" Environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 millions) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions) à cause des effets combinés de la pandémie COVID-19 et de l'inflation", alerte le HCP dans sa dernière étude sur l'évaluation de l'impact de court terme des contextes de la pandémie COVID-19 et du choc inflationniste sur la situation des inégalités sociales. Autre constat alarmant: Près de 45% de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité est due à l'effet de la pandémie et 55% à l'effet de la hausse des prix à la consommation. Effet covid Selon le HCP, entre octobre 2019 et décembre 2021, le niveau de vie moyen des ménages, baissé de 2,2% annuellement soit de 2% en milieu urbain et de 2,6% en milieu rural ». Sous les effets de la crise sanitaire, les dépenses de consommation par tête ont reculé de 20 400 DH à 20 040 DH au niveau national, de 24 620 DH à 24260 DH dans les villes et de 12 800 DH à 12 420 DH à la campagne. Au cours de la même période, le HCP note que le niveau de vie des 20% des ménages les moins aisés a connu une baisse de 7 000 DH à 6 860 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 2,3% en termes réels. Celui des 20% des ménages les plus aisés a chuté de 2,5%, passant de 47 780 DH à 46 620 DH. Pour les 60% des ménages intermédiaires, le niveau de vie a baissé de 15 730 DH à 15 570 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 1,9%.La part des dépenses afférente aux 20% des ménages les plus aisés est passée de 46,1% au cours de la période d'avant pandémie à 47,7% en 2021, contre une baisse de 7% à 6,5% pour les 20% des ménages les moins aisés. Dans son étude, le HCP révèle également que les ouvriers, les commerçants et les exploitants agricoles sont les plus touchés par les effets de la crise sanitaire. En gros, le HCP admet que les inégalités sociales, mesurées par l'indice de Gini, ont connu, sur cette période, une hausse de près de deux points de pourcentage, passant de 38,5% à 40,3% au niveau national, de 37,2% à 39,1% en milieu urbain et de 30,2% à 31,9% en milieu rural. L'incidence de la pauvreté absolue, lui, a augmenté de 1,7% en 2019 à 3% en 2021 au niveau national, de 3,9% à 6,8% en milieu rural et de 0,5% à 1% en milieu urbain. Parallèlement, le taux de vulnérabilité est passé de 7,3% en 2019 à 10% en 2021 au niveau national, de 11,9% à 17,4% en milieu rural et de 4,6% à 5,9% en milieu urbain. Impact de l'inflation Le HCP note qu'entre janvier et juillet 2022, les prix ont augmenté plus vite en milieu rural et pour les ménages les moins aisés. Dans ce rebond d'inflation, la hausse des prix est plus prononcée pour les 20% des ménages les moins aisés (6,2%) que pour les 20% des ménages les plus aisés (5,2%) et les 60% des ménages intermédiaires (5,6%). «Ces écarts inflationnistes sont plus accentués par composante d'inflation : la hausse des prix des produits alimentaires a atteint 10,4% pour les ménages les moins aisés contre 7,7% pour les ménages aisés et 9,2% pour les ménages intermédiaires », détaille le HCP ajoutant que la hausse des prix a été plus accentuée pour les ménages dirigés par les « Exploitants et ouvriers agricoles. « Cette envolée des prix a accentué les inégalités sociales : le Maroc se retrouve avec le niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité monétaires de 2014 », déplore le HCP précisant que le niveau de vie par personne aurait baissé de 6,2% pour les 20% des ménages les moins aisés, passant de 6 860 DH à 6 440 DH , de 5,6% pour les 60% des ménages intermédiaires, passant de 15 570 DH à 14 700 DH et de 5,2% pour les 20% des ménages aisés, passant de 46 620 DH à 44 200 DH. Face à cette inflation, le niveau de vie des ménages, en termes réels, aurait baissé de 5,5% au niveau national, passant de 20 040 DH en 2021 à 18 940DH en 2022 Par conséquent, le taux de pauvreté absolue a augmenté de 3% en 2021 à 4,9% au niveau national, de 1% à 1,7% en milieu urbain et de 6,8% à 10,7% en milieu rural. Celui de la vulnérabilité monétaire a augmenté de son côté, de 10% à 12,7% au niveau national.