Baisse drastique du pouvoir d'achat, hausse des prix de certains produits alimentaires, pertes d'emplois et de revenus...les marocains sont touchés de plein fouet par les effets de la pandémie. Avis des économistes. «Il y a un véritable risque de crise sociale », alerte l'économiste Mohamed Rahj. Même son de cloche du président du centre indépendant des analyses stratégiques Driss Effina qui prévient que « tous les indicateurs d'une crise sociale sont là et se forment progressivement ». Baisse drastique du pouvoir d'achat En général, Effina note une baisse généralisée du pouvoir d'achat due à plusieurs facteurs. «Dans un ménage, il y a généralement une solidarité en cas d'une perte d'emploi qui se fait au détriment du pouvoir d'achat. Le demi million d'emplois perdus sont pris en charge par leurs familles, d'où une baisse généralisée du pouvoir d'achat et donc une chute drastique de la consommation », explique Effina qui ajoute qu'en 2020, cette baisse est ressentie à travers la chute de la demande du ciment, des crédits d'équipement (-3% après +5,7%), de la consommation(-4,2% après +4,6%), ... «Nous sommes donc devant une baisse du pouvoir d'achat due à la baisse du taux d'emploi généralisé au Maroc sans parler des jeunes diplômés en 2020 qui peinent à trouver de l'emploi actuellement ». Chute de la consommation En face, les prix de certains produits alimentaires sont en hausse. Dans sa note d'information du mois de janvier 2021, le HCP indique que l'indice des prix à la consommation (IPC) a connu, une hausse de 0,1% par rapport au mois précédent. Les hausses des produits alimentaires observées entre décembre 2020 et janvier 2021 concernent principalement les "Poissons et fruits de mer" avec 2,1%, les "Huiles et graisses" avec 1,5% et les "Eaux minérales, boissons rafraichissantes, jus de fruits et de légume" avec 0,3%, relève le HCP, Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des «Tabacs» avec 2,3% et des «Carburants» avec 2,5%. A la veille du ramadan, une baisse du pouvoir d'achat couplée à une hausse de prix de certains produits alimentaires ne pourrait qu'aggraver la situation. « Certainement la couche sociale moyenne et inférieure vont subir de plein fouet les conséquences de cette crise, ils seront pénalisés et verront leur consommation baisser de manière volontariste. Ramadan prochain risque donc d'être pire que l'année dernière avec des effets sur la consommation des ménages », prévoit Effina. Agir en urgence ! Pour Mohamed Rajh, il faut aujourd'hui agir vite et relancer la demande via tous les moyens possibles quitte à recourir au budget de l'Etat. Comment ? «L'Etat doit verser des aides aux ménages qui n'ont plus de ressources et sont toujours dans le besoin. Aussi, tant que covid est là, il faut soit alimenter le fonds covid-19 ou souscrire un emprunt national avec des titres qui ne dépassent pas 100 DH pour que tous les marocains souscrivent en fonction de leurs moyens comme cela a été le cas en 1976 quand le Maroc avait souscrit des emprunts pour acheter l'armement et défendre la question du Sahara et donc les marocains ont été appelés à contribuer au financement », préconise Rahj qui insiste que l'heure est grave. Et qu'il faudra absolument sauver la santé des marocains et leur pouvoir d'achat. De son côté Driss Effina appelle le gouvernement à activer et mettre en œuvre le plan de relance prévu par le Roi sans trop tarder. En parallèle, «il faut relancer l'économie à travers des activités à effet interne qui ne vont pas impacter la balance commerciale du pays comme l'agroalimentaire, le tourisme interne, l'artisanat... », conclut-il.