Le procès de Nadia Yassine, membre du mouvement non reconnu Al Adl Wal Ihssan (Justice et Bienfaisance), poursuivie pour "atteinte aux institutions sacrées du Royaume" vient d'être reporté au 26 février. C'est en tout cas ce qu'a décidé le tribunal de première instance de Rabat jeudi 04 septembre. Le procès de la fille du vieux cheikh Yacine a commencé le 28 juin 2005 et tout semble confirmer que quelqu'un n'a pas envie que cela aille plus loin. Or, l'accusation n'est pas douce surtout dans un pays comme le Maroc. Nadia est accusée d' « atteinte aux institutions sacrées du Royaume » dans des propos qu'elle avait tenus lors d'une interview publiée par l'hebdomadaire "Al Ousbouiîya Al Jadida" dans son édition du 2 juin 2005. Le report du procès a été décidé par la Cour pour convoquer de nouveau Nadia Yassine, absente lors de l'audience. Et pourquoi est-elle absente ? C'est là la question. Les journalistes qui ont réalisé l'entretien sont également poursuivis dans cette affaire en vertu des articles 41, 67 et 68 du Code de la presse et de l'édition. Eux aussi étaient absents lors de cette séance et seront également convoqués de nouveau par le tribunal. Mais ils ont bien sûr le temps. La fille du cheikh qui continue à s'activer sur la scène politique bien que son mouvement ne soit pas autorisé à le faire, a à plusieurs reprises critiqué la monarchie marocaine et soutenu qu'elle ne convient pas au Maroc. En fait, les délis sont nombreux par rapport à la loi. Premièrement, le mouvement de son père au nom duquel elle est invitée à se prononcer (Al Adl Walihssane) est une association. Or la loi interdit aux associations de s'occuper de politique. En plus, cette association n'a pas eu l'autorisation d'exister en tant que telle. Et pourtant, le mouvement est présent politiquement. Ce qui veut dire qu'on l'a toléré. Et qu'on le tolère contre d'où aussi des doutes sur l'intégrité des promoteurs de l'association. Qui feraient partie intégrante d'un jeu politique mené par le pouvoir. Par ailleurs, le fait de s'attaquer aux valeurs sacrées du royaume (monarchie, intégrité territoriale et religion musulmane) tombe sous le coup de la loi. C'est pourquoi plusieurs personnes se sont demandées pourquoi le procès a tellement traîné alors qu'on a vu des condamnations rapides pour offense aux institutions sacrées, à travers le pays. L'Etat a-t-il peur des islamistes ? Ce qui rend les choses plus compliquée c'est que le Roi lui-même avait renoncé à ses droits de poursuite contre des publications qui avaient été plus que critiques envers la monarchie. En tout cas, on attendra février 2008.