Portrait. Joueur légendaire, Aziz Bouderbala est venu au monde de football par un heureux hasard. Après une longue carrière en Europe, il compte rentrer au bercail dans les trois ans qui viennent. Pour ceux qui ne l'ont pas vu depuis bien longtemps, ou ceux qui n'ont pas eu l'occasion de le voir, Aziz Bouderbala est toujours égal à lui-même. Galant et serein, il est l'un des grands joueurs marocains de tous les temps ne rien avoir perdu de son style. De son sourire aussi. La dernière fois que l'on a eu signe de vie de lui était lorsqu'il a été sollicité par la FRMF pour rejoindre la direction technique nationale. « J'ai été rapproché par un haut responsable de la fédération pour occuper le poste d'adjoint du sélectionneur national, Humberto Cuelho. Il m'a demandé de lui envoyer mon CV. En fait, c'était beaucoup plus pour participer à la relance du football national. Mais, jusqu'à présent, je n'ai reçu aucune réponse ». Si Bouderbala, comme bien d'autres, ont été sollicités par la FRMF, ce n'est pas pour leurs beaux yeux, mais pour leurs expériences, leurs formations et, surtout, leurs passés glorieux. «Un jour, Cuelho leur avait dit, où sont vos ex ? », se rappelle Aziz, le seul Marocain à avoir remporté la fameuse coupe de Mohammed V. Celui qui s'est baladé dans les meilleures défenses du monde, n'a, désormais, plus que sa nostalgie pour éveiller son itinéraire brillant et incomparable. L'artiste, aussi bien balle au pied que luth en main, se rappelle de sa dernière saison professionnelle en 1995 avec le club suisse de Saint-Gall. « C'était ma dernière sortie avant que je mette fin à ma carrière avec mon club d'origine, le Wydad de Casablanca en 1997 ». De retour au Maroc, après plus de dix ans de professionnalisme, Bouderbala n'a pas eu la même cote que celle d'après 86, son plus beau souvenir d'ailleurs. Et pour cause : les mauvaises langues et les mémoires courtes. «On m'a traité de tous les noms. On disait que j'étais venu au WAC pour ramasser quelques sous et barrer la route aux jeunes. Alors que je me s'étais engagé avec le club comme un bénévolat », déclare ce dernier, sur un ton plein de désolation. Plus déçu que lors de l'élimination de l'équipe nationale de la CAN 92, il a complètement décroché avec ce milieu pauvre en vraies amitiés. «J'ai eu plusieurs offres, mais j'ai refusé», fait-il remarquer. Aujourd'hui, le finaliste de la coupe de France, avec le club de Matra Racing, poursuit des études en sciences islamiques. Un autre monde, une autre éducation. Education ! Bouderbala y tient énormément. Marié à une Suissesse et père de trois enfants, l'ex-joueur du FC Sion, club avec lequel il a disputé les quarts de finale de la coupe d'Europe, accorde une place particulière à l'éducation de sa progéniture. « Dans un milieu de plus en plus difficile, marqué par la montée en puissance de la délinquance, de l'extrêmisme, de l'exclusion, notamment après les attentats du 11 septembre, …prendre soin de ses enfants est devenu ma première préoccupation », explique Aziz. Celui qui a mis à genoux les coéquipiers de la star anglaise, Gleen Hoddle, compte bientôt rentrer au bercail. Ses perspectives : une carrière d'entraîneur. « J'espère que d'ici là, les structures et les mentalités vont changer. Je pense, qu'en instaurant le système des adhérents, on n'a fait que brûler les étapes. Il fallait mettre, au préalable, des critères de sélection » fait-t-il souligner. L'ancien joueur de l'Olympique de Lyon, 90-91 et 91-92, n'est pas seulement un sportif. Et cela tout le monde le sait. Mais rares sont ceux qui savent que Aziz avait embrassé la musique depuis son plus jeune âge. Il avait 10 ans quand il a touché pour la première fois le luth. « Je voulais être artiste. Le foot, pour moi, n'était qu'un simple accident. Quand j'étais à Paris, j'ai fait 6 mois de piano. Mais j'ai arrêté plus tard », se rappelle-t-il. Aussi, Bouderbala n'a jamais été un pur produit du WAC. Il a intégré directement la deuxième équipe des Rouge et Blanc. C'était en 1977. Un an après, il a été appelé en équipe nationale, dirigée à l'époque par un certain Ammari. Le talent, c'est quelque chose d'inné !