Une énième affaire de pédophilie éclate à Rabat ; dévoilant les détails sordides d'abus sexuels répétitifs contre des mineurs. Cachant son jeu derrière son statut de coach sportif, le présumé pédophile, âgé de 59 ans, est propriétaire d'une salle de sport, théâtre de ses crimes. Le loup dans la bergerie Profitant de la loi du silence, le présumé coupable s'est régulièrement livré à des attouchements et autres abus sexuels sur ses élèves mineures. Mais le scandale va enfin éclater lorsque le père d'une victime décide de dénoncer le coach auprès de la police. Une plainte qui l'a d'ailleurs poussé à quitter la ville précipitamment pour se réfugier dans son village natal dans les environs de Marrakech, avant de décider de se rendre à la police. Au final, six mineurs ont confirmé les accusations de la première victime, affirmant avoir subi le même sort: Des abus répétitifs camouflés sous des dehors de coachings sportifs. Elles ont d'ailleurs raconté comment elles étaient attirées à l'écart des autres sous de faux prétextes pour être abusées dans leur chair. Menacées, manipulées et intimidées par le présumé pédophile, elles subissaient en silence ses agressions et attouchements. Pour se défendre, l'accusé a nié le caractère sexuel de ses gestes « naturels» envers ses élèves. Des actes qui entrent, selon lui, dans le cadre du programme d'entrainement adopté par la salle de sport. De leur côté, ses collègues travaillant dans l'association dont dépend l'établissement, ont affirmé à la police n'avoir jamais remarqué de comportements louches de la part du coach. Des témoignages aussitôt démentis par les enregistrements des caméras de surveillance perquisitionnés par la police. Révélateurs, ces derniers ont indiqué tout le contraire. Protecteur/ prédateur Ce nouveau scandale remet à l'ordre du jour les réclamations répétitives des activistes en faveur de la protection de l'enfance: Renforcer le contrôle au sein des établissements accueillant des enfants. « Les affaires de viol d'enfants et d'abus sexuels sur mineurs sont devenues légions. Ce qui fait mal au cœur, c'est que celui qui est supposé protéger les enfants devient le prédateur. C'est inacceptable » s'insurge Najia Adib, Présidente de l'Association « Mat9iche wladi ». Inacceptable et surtout alarmant. Cette affaire et les autres soulèvent en effet un tas d'interrogations quant aux critères des autorisations accordées aux associations et aux institutions sportives ou socioculturelles œuvrant auprès des petits. Des organisations dont le rôle particulièrement délicat nécessite un contrôle permanent et rapproché afin d'éviter toute dérive. « Il faut savoir qu'un pédophile fait toujours en sorte d'être en contact avec les enfants. Il cherchera des lieux, des activités et des circonstances qui le rapprocheront d'eux et de leurs familles. C'est là son terrain de chasse » met en garde Dr Mohcine Benzakour, psycho-sociologue. D'après le spécialiste, il faut rester vigilant au moment du recrutement mais aussi après. « Dans d'autres pays, des contrôles réguliers, des évaluations psychiques et une surveillance permanente sont appliqués pour protéger les enfants sans défense, face aux prédateurs qui peuvent se cacher derrière des airs bienveillants », ajoute Adib. Un rôle protecteur qui devrait être assuré par l'Etat, le Ministère de la Famille et ses représentants locaux, les responsables directs des associations et établissements accueillant les enfants mais aussi par les familles qui devraient rester à l'écoute et ouvrir l'œil. Prévenir « Pour commencer, une campagne de sensibilisation au respect de l'intimité de l'enfant et à la sacralité de son corps. Au Maroc, un enfant est considéré comme une propriété collective que chacun a le droit de toucher sans la moindre gêne », note Dr Benzakour. « En famille, dans la rue, en société, tout un chacun peut embrasser un enfant, pincer ses joues, toucher son corps. Cette sensibilisation doit se faire à la maison, au sein de la famille, à l'école, dans les colonies de vacances et dans toutes les institutions. Cette sacralité se doit d'être inculquée et incrustée dans les esprits car elle est primordiale dans ce processus de prévention » nous explique le psychosociologue. Un mécanisme qui devrait immuniser nos enfants et les mettre en garde contre la banalisation de tous types d'attouchements. « Le deuxième mécanisme n'est autre que l'éducation sexuelle. Un enfant doit absolument être avisé dès l'âge de 8 ou 9 ans au sujet de son corps et de son appareil génital. Déjà à la maternelle, nous devons apprendre aux enfants quelles sont les parties intimes que personne n'a le droit de toucher, y compris les parents», explique le spécialiste. Des pare-feu qui devraient, selon Benzakour, préparer les petits à bien cerner la nature des comportements inappropriés et leur permettre de les dénoncer, à temps, auprès de leurs parents ou des responsables d'établissements.