Décidément, le Street art, jugé pendant des années comme vulgaire, salissant et sans valeur, est en phase de prendre sérieusement sa revanche. Apparu et combattu à New York dans les années 60, il gagne l'Europe la décennie suivante avec le même harcèlement des autorités urbaines. Entre bande dessinée et art contemporain, cette expression a mis un temps considérable pour se faire accepter. Mieux, on a fini par en raffoler. Après l'exposition du collectionneur Gallizia il y a quelque temps au Grand Palais à Paris et une vente aux enchères par Artcurial, voici la maison Million-Cornette qui fait parler le marteau. C'était il y a quelques jours à La Cigale, haut lieu rock de la capitale française. Près de 300 pièces mises à prix avec, à l'arrivée, 480 000 euros de vente. Les tableaux se sont envolés à 70%. Le célèbre tagueur français Shaka a vu son uvre partir à 150 000 euros pour une estimation plafonnant à 6000. L'engouement est telle que la Fondation Cartier entend organiser à partir du 7 juillet une grande exposition et la même Million-Cornette envisage l'organisation d'une nouvelle vente aux enchères très prochainement. Fini alors ces grafittis réalisés à la dérobée, souvent la nuit ou en week-end ? Maintenant que de prestigieux espaces s'ouvrent à cet art longtemps maudit, va-t-on assister à une désertion de l'espace urbain ? Si c'est le cas, ça serait tristounet.