Autorisés à rouvrir leurs portes , les hammams restent désertés. L'affluence n'est pas à son apogée, contre toute attente. Explications du président de la fédération nationale des associations des propriétaires des hammams traditionnels et douches au Maroc, Rabie Ouaacha. A Casablanca comme dans d'autres villes, les marocains ont appelé depuis de long mois à la réouverture des hammams. Finalement, les autorités ont autorisé il y a quelques jours la reprise des activités dans le secteur à condition que les mesures préventives et sanitaires y soient strictement respectées notamment l'utilisation du gel hydroalcoolique, le respect de la distanciation physique et la réduction de la capacité d'accueil à 50%. La décision a été bien accueillie. Mais hormis la première semaine où l'affluence était à son apogée, les lieux sont quasiment déserts aujourd'hui. Et pour cause! «la réduction de la capacité et la fermeture des lieux à 20 heures sont les raisons principales de cette situation », explique le président de la fédération nationale des associations des propriétaires des hammams traditionnels et douches au Maroc, Rabie Ouaacha. Aussi, «nous avons raté la saison hivernale où la fréquentation augmente. Malgré cela, nous nous attendions à une bonne affluence et nous avions même peur de la réouverture. Il n'en est rien. On enregistre peu de fréquentation et économiquement, ça ne marche pas », regrette Rabie Ouaacha qui note une baisse de 70% du chiffre d'affaire pour les opérateurs en comparaison avec la même période de 2019. Augmentation des prix Autre raison invoquée par certains citoyens : l'augmentation du tarif d'accès au hammam. Rabie Ouaacha réfute cette hypothèse. Il ne nie pas que certains professionnels ont opté pour une révision à la hausse de leurs tarifs, mais tient à souligner que ce n'est pas le cas de tous les opérateurs et que l''augmentation ne dépasse pas les 3DH. «Les marocains voyageaient avant, pour aller au hammam. Maintenant que nous sommes ouverts dans toutes les villes, ils reprochent aux opérateurs d'augmenter les prix de 2 ou 3DH ? Nous sommes fermés depuis un an. Et cette différence de prix ne va pas compenser les pertes subies par les professionnels du secteur. Il faut considérer cette somme comme un moyen de soutien ou de solidarité avec des gens qui n'ont pas travaillé depuis une longue période et n'avaient aucune source de revenus », justifie Ouaacha qui ajoute que «ce n'est pas 2DH qui va freiner un marocain à partir à un hammam qu'il fréquente une fois par semaine ou même deux semaines. Alors qu'il paie quotidiennement le triple pour boire un café ». Des faillites en cascade Avec la baisse de fréquentation, les pertes subies et les difficultés rencontrées lors du redémarrage, le président de la fédération nationale des associations des propriétaires des hammams traditionnels et douches au Maroc parle d'une année noire pour le secteur. «Nous agonisons aujourd'hui. Et on ne sait pas comment on pourra s'en sortir. Beaucoup ont jeté l'éponge. Ceux qui résistent sont sommés par la décision de l'obligation de paiement des impôts sur la base des résultats de 2019. On veut qu'on paie des impôts sur les pertes. C'est aberrant. Et cela nous poussera à mettre la clé sous la porte », alerte t-il.