Le chef d'état-major algérien s'est rendu à Paris, en début de la semaine dernière, pour inaugurer une étape inédite dans les relations de la France de Macron avec l'Algérie de Tebboune & Co. Le chef dont il s'agit n'est autre que Saïd Chengriha, celui-là même dont le nom reste lié, avec toute l'aide de Khalid Nezzar, à la décennie noire ayant tristement entaché l'Histoire algérienne. Le précieux cadeau offert par les députés français au régime sanguinaire au pouvoir à Alger laissait Chengriha espérer un accueil en grande pompe à l'Elysée. Surtout que cette visite officielle intervient 17 ans après celle effectuée par le général Ahmed Gaïd Salah. Le vieux général s'était bien dopé pour se mettre droit dans ses bottes, en croyant qu'un tapis rouge allait lui être déroulé et que journalistes et photographes allaient se bousculer sur son passage pour inonder les médias de l'hexagone des photos de son arrivée triomphale. Que Nenni ! Tel un visiteur encombrant, le général a été reçu, en catimini. Toutefois, malgré les précautions d'usage des autorités françaises, cette visite confirme Le soutien inconditionnel de la part de l'Elysée au régime militaire algérien au pouvoir et l'amourette liant la France de Macron à l'Algérie de Tebboune et Chengriha. Amourette qui s'inscrit dans la continuité des manouvres françaises ayant conduit à l'éviction du général Ahmed Gaïd Salah. Pour rappel, ce dernier s'est attiré les foudres de l'Elysée après avoir dénoncé, publiquement, les ingérences françaises ayant pesé sur la période post-Bouteflika. C'est ce qui avait donné lieu à des ripostes enflammées de la part du président Macron, qui avait même refusé d'accorder à l'Algérie le qualificatif de «nation» et avait refusé de s'excuser pour les crimes commis par les colonisateurs français en Algérie. On peut bien se demander ce qui a changé, depuis, pour qu'Emmanuel Macron change radicalement de ton et tombe dans un grave travers éthique et politique. Surtout qu'il s'est toujours arrogé de représenter le pays «tutélaire» des droits de l'Homme alors qu'il ferme hermétiquement les yeux sur les atrocités commises au quotidien en Algérie contre ces droits dans leur proportion la plus élémentaire. Une série de rapport rappelle cette triste réalité dont celui émis, en juin 2020, par l'organe de l'UE en charge de la démocratie et des droits de l'Homme ; un autre publié en novembre 2020 pour dénoncer notamment le cas du journaliste Khaled Drareni et d'autres rapports émis en 2015 et en 2019. Tous ces rapports dénoncent le piétinement par le régime algérien des libertés individuelles, de la liberté d'expression et des droits notamment syndicaux. Le même régime est également dénoncé pour le non-respect depuis, des lurettes, du droit du peuple kabyle à l'autodétermination et du droit aux détenus politiques emplissant actuellement les geôles algériennes à un procès équitable. Face à toutes ces dénonciations, Macron détourne le regard. Pire, il s'est rendu complice du régime répressif algérien en intervenant, en toute illégalité, auprès du top management de CNews pour priver de parole le leader des Kabylkes, Ferhat Mehenni. Aujourd'hui encore, la France de Macron reçoit Chengriha quelques jours seulement après la dissolution par les autorités algériennes de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme qui était active en Algérie depuis sa création en 1985. En étant une insulte pour la France, la visite de Chengriha est révélateur du double langage des autorités de ce pays et de son hypocrisie. Il est aussi la confirmation de la décadence continue que connaît le pays de De Gaulle. Le rejet qu'il connaît en Afrique en est une autre preuve. En même temps, le Maroc continue d'étendre sa coopération au niveau continental tout en multipliant ses partenariats internationaux et ne se fixe aucune limite hormis celle touchant à son intégrité territoriale. Dans ce sens, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov est attendu à Rabat. Leader crédible agissant de la coopération sud-sud, le Royaume a déjà depuis longtemps montré qu'il n'était la chasse gradée d'aucune puissance étrangère. Tenant à sa souveraineté, le pays œuvre à l'assurer dans divers domaines, y compris énergétiques en cherchant des solutions nouvelles en ne comptant que ses propres têtes pensantes. C'est à l'aune des grandes avancées, politiques, économiques et géostratégiques, réalisées par le Maroc que bien des observateurs analysent la résolution votée à son encontre au parlement européen. De leur point de vue, cette résolution-réaction tente à faire chanter le Royaume, mais le pays en a vu d'autres. Bien des analystes s'accordent aussi à relever les tentatives françaises de fomenter des crises avec le Maroc pour détourner l'attention sur les profonds problèmes structurels qui minent la France de l'intérieur et affaiblissent sa présidence. La guerre, qui ne dit pas son nom, lancée par certains cercles du pouvoir français et par ses lobbyistes de l'intérieur et de l'extérieur contre le Royaume a eu pour effet d'isoler encore davantage la France. L'Espagne, par exemple, a dénoncé la résolution européenne à laquelle avaient poussé les votants français. Le voisin européen immédiat du Maroc tient à faire avancer, d'une manière constructive, la coopération bilatérale entre les deux Royaumes. Cette démarche, sereine, va irriter encore plus la France de Macron qui a reçu un cinglant revers en voyant les Marocains lui riposter à l'unisson qu'ils ont bien compris son petit jeu. 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