La plus récente publication de la Direction des études et des prévisions économiques relevant du ministère des Finances se rapporte à un sujet plus que jamais d'actualité en ce contexte de crise économique mondiale : le cycle des affaires en économie. Objectif avoué de ce travail de recherche : «Décrire la séquence des fluctuations économiques en procédant à la datation des points de retournement (pics et creux) et en évaluant l'amplitude et la sévérité des différentes phases cycliques», comme le précise l'introduction de cette étude. Et d'ajouter que la réflexion sur le cycle d'affaires est remise au premier plan au niveau de l'économie marocaine qui a vu sa croissance se consolider au cours de ces dernières années après avoir suivi un schéma cyclique qui associe des mouvements alternatifs d'expansion et de récession avec des variations récurrentes durant les décennies 80 et 90. Les principaux résultats de cette étude indiquent que le Maroc a connu, à partir des années 80, huit cycles complets d'affaires et un neuvième non encore achevé. Ce dernier a été entamé au 4e trimestre de l'année 2000 et continue jusqu'à nos jours. Il s'agit de ce fait, toujours selon les analystes du ministère des Finances, d'une phase d'expansion record de 31 trimestres. Le 1er cycle, qui a été amorcé au second trimestre de l'année 1981, a duré 8 trimestres dont six où l'activité économique a été portée par l'agriculture. «Ce secteur occupait une place déterminante dans l'économie en raison de l'influence qu'il exerce à la fois sur la production intérieure et sur la balance commerciale», peut-on lire dans cette étude qui explique que cette expansion est due aussi au renforcement de l'effort d'investissement (23% du PIB) qui a intéressé tous les équipements, particulièrement le matériel et l'outillage. Agriculture, quand tu nous sauves Le deuxième cycle a été entamé au troisième trimestre 1983 et s'est achevé au second trimestre 1987. Ce cycle a connu 14 trimestres d'expansion durant lesquels la croissance annuelle du PIB a affiché un trend ascendant passant de 2,2% en 1983 à 3,9% en 1984, à 4,4% en 1985 et à 5,8% en 1986. «Ces performances ont été réalisées en dépit d'un contexte international peu propice caractérisé notamment par le recul de la demande extérieure, la baisse des cours des produits de base, la réduction des investissements étrangers et par des difficultés d'accès au marché des capitaux», commentent les analystes de la Direction des études et des prévisions économiques. Le troisième cycle a duré jusqu'au 2e trimestre de l'année 1989. L'économie nationale y a connu un accroissement sensible du volume du commerce mondial, une relance de la demande des phosphates et de leurs dérivés à des prix mieux orientés et une baisse du cours du baril de pétrole. Elle a fait suite également aux bonnes performances des campagnes agricoles (78,3 millions de quintaux en 1998 contre 42,1 millions en 1987) et au développement substantiel des autres secteurs d'activités, engendrant ainsi une croissance du produit intérieur brut de 10,4% en 1988. «Au terme de ce cycle, l'économie nationale a été affectée par un retournement des tendances favorables tant internes qu'externes qui avaient prévalu auparavant et, de ce fait, la croissance réelle est apparue limitée (1,3%) et nombre d'indicateurs financiers ont enregistré une détérioration brutale», nuance par ailleurs l'étude. Le quatrième cycle, allant du troisième trimestre 1989 au quatrième trimestre 1990, est considéré comme le plus court depuis 1980 et n'a duré que 6 trimestres. Principal motif d'expansion, la demande interne due en particulier à la consolidation de l'investissement qui s'est établi à 52,2 milliards de dirhams. Le cinquième cycle, relativement plus long que les deux derniers, a duré 10 trimestres. La tendance à l'expansion a été portée par la progression de l'offre, issue en large partie d'une production agricole exceptionnellement élevée (85 millions de quintaux), mais aussi à l'accroissement de la demande. Le sixième cycle a duré 8 trimestres, atteignant un pic au quatrième trimestre de l'année 1994. Durant ce cycle, l'économie nationale a été marquée par un taux de croissance économique particulièrement élevé (11,7%) à la faveur des conditions climatiques exceptionnelles dont a bénéficié le secteur agricole. «Cette évolution n'a pas manqué d'avoir un effet positif sur le niveau des revenus et de la consommation», souligne l'étude.Le septième cycle, d'une durée de 8 trimestres, a également bénéficié «d'une expansion remarquable de la production agricole (99 millions de quintaux comme pic), du retournement de tendance observé dans le secteur du tourisme et de la reprise des transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l'étranger qui ont joué un rôle important dans le renforcement des réserves de change en dépit des charges encore lourdes occasionnées par le règlement des échéances de la dette extérieure». Pour ce qui est du huitième, qui a duré 13 trimestres, il a été marqué par une impulsion des crédits aux ménages destinés à l'acquisition de biens durables. Enfin, le cycle économique actuel, qui dure depuis l'année 2000, est le plus long jamais vécu par l'économie marocaine. Et pourtant, les années de sécheresse ont été fréquentes (2001, 2005 et 2007). «Ce contexte d'évolution démontre distinctement dans quelle mesure l'économie nationale a réussi à amorcer un changement positif de structures économiques et à développer une grande capacité d'adaptation et d'amortissement des chocs», analyse l'étude des Finances.