La chasse aux sorcières continue. Après la grande campagne anti-gardiens de voitures, les internautes en colère mènent une nouvelle offensive cette fois-ci contre les loueurs de parasols, de tables et de chaises qui envahissent les plages nationales pendant la saison estivale. Une plage louée ? « Si c'était seulement une question de louer du matériel de plage ça n'aurait pas suscité une telle réaction, tout au contraire, c'est plutôt pratique. Mais ces gens ont dépassé les limites en obligeant les gens à louer chez eux. Pire ils s'accaparant la grande partie de la plage », s'insurge El Mehdi Lamzal, dans un post sur la page très suivie « Save Casablanca ». Ce dernier raconte comment, ce dimanche à la plage Aid Diab, on lui a signifié que toutes les places sont payantes. « Ils m'ont affirmé qu'ils ont loué la plage et si je veux une place gratuite, ils me mettront où ça les arrange dans une place de leur choix !!! », raconte, toujours sous le choc, ce casablancais en colère. Après un été en mer zappé en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, les plages sont prises d'assaut cette année par une grande foule tentant de rattraper les vacances ratées de l'année dernière. Une situation qui a apparemment trop attisé l'appétit de ces loueurs de parasols. « C'est une mafia organisée ! A Ain Diab, ils ont mis carrément une bande tout au long de la plage pour délimiter leur territoire qui englobe en fait toute la partie intéressante de la plage. Ils y ont installé leurs parasols, tables et chaises et n'ont laissé qu'une partie très restreinte aux gens qui refusent de payer », décrit de son côté Hassan Boutzate, un autre citoyen mécontent. La riposte Des témoignages qui s'ajoutent à d'autres racontant un véritable calvaire vécu par des estivants récalcitrants et refusant de céder au chantage de « Moul parasol ». Un ras le bol qui a été traduit aussitôt en une campagne organisée de dénonciation sur les réseaux sociaux. Le groupe facebook « Boycott moul parasol » a été rapidement créée en attirant plus de 1200 membres en quelques heures. Un espace où les estivants en colère racontent leurs mésaventures à la plage mais aussi pour réclamer le changement. Des pistes de riposte sont également proposées aux membres. « Envoyez des plaintes au ministère de l'Intérieur sur le site www.chikaya.ma pour réclamer la libération de nos boulevards et nos plages de l'emprise de cette mafia », conseille Abdou Larhissi, modérateur de cette page. « C'est un premier pas pour récupérer notre droit d'accéder librement et gratuitement à nos plages. On en a marre de ces abus ! », commente de son côté Noura Hissou, administrateur du groupe. Des plaintes mais aussi des appels au boycott des plages en attendant de les libérer. Ils doivent partir « Mais ce n'est pas à nous de dégager des plages ce sont eux qui doivent partir. Nous appelons les autorités à intervenir et à procéder de la même manière qu'avec les gilets jaunes. C'est illégal et c'est une atteinte claire au droit de tout citoyen de jouir librement et gratuitement des plages de notre pays », ajoute Abdou Lahrissi. Un ras le bol et une colère qui ne laisse d'ailleurs aucune place aux attitudes « compatissantes » de certains internautes. « Pourquoi nous devons être solidaires avec des gens qui n'hésitent pas à nous sucer le sang et qui nous attaquent dès lors on refuse de céder à leur chantage. La plage est pour tous et prétendre qu'ils l'ont loué est juste une arnaque », répond avec virulence Zakaria Mansouri Sadaoui. En toute illégalité Réda Mesanoui, avocat au barreau de Casablanca, nous a affirmé auparavant que ni les gardiens de voitures ni les loueurs de parasols n'ont aucun droit sur l'espace public. « Tout citoyen a le droit de se rendre à la plage et de se mettre où bon lui semble. Louer une plage ça n'existe pas et c'est illégal d'imposer aux gens de payer pour nager ou pour bronzer sur le sable. La loi 30- 89 relative à la fiscalité des collectivités locales et de leurs groupements n'évoque nullement un tel dispositif », nous explique l'avocat. Basant leur campagne sur l'illégalité de la pratique, les protestataires redoublent d'efforts et de partages pour sensibiliser et toucher le plus de monde. Le sens pratique, ils appellent chaque citoyen harcelé à la plage à déposer plainte. Les prémices fructueux de cette campagne ont été constatés ce week end à la plage Quémado à El Houceima. Les autorités locales ont fait une descente surprise sur cette plage très fréquentée en embarquant les parasols envahissant la plage et en libérant l'espace pour accueillir les estivants. Les autres villes suivront cet exemple et verront des actions similaires ? A suivre !