Sur les 142 hôpitaux publics, plusieurs ne respectent pas la législation relative aux traitements des déchets médicaux et pharmaceutiques. Dans ce reportage, le constat inquiétant à l'Hôpital provincial de Berrechid. Au moment de la réalisation de cette enquête, nous avons été alertés par un article de nos confrères d'Al Ahdath Al Maghribia (édition du 9 septembre 2013) sur l'absence de traitement des déchets médicaux et pharmaceutiques (DMP) au sein de l'Hôpital provincial de Berrechid. Nous nous sommes rendus sur place pour interroger les responsables de cette structure sanitaire sur le sujet. La surprise n'a pas eu lieu. Des gants dans les couloirs Inauguré en 2008, cet hôpital tout neuf prend le relais de l'hôpital Errazi. Il compte 45 lits et 28 médecins dont 18 spécialistes. Il desserve toute la province de Berrchid, soit une population de 470 00 habitants. Sur place, le diagnostic ne diffère pas des autres structures hospitalières du royaume : Un service d'urgence débordé, des maternités fortement sollicitées et des plaintes des citoyens pour absence de médecins ou manque du personnel médical. Les citoyens nous racontent avec colère leur chemin de croix pour recevoir des soins au sein de cet établissement. «À quoi bon avoir un hôpital qui nous renvoie à chaque fois à Settat pour un accouchement ou tout autre acte ?», se demande un patient rencontré sur place. Jusque-là rien de bien «grave», ce sont les maux de l'hôpital marocain redit autrement. Il nous a fallu faire un tour dans le jardin de l'établissement pour découvrir le visage inquiétant de cet hôpital. Les déchets médicaux se mêlent aux déchets ménagers dans un même conteneur. À l'air libre, ces ordures infestent dans l'indifférence générale. À l'intérieur de l'hôpital, des masques et des gants de latex sont jetés de manière anarchique dans des coins de l'hôpital. L'article paru dans le quotidien Al Ahdath a alerté les responsables de cet établissement qui ont procédé à l'incinération des déchets médicaux au sein de l'hôpital. Acte illégal au vu de la nouvelle législation marocaine en la matière. Dans la bâtisse de l'hôpital psychiatrique Errazzi, nous faisons le même constat. Le conteneur de gestion des déchets ménagers contient aussi des déchets médicaux et toujours à l'air libre sans aucune couverture. Nous avons tenté d'avoir des explications de la part de la direction sur cette situation. Sauf que nous avons reçu un refus net de la part d'un responsable sur place qui a exigé une autorisation pour nous permettre de vérifier le processus de traitement des déchets médicaux. Il nous assure que l'hôpital dispose d'un contrat de sous-traitance des DMP en vigueur depuis avril dernier. Nous avons pris contact avec la délégation régionale de la santé à Berrechid qui nous a confirmé cette donnée. Dans la pratique, le tri et le traitement de ces déchets à risque est loin de respecter les normes.