Explosions et tirs continuent jeudi de déchirer Khartoum alors que la communauté internationale tente d'arracher un cessez-le-feu aux deux généraux en lutte pour le pouvoir au Soudan, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd el-Fitr. Dans la ville de plus de cinq millions d'habitants, les familles se pressent sur les routes pour fuir raids aériens, rafales et combats de rue qui ont tué depuis samedi plus de 270 civils et se concentrent à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest. A quelques dizaines de kilomètres de la capitale, toutefois, la vie suit son cours et les maisons s'ouvrent pour accueillir les déplacés. Traumatisés, ils ont roulé ou marché des heures durant, car désormais le litre d'essence s'échange à 10 dollars dans l'un des pays les plus pauvres du monde. Pour arriver à l'abri, ils ont dû subir les questions ou les fouilles des hommes postés aux check-points des Forces de soutien rapide (FSR), les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, et de l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis le putsch mené par les deux hommes en 2021. Surtout, ils ont dû progresser au milieu des cadavres qui jonchent les bords de route, les blindés et pick-ups calcinés dans les combats à l'arme lourde, et éviter les zones les plus dangereuses, repérables de loin aux épaisses colonnes de fumée noire qui s'en échappent.