Ancien joueur du Stade sportif sfaxien, Kamal Zouaghi sait depuis très longtemps que le football n'est pas un long fleuve tranquille. Aussi, en embrassant la carrière d'entraîneur, il savait pertinemment que les résultats dépendaient d'un certain nombre de critères : le travail, l'abnégation, la compétence et surtout la chance. En ce qui concerne ce dernier point, on ne peut pas dire qu'il ait été gâté. Malgré une très bonne préparation, son équipe est d'office pénalisée cette saison suite aux incidents regrettables qui se sont déroulés en dehors de l'aire de jeu. Et voilà le Kawkab obligé de jouer 6 matches à huis clos, dont 4 en dehors de Marrakech, de quoi décourager d'entrée un entraîneur qui, après avoir exercé en Tunisie, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis, à Oman, en est à sa première expérience avec le football marocain. Dixième au classement à 15 points du leader, les dirigeants du KACM n'avaient pas prévu un tel scénario. Mais rien n'est encore perdu comme l'explique le coach : «Tout le monde sait que nous sommes en train de former une jeune équipe, on va aborder la deuxième partie du championnat avec un autre état d' esprit dans l'espoir de gagner un maximum de points et solliciter, par la même occasion, un maximum de joueurs. Encore faut-il avoir un calendrier qui tienne la route afin de pouvoir solliciter plus d'effort de la part du groupe. On joue ce vendredi mais on ne sait pas quand est-ce qu'on joue la semaine d'après. Sur le plan professionnel et sur le plan scientifique, un entraîneur doit planifier son travail en fonction du jour du match, il doit savoir quand il doit forcer la dose pour permettre à ses joueurs de récupérer. Le rythme est très important et cela se répercute forcément sur les résultats». Se désignant lui-même comme un homme de projet plutôt que comme un homme d'objectif immédiat, Kamal Zouaghi veut à tout prix laisser son empreinte dans les annales du club marrakchi. «On peut signer tous les contrats du monde avec un club, mais si on dévie du chemin tracé au départ, rien ne peut empêcher un entraîneur de partir, ce qui n'est pas le cas avec le KACM. La confiance est totale et réciproque avec les dirigeants, nous préparons une équipe d'avenir. C'est un challenge pour tout le club bien sûr, mais c'est aussi un challenge personnel, je tiens à le réussir avec cette équipe, la première à ouvrir ses portes à un entraîneur tunisien». Kamal éprouve énormément de respect pour le football marocain et déplore que l'on ne mette pas à contribution les joueurs professionnels ayant représenté pendant de longues années le football maghrébin en Europe : «Je suis sûr que le football marocain gagnerait énormément en impliquant des gens comme Noureddine Naybet, Tahar Lakhlej, Krimou et bien d'autres encore. Leur expérience professionnelle n'a pas de prix». Il est vrai que l'apport de ces joueurs contribuerait à améliorer la qualité de notre football. En Tunisie, les joueurs pros qui ont raccroché les crampons ont été épaulés par des cadres avant d'occuper des postes de dirigeants, d'entraîneurs ou de formateurs. Leur expérience a d'ailleurs facilité au football tunisien l'amarrage au système professionnel. Un système qui commence à donner des résultats sur le continent et qui deviendra au fil des ans une marque de fabrique. Comme ce fut le cas dans l'Hexagone, les bons résultats en football ont valorisé les entraîneurs français partout dans le monde. Le football tunisien est sur la même voie. Kamal Zouaghi en est conscient. Il veut à tout prix réussir cette aventure avec le Kawkab Tant mieux pour les Marrakchis.