« Jamais sans mon alarme », c'est ainsi qu'on a baptisé ce projet porté par les associations « Al Karam » et « Mekkil ». Une initiative inédite qui consiste en la distribution de 700 alarmes de poche d'autodéfense au profit des enfants internes et externes de l'Association Al Karam, des enfants d'écoles primaires et des jeunes des « Maisons de l'étudiant ». Cette alarme de poche permet en effet aux enfants, en cas de danger, de déclencher une sirène de 120 décibels, audible à plus de 600 mètres afin d'attirer l'attention, effrayer l'agresseur et le pousser à prendre la fuite. Une méthode largement utilisée ailleurs comme moyen de protection pour enfants mais aussi pour les femmes et les personnes âgées. Chiffres inquiétants Adopté au Maroc, ce dispositif alarmant sera ainsi utilisé pour lutter contre la maltraitance et la violence contre les enfants. Un phénomène en expansion qui ne cesse de faire des victimes et de prendre de nouvelles allures. Les médias et autres sites d'information font état régulièrement de faits divers et de crimes dont les principales victimes sont des adolescents et des enfants en bas âge. En septembre 2020, un rapport accablant de la présidence du ministère public sur les différentes formes de violences commises contre les enfants, révèle que les agressions sexuelles arrivent en tête avec 2.800 cas. En nette évolution, le nombre des affaires de violences contre les enfants a atteint 7.263 cas en 2018 contre 5.980 en 2017. Les statistiques du ministère public ont procédé à une différenciation des auteurs de ces crimes selon leurs liens avec les victimes. Ainsi six pères ont été poursuivis pour viol sur leurs filles mineures tandis que trois agresseurs étaient des employeurs des victimes et 537 accusés des étrangers à la famille. Les prédateurs guettent partout Nullement épargnés en milieu familial, les enfants ne sont pas mieux protégés dans leurs foyers. Concernant les affaires qualifiées d'attentats à la pudeur avec violence, ils sont 20 pères et 3 frères à abuser des enfants cibles. Les étrangers n'ayant aucun lien familial avec les victimes, eux, sont au nombre de 1.856 accusés. La liste des crimes commis contre les enfants inclut le viol d'un mineur avec ou sans violence, l'attentat à la pudeur sur un mineur avec ou sans violence, la traite d'enfants, l'enlèvement et l'exploitation des mineurs dans la prostitution ainsi que l'homicide volontaire... Un tas de crimes qui n'épargnent ni filles ni garçons. Toujours selon les données de ce rapport, en 2018, 536 viols de filles mineures ont été enregistrés et 1.756 attentats à la pudeur avec violence contre 1.422 filles et 334 garçons. Le nombre total des attentats à la pudeur sans violence a atteint 523 cas, répartis entre 345 filles et 178 garçons. Les victimes d'enlèvement sont au nombre de 309 mineurs soit 275 filles et 34 garçons tandis que 38 cas dont 23 filles ont été des victimes de traite d'humains. Egalement exploités dans le trafic des drogues, huit garçons et une fille ont été pris aux filets des trafiquants. Un iceberg Des violences de toutes sortes qui s'ajoutent à la violence physique et à l'atteinte à l'intégrité physique des enfants. Rien que pour les affaires dénoncées auprès des autorités, on compte 1.454 cas dont 478 ont dépassé une durée d'incapacité de 20 jours. Au total, les crimes perpétrés contre des enfants a atteint 7.031 cas avec une nette prévalence pour les filles à hauteur de 66,6% tandis que les garçons sont touchés à 33,6%. Des chiffres inquiétants mais qui ne révèlent toutefois pas la véritable ampleur du phénomène, comme l'affirment les activistes de droits de l'enfant. Le tabou toujours aussi pesant, beaucoup de familles préfèrent encore taire les affaires de violence et d'abus sexuels par peur du scandale et de la stigmatisation de l'enfant. A noter qu'après le déclenchement de chaque nouvelle affaire de pédophilie, les appels se multiplient pour durcir les lois et l'application de la peine capitale contre les criminels. La dernière affaire en date, celle du petit Adnane de Tanger, violé et tué, a soulevé un grand débat sur la peine à infliger aux pédophiles. Un hashtag réclamant justice et appelant à la peine de mort a été largement partagé sur les réseaux sociaux. Un appel qui a d'ailleurs trouvé une oreille attentive car quelques mois après le crime abominable, l'assassin de Adnane a été condamné à la peine de mort en donnant l'exemple.