Par : Jamila Arif - Barack Obama est réputé pour être le président américain le plus cultivé et avide de littérature parmi tous les pensionnaires de la Maison Blanche. Cette aura de grand intellectuel est sûrement entretenue également par ses capacités de grand orateur. La majorité des discours qu'il a donnés sont archivés dans son site de campagne, et que l'on comprenne l'anglais ou pas, il est facile de constater le talent d'orateur de Barack Obama en regardant les vidéos de quelques-uns de ses discours les plus marquants. Aux Etats-Unis, la communauté des écrivains considère B. Obama comme l'un des leurs. Cela tient non seulement à ses propres livres, mais aussi à ses lectures. Elles sont plus celles d'un intellectuel que d'un politique. Et c'est pour cela que ses prescriptions littéraires valent de l'or. Il a suffi qu'il déclare au New York Times avoir trouvé « magnifique » Netherland, de Joseph O'Neil pour que ce foisonnant roman sur l'après 11 septembre devienne un best-seller. Et quand l'Amérique a appris que Marilynne Robinson l'auteur de Chez nous était l'un de ses auteurs de chevet, elle s'est jetée sur l'œuvre dès sa sortie. Barack Obama apprécie tout particulièrement le roman Moby Dick de l'auteur Herman Melville, l'essai Self Reliance du philosophe Ralph Waldo Emerson et les tragédies de William Shakespeare. L'amour du président pour les lettres est un véritable atout. Sa façon de partager avec le public ses passions a eu une influence positive sur son image en le rendant plus sympathique, ouvert et accessible. L'ancien sénateur de l'Illinois a déjà écrit plusieurs ouvrages. En mars 2008, il se confie dans une autobiographie intitulée Les rêves de mon père. Il raconte sincèrement son parcours, son enfance passée à Jakarta et décrit ouvertement ses victoires et défaites. Il évoque également la mort accidentelle de son père, qu'il n'avait pas vu depuis de nombreuses années. Cet ouvrage a eu un véritable succès. Plus récemment, en 2011, il a publié un livre pour enfants, Lettres à mes filles. Ce roman illustré rend hommage à 13 personnalités influentes des Etats-Unis et a été rédigé par l'homme politique avant sa prise de fonction présidentielle. Loin d'avoir écrit son dernier mot, il rédige à présent un ouvrage en collaboration avec l'écrivain américain, prix Nobel de la paix en 1986, Elie Wiesel. Les deux hommes se sont rencontrés en 2009 en Allemagne. L'ouvrage ne traitera pas de sujets politiques, l'écrivain de 84 ans déclare : « nous discutons de philosophie, de la contemplation mais jamais de politique ». Il n'est pas rare de voir Barack Obama un livre à la main, et jamais avec le même. L'écrivain et lecteur a influencé considérablement les ventes de livres. Peu de temps après son élection, en 2008, il a été photographié portant The Post American de Fareed Zakaria, où il détaille sa conviction qu'un ordre mondial est en cours d'émergence. Philip Roth, une autre figure emblématique de la littérature américaine moderne, compte parmi les auteurs préférés d'Obama. Parmi les romans modernes, Freedom, de Jonathan Franzen a été l'un de ses coups de cœur. L'auteur y décrit une fresque familiale, portrait d'une Amérique contemporaine. Dans sa jeunesse, Obama collectionnait les comics Spiderman ainsi que Conan le barbare. Et il a lu tous les Harry Potter à ses filles. Le commandant en chef des armées aime aussi les romans d'espionnage et ne boude pas un bon John le Carré, comme par exemple Un traître à notre goût. Quant à l'art oratoire « style obamien », il confirme le grand retour de l'éloquence à la Maison Blanche. L'arsenal rhétorique d'Obama – caractérisé de plus par des qualités comme l'élégance, la voix et la gestuelle, décisives à l'action de l'orateur – a de quoi impressionner. On retrouve plus ou moins les mêmes caractéristiques dans tous ses grands discours, depuis la convention démocrate de 2004 dont la richesse fait du 44e président des Etats-Unis un « nouveau Cicéron », comme l'a qualifie Charlotte Higgins de The Guardian.