Et de quatre pour la Salon international de l'agriculture de Meknès. Du 22 au 27 avril, les acteurs du monde agricole se retrouvent à Sahrij Souani et Jnane Benhlima, célèbres places historiques de la capitale ismaïlienne pour la quatrième édition de cette manifestation sectorielle voulue par le roi Mohammed VI. L'édition de cette année se tient dans un contexte particulier, marqué par la très bonne campagne agricole en cours. Aussi bien le ministère de l'Agriculture que les associations professionnelles, regroupées au sein de la COMADER (Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural) sont unanimes sur un point : la récolte céréalière de cette année dépassera les 80 quintaux par hectare. Le temps est plutôt au beau fixe pour les professionnels qui disposent sur place de près de 100.000 m2 de surface d'exposition globale dont 60.000 m2 sont aménagés en stands. 600 exposants, venant d'une vingtaine de pays, ont confirmé leur présence au salon. «Une telle manifestation est désormais nécessaire pour moderniser l'agriculture, augmenter sa productivité, diversifier ses débouchés et renforcer l'intégration du produit sur le marché international, tout en faisant du label Maroc une valeur d'avenir sûre», soulignent les organisateurs, dans des propos relayés par l'agence MAP. Mais la quatrième édition de ce salon est surtout l'occasion de faire le point sur le Plan Vert, cette grande stratégie de mise à niveau agricole et de développement de ce secteur clé pour l'économie nationale, dont la précédente édition du SIAM a connu le lancement dans une cérémonie présidée par le souverain en personne. L'agriculture, premier employeur et pourvoyeur de richesses du pays, est plus que jamais au devant des politiques de développement socio-économique du Maroc. Un plan ambitieux pour lequel tous les moyens financiers et humains sont mis à contribution. Jugez par vous-mêmes. Dans la ligne de mire du gouvernement, l'attrait de pas moins de 150 milliards de DH d'investissements dans le secteur agricole d'ici à 2020. L'objectif n'est autre que de générer à terme un PIB de 100 milliards de DH par an. «Le plan a une double préoccupation, souligne une source interne au ministère de l'Agriculture. Il s'agit d'un côté d'assurer un rendement agricole à même d'atteindre les objectifs tracés initialement, et donc d'assurer une sécurité alimentaire pour les Marocains. Mais cette première préoccupation ne doit pas se faire sans une politique efficiente et efficace de protection des ressources naturelles des différentes régions du pays». Pour ce qui est des différentes filières concernées par ce Plan Vert, les objectifs sont également énormes : 4,12 millions de tonnes d'olives au lieu d'un million aujourd'hui, 3,7 millions de tonnes d'agrumes au lieu de 1,5 million et 10 millions de tonnes de maraîchage et fruits au lieu des 4,4 millions actuels. Le plan touchera 1,5 million d'agriculteurs, aussi bien dans la grande que la petite agriculture. Les professionnels peu convaincus Une année donc après son lancement officiel, le Plan Vert, très cher à Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, commence à se décliner de deux manières différentes : nationale et régionale. «Le Plan Vert définit les grandes orientations agricoles au niveau national», explique notre source. A cet effet, une réforme législative et institutionnelle a été entamée au niveau du département ministériel de tutelle. Ce dernier, qui emploie le plus grand nombre de fonctionnaires après le ministère de l'Education nationale, a initié une réforme de son organisation interne. «L'objectif est d'arriver à un niveau d'efficacité et de compétence à même de porter les directives du Plan Vert», précise ce haut responsable de l'Agriculture. A cette réorganisation interne s'ajoute la création de l'ADA (Agence de développement agricole) dont le premier conseil d'administration a été tenu la semaine dernière sous la présidence du Premier ministre Abbas El Fassi. Cette agence devra superviser l'application des mesures de la stratégie nationale. Mais, toujours selon le ministère de l'Agriculture, la particularité de cette stratégie est justement son ouverture sur les spécificités régionales. Il s'agit d'une politique de planification territoriale de mise en uvre des différentes mesures de ce plan. Cette politique prend en considération les potentialités naturelles et hydriques de chaque région et les décline en objectifs à atteindre. Cette mise en déclinaison passe par la conclusion de 16 plans agricoles régionaux. En tout, 1.500 projets seront réalisés dans les quatre coins du royaume. Ces plans ont d'ores et déjà été signés le 14 avril 2009 devant le souverain. Mais du côté des professionnels, représentés par la Comader, le pilotage et le lancement de cette stratégie nationale ne se sont pas faits sans critiques. «Nous n'avons en aucune manière été associés à l'élaboration de ce plan», souligne pour sa part Mohamed Yahi, vice-président de la confédération. Et d'ajouter que la seule réunion qu'ils ont eue avec le ministre de l'Agriculture s'est tenue il y a de cela plusieurs mois. «Comment voulez-vous que les agriculteurs et producteurs agricoles puissent s'imprégner de la philosophie de ce plan stratégique pour notre pays sans qu'ils ne soient au préalable associés à son élaboration ?», s'étonne-t-il.