Les fans du football n'en peuvent plus de rester loin des tribunes. Après la récente réouverture des salles de cinéma, musées et autres théâtres, le public sportif monte au créneau. « Ouvrez les stades ! Ca fait plus d'un an qu'on est privé du seul divertissement qui nous reste ! », réclame Anis Mkaddem, fan du Raja en s'exprimant sur un groupe facebook dédié au club casablancais. Comme ce jeune homme, ils sont nombreux les amateurs du ballon rond à se languir des gradins et de l'ambiance festive des stades. « Je déprime carrément. L'ambiance des matchs, la grande émotion et ce sentiment d'être de la partie et d'être acteur que me procure le fait d'assister en direct au spectacle footballistique... tout ça me manque affreusement ! », partage Mehdi Mounjid, grand fan du Widad. « Le mal du stade » « Espace de divertissement mais aussi d'expression pour beaucoup de fans, le stade est pressenti comme un foyer. Une deuxième famille est retrouvée là bas avec laquelle le spectateur a le sentiment de partager une passion et un état d'esprit », nous explique Mehdi Boussaid, chercheur en sociologie. Un sentiment de communion mais surtout d'appartenance, spécialement lorsqu'il s'agit de grands fans tels les membres des ultras. « Qu'ils soient des ultras ou simples fans, ces spectateurs se sentent actuellement privés d'un exutoire, d'une soupape leur permettant d'amortir un stress et une frustration cumulés depuis plus d'une année, depuis le déclenchement de la pandémie », ajoute le chercheur. Si le public des salles de cinéma et autres spectacles, est aujourd'hui soulagé de retrouver ses divertissements habituels, celui des stades, lui, reste sur faim. Pire, il n'arrive pas à comprendre pourquoi les stades restent fermés. « Si on a ouvert les cinémas, pourquoi continue-t-on de nous priver de nos matchs ? Au moins les stades sont des espaces ouverts et presque en plein air pas comme les salles fermées du théâtre et autre », argumente Soufiane Adli, un fan widadi et grand habitué de stade d'Honneur. Gagne-pain Un raisonnement partagé par un bon nombre de spectateurs impatients de retrouver leurs vieilles habitudes liées aux matchs de foot et à leur ambiance conviviale. Mais pas uniquement. « Le stade pour moi est un lieu de travail où je gagne mon pain. Lors des matchs, je vends des sandwichs au thon tandis que mon petit frère des biscuits et autres friandises. Ca représentait le gros de nos entrées de la semaine vu la grande affluence surtout lors des matchs importants que ça soit du Widad ou du Raja », nous explique Ohmane Mekkaoui, vendeur ambulant. Depuis le déclenchement de la pandémie, le jeune homme ne fait que vivoter avec sa famille car privé de sa principale activité au Stade Mohamed V. « Vivement l'ouverture des stades. Les fans n'attendent que ça et nous aussi vendeurs ambulants pour reprendre notre petit business », lance-t-il avec beaucoup d'espoir. Rappelons que depuis mars 2020, les matchs de football se jouent à huis clos. Eloignant les spectateurs des stades, la pandémie va priver les clubs des entrées engendrées par la billetterie. Les plus touchés par cette crise restent les plus grands clubs : Le Raja et le WAC totalisent, respectivement, entre 10 et 12 millions de dirhams de pertes. Mais ce ne sont pas les seuls perdants. L'Ittihad de Tanger et le Moghreb de Tétouan, comptant un public assez fidèle et nombreux, ont vu leurs recettes considérablement réduites à cause de la fermeture des stades. De son côté, le Difaâ El Hassani El Jadidi (DHJ) a perdu 1,5 million de dirhams, sa recette annuelle de la billetterie. Une situation qui a été aggravée pour certains clubs, par le désistement de sponsors découragés par l'absence de public mais également par la crise. L'exemple européen Appelant les autorités à prendre exemple sur certains pays européens, les fans se disent prêts à se soumettre aux mesures qui seront imposées. Rappelons que dans le cadre de son plan de déconfinement, la France a procédé dès le 19 mai, à l'ouverture des établissements de sports de plein air et ceux couverts. Ces derniers pourraient de nouveau accueillir du public, avec une jauge fixée à 800 spectateurs en intérieur, et 1000 en extérieur. À partir du 9 juin, les autorités autoriseront jusqu'à 5000 personnes dans les établissements sportifs, stades et autres, à condition d'avoir un pass sanitaire. Les Français auront également la possibilité d'accéder à tout évènement rassemblant plus de 1000 personnes en extérieur et en intérieur, toujours sous réserve d'un pass sanitaire. L'Espagne de son côté a également donné, en mai, le feu vert au retour du public dans les tribunes des stades de football professionnel des communautés autonomes se trouvant dans la phase 1 de l'incidence de la pandémie. En Angleterre, selon le « Telegraph », le gouvernement britannique pourrait rouvrir en grand les stades au public à partir du 21 juin. Le quotidien explique, en effet, que le gouvernement a mené un projet pilote. Ses conclusions ont démontré que la distanciation sociale n'est pas nécessaire sur ce type d'événements. Les tests réalisés n'ont pas révélé une augmentation des infections. Les organisateurs britanniques estiment que la mise en place du passeport vaccinal permettrait de remplir les enceintes à 100 %. Le public marocain pourra-t-il espérer retourner dans les stades avec un certificat de vaccination ? A suivre !