une récente enquête réalisée par la BAD sur le profil des entrepreneurs marocains qui tient compte de la représentativité nationale et régionale telle que définie par la HCP et couvre 3034 ménages 9085 individus de plus de 18 ans et 844 entrepreneurs établis et 1453 entrepreneurs potentiels, le ministre souligne que 57% des entrepreneurs au Maroc le sont par nécessité. Ils le sont en effet, par contrainte faute d'opportunité dans l'emploi salarié. 43% eux, le sont par choix après avoir identifié une opportunité d'affaire. D'autres résultats révélés par le ministre : le Maroc compte 40% d'entrepreneurs en gestation et 60% en idéation. Ces entrepreneurs bénéficieront de conseils d'une valeur d'environ 100.000 dirhams par entreprise, ainsi que de formations complémentaires. Un package de mesures de soutien Le programme mis en place comprend une série de mesures incitatives visant à faciliter et encourager l'acte d'entreprendre, en mettant l'accent sur le soutien aux TPE. D'après Y.Sekkouri, « Ce programme repose sur une offre de valeurs adaptée aux réalités économiques et sera déployé grâce à une approche collaborative impliquant différents acteurs nationaux et régionaux. Cela apportera des innovations opérationnelles en matière d'accompagnement, de contribution à l'animation des dynamiques régionales, et d'identification d'opportunités au sein de différentes chaînes de valeurs ». Dans le détail, il précise que pour la première fois, un soutien financier est mis en place pour aider les petits entrepreneurs à financer leurs locaux. « Cette aide s'élève à environ 10.000 DH par an. Elle est destinée aux entrepreneurs qui se trouvent non seulement dans les grandes villes, mais aussi dans les villes moyennes, les petites villes et les zones périurbaines », explique le ministre ajoutant que ces entrepreneurs bénéficieront également de conseils d'une valeur d'environ 100.000 dirhams par entreprise, ainsi que de formations complémentaires. « Ana Moukawil », est un package qui vient aussi en complément des mesures incitatives à l'emploi déjà mises en place. Le ministre cite ainsi l'exemple d'une TPE qui embauche quelqu'un dans le cadre du programme Awrach. Elle recevra une aide de 1.500 dirhams par mois pendant 9 mois. Il fait référence également à d'autres mesures, telles que le programme "Tahfiz", qui exonère de l'impôt sur le revenu et des charges sociales les entreprises créées entre 2025 et 2026 et qui embauchent une personne ou plus. En gros, «lobjectif global de ce programme est de fournir un ensemble de mesures et de soutien complet aux entrepreneurs. Il s'appuie sur des programmes existants, mais ajoute une offre importante, comme les chèques d'aide financière et de conseils... », résume le ministre en soulignant cette offre est destinée à évoluer avec le temps, afin de mieux répondre aux besoins des entrepreneurs. Ce qu'en pense la CGEM Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a souligné l'importance des très petites et moyennes entreprises (TPE) en tant que moteur de la croissance économique. Il a noté que ces entreprises représentent 99,7% du tissu des entreprises marocaines en termes de nombre, génèrent 37,8% de la valeur ajoutée et représentent 73,7% de l'effectif déclaré à la CNSS. Il déplore par ailleurs que ces TPE souffrent de nombreux maux et bénéficient d'un accompagnement de "plus ou moins timide". Parmi les contraintes dont font face ces structures, il met l'accent que la sous-capitalisation accrue, la difficulté d'accès aux financements et aux marchés publics, la concurrence déloyale du secteur informel, la législation du travail rigide et dépassée, la lourdeur des procédures administratives... Pour le patron des patrons, le nouveau programme « Ana Moukawil », apporte un soutien concret aux porteurs de projets et TPE déjà établies. Pour le patron des patrons, le nouveau programme « Ana Moukawil », apporte un soutien concret aux porteurs de projets et TPE déjà établies et vient s'ajouter à différentes mesures prévues auparavant par le gouvernement et le secteur privé pour soutenir les TMPE telles que la nouvelle loi sur les délais de paiement, entrée en vigueur en janvier 2023 , l'évolution du décret des marchés publics conférant plus d'accessibilité aux TPE, le remboursement des 13 milliards de dirhams de crédits TVA... Six conventions signées Dans le cadre de ce programme, le ministère de l'inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences a signé six conventions de partenariat avec des acteurs publics et privés. Ces conventions offriront aux bénéficiaires un accompagnement intégré et gratuit, ainsi que des aides ciblées. Parmi les partenaires impliqués, on compte le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, ainsi que l'Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT). Ces partenaires accompagneront les étudiants dans la valorisation de la recherche et de l'innovation en matière d'entrepreneuriat, favorisant ainsi la création de synergies. Une autre convention a été signée avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC). Elle vise à promouvoir l'entrepreneuriat et à mettre en place un dispositif intégré pour les porteurs de projets et les entrepreneurs. Ce dispositif combine le renforcement des compétences techniques par le biais de formations spécialisées et un accompagnement entrepreneurial avant et après la création d'entreprise. La convention établie avec TAMWILCOM et l'ANAPEC a pour but de coordonner les actions d'accompagnement de la Société nationale de garantie mutuelle des investissements (SNGMI) et de l'ANAPEC, afin de favoriser le financement bancaire des projets en phase de création. Le ministère s'est également associé à Barid Al-Maghrib et à la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) pour promouvoir le statut d'auto-entrepreneur et mettre en place un accompagnement financier et non financier spécifique pour cette catégorie d'entrepreneurs. Le ministère s'est engagé à mobiliser 3,5 millions de dirhams en faveur de Barid Al-Maghrib dans ce cadre. Enfin, afin de renforcer la synergie en matière d'observation, de veille entrepreneuriale et de développement des très petites et moyennes entreprises (TPME), une convention a été signée avec l'Observatoire Marocain de la Très Petite et Moyenne Entreprise (OMTPME) et l'ANAPEC.