Najla Bouden Romdhane a été "chargée de former un gouvernement dans les plus brefs délais", précise la présidence tunisienne dans un communiqué. Cette décision intervient deux mois après l'activation de l'article 80 de la Constitution qui stipule qu'en cas de péril imminent, le Président de la République peut prendre les mesures qu'impose l'état d'exception. En vertu de ces mesures exceptionnelles, Saïed a décidé le limogeage du chef du gouvernement Hichem Mechichi et la suspension des activités du parlement, de l'immunité parlementaire des députés et de toutes les indemnités et avantages accordés au président du parlement et ses membres. Le 22 septembre, il a également promulgué un décret présidentiel en vertu duquel le préambule de la Constitution et toutes les dispositions constitutionnelles qui ne s'opposent pas à ces mesures exceptionnelles restent en vigueur. Il a été également décidé la suppression de l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi. Le président de la République se charge, dans le cadre de ce décret, de l'élaboration de projets d'amendements relatifs aux réformes politiques, avec le concours d'une commission qui sera créée par décret présidentiel. Concernant le pouvoir législatif, le décret prévoit la promulgation, par le président de la République, de textes sous forme de décrets loi après réunion du conseil des ministres. Le président exerce le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement présidé par un chef de gouvernement. Ces mesures ont suscité une vive polémique au sein de la classe politique et syndicale tunisienne. Opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont exprimé leur rejet à toute suspension de l'application de la Constitution ou "changement du système politique". Ils soutiennent que les annonces laissent envisager le début de préparatifs pour la tenue de nouvelles élections législatives afin de remplacer le Parlement et pour la réforme de la Constitution de 2014 qui a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, source de frictions permanentes entre les deux pouvoirs. Bio express Najla Bouden Romdhane est professeure de l'enseignement supérieur à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis. Née en 1958 dans la région de Kairouan, elle est spécialiste en géosciences. Elle est actuellement en charge de la mise en œuvre des programmes de la Banque mondiale au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Nommée Directrice Générale en charge de la Qualité au Ministère de l'Enseignement Supérieur en 2011, elle a également occupé le poste de chef de l'unité d'action des objectifs dans le même ministère, avant de se voir confier une tâche au bureau de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Chiheb Bouden, en 2015. A partir de septembre 2016, elle a occupé les fonctions de chef de l'unité de gestion par objectifs pour l'exécution du projet de la reforme de l'enseignement supérieur en vue de l'appui à l'employabilité des diplômes de l'enseignement supérieur, au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Najla Bouden Romdhane devient ce mercredi la première femme tunisienne et arabe à occuper le poste de cheffe du gouvernement dans l'histoire de la Tunisie.