La visite du Président français en Afrique a offert des images peu attendues, malgré les tensions des dernières semaines. Un accueil populaire franchement hostile au Gabon et en République démocratique du Congo, une tension visible à l'œil nu avec Sassou-Nguesso, le président du Congo-Brazzaville qui a connu 5 Présidents français, et un relatif désintérêt en Angola, pays éloigné, il est vrai, de ce qu'il était convenu d'appeler la zone d'influence française. D'ailleurs Emmanuel Macron a entamé son périple en martelant que la France-Afrique c'est fini, que Paris veut être un interlocuteur comme les autres. Sauf que François Hollande avait tenu les mêmes discours en 2012, et que l'actuel pensionnaire de l'Elysée l'avait adopté alors qu'il n'était que candidat en 2017. La perte d'influence française a des raisons objectives. D'abord l'échec de la lutte anti-terroriste dans le Sahel, ensuite l'absence de tout projet de co-développement depuis des décennies. Mais le ressentiment est poussé à son paroxysme. Selon la plupart de mes amis français, qui connaissent bien le fonctionnement de l'Elysée et la personnalité d'Emmanuel Macron, celle-ci y serait pour beaucoup. « Il croit tout savoir, son entourage est bardé de diplômes mais manque d'expérience, de toutes les façons il n'écoute personne ». Cette façon de faire a fini par lasser la majeure partie de l'élite française, des dirigeants africains et surtout subsahariens. D'autant plus que l'Afrique et que le nombre de puissances candidates à la coopération avec le continent africain ne cesse de grossir. Si l'arrogance n'est plus acceptable et que celle de Macron a sûrement mis de l'huile sur le feu, il faut se poser des questions éloignées des passions du moment. Est-ce vraiment un progrès que de voir brûler le drapeau tricolore, alors que les portraits de Poutine sont brandis ? La démocratie française est-elle à mettre au même niveau qu'un régime autocratique, qui s'illustre par l'agression d'un pays voisin ? Les relations entre Paris et l'Afrique n'ont jamais été un long fleuve tranquille, des crises il y en a eu pour chaque Président. Rappelons-nous la Baule, le sommet Franco-africain où Mitterrand et Feu Hassan II se sont affrontés publiquement à cause des fameuses « conférences démocratiques », du jeu d'équilibriste entre le Maroc et l'Algérie de Sarkozy. Ces deux Présidents ont d'ailleurs compris la particularité du Maroc dans la région, le rôle majeur et stabilisateur de sa Monarchie et en ont tenu compte par la suite dans leur relation avec les Souverains marocains. Le grand président Mitterrand l'a dit et redit à ses proches. Mais là nous avons un président français qui se fait malmener face à la presse par le président de la RCD. La petite histoire qui s'imbrique dans la grande, on a déjà vu cela. Mais si la perte d'influence de la France en Afrique devient irrémédiable, Emmanuel Macron prendra une responsabilité historique.