Que se passe-t-il réellement dans le sud de la Libye ? Est-on à la veille d'une intervention occidentale contre les djihadistes ? Ou a-t-elle déjà commencé en secret ? On ne peut plus l'exclure. « L'idéal serait de monter une opération internationale avec l'accord des autorités libyennes dans le sud du pays », expliquait récemment l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées, avant de quitter son poste le 15 février. Le 5 février, le ministre de l'Intérieur nigérien abondait dans le même sens. Il reconnaissait que le sud libyen était devenu le « nouvel incubateur du terrorisme » pour reprendre les termes d'un officiel des renseignements américains. Quant à ces derniers, selon le site Lefigaro.fr, ils ont sur place, depuis la fin de 2013, « des unités Delta (leurs forces spéciales) déguisés en nomades qui encadrent leurs homologues libyens dans leur chasse à El-Qaeda dans le sud du pays ». Ils sont appuyés par des drônes américains (basés à Niamey) qui indiquent les groupes dijihadistes aux Libyens. Tout s'est accéléré ces derniers mois. Le retour de groupes islamistes dans le nord du Mali a obligé les forces françaises et africaines de Serval a multiplié les opérations militaires. Car la plupart de chefs djihadistes s'étaient mis à l'abri dans le sud de la Libye en traversant les longues frontières poreuses du Niger. Mokhtar Benmokhtar y serait toujours. On se souvient que sa katiba, partie du Mali, était passée par la Libye en janvier 2013 pour attaquer le site gazier algérien près d'In Amenas. En un an, non seulement les djihadistes ont tenté de regrouper leurs forces mais Aqmi n'est plus seul. Plusieurs groupes de diverses nationalités multiplient les incursions au nord du Mali et se replient dans leur refuge libyen. Une katiba venue de Libye se serait récemment installée dans la région malienne de Tessalit. Deuxième sujet de préoccupation : des djihadistes libyens d'Ansar el-charia venus de Darna, leur fief, sur la côte méditerranéenne, sont arrivés dans les oasis sahariennes de Sebha et de Koufra. Objectif : prêter main-forte aux tribus arabes, dont les Ouled Slimane, la tribu du Premier ministre Ali Zeidan, pour en chasser les Toubous, des nomades sédentarisés libyens noirs, qui les habitent depuis toujours mais n'ont jamais été considérés comme des « vrais » Libyens. Excellents guerriers, Kadhafi les avait intégrés dans sa Légion islamique. Pour les Toubous, si les djihadistes veulent les chasser de Sebha et de Koufra, c'est pour mettre la main sur les ressources en pétrole et en eau de la région. Pour leur compte ou celui du gouvernement ? Difficile à dire. Les autorités, incapables de mettre au pas les milices armées, islamistes ou non, dans le nord du pays, ne contrôlent plus les puits de pétrole de la Cyrénaïque désormais aux mains des djihadistes. Elles n'ont pas envie que les Toubous soient seuls à contrôler leur sud. Seul élément positif de la pétaudière libyenne : aidés par les Américains et les Britanniques, Tripoli a terminé, fin janvier, de détruire l'arsenal chimique de Kadhafi dans le désert libyen. Le Guide avait commencé cette destruction en 2004. La grande peur des Occidentaux et d'Ali Zeidan était qu'il tombe aux mains des djihadistes. Mission terminée