L'année 2020 a été dure pour le secteur privé. De nombreuses actions pour soutenir le tissu productif ont été mises en place. Mais, le patronat veut plus pour un retour à la normale lors du deuxième semestre 2021. « 2020 a été sportive, compliquée mais pleine de challenges pour nous tous », lance d'emblée le président de la CGEM, Chakib Alj lors du point de presse dédié à la présentation du bilan de l'année 2020 et les priorités 2021. «Tout au long de cette année, la CGEM n'a ménagé aucun effort pour porter haut et fort la voix des entreprises, notamment les TPME, et les accompagner, de manière concrète, proactive et agile dans la gestion de la crise. Que ce soit au sein du CVE national et des CVE régionaux, en définissant un plan de relance cohérent et intégré, que ce soit dans le cadre de l'élaboration des Lois de Finances rectificative et celle de 2021 et à travers ses multiples actions d'accompagnement des entreprises déployées par ses CGEM Régions, Fédérations et Commissions, notre Confédération a été sur tous les fronts », ajoute le patron des patrons. L'un des événements qui ont marqué 2020 : la signature de 7 Contrats-Programme au profit des secteurs en grande difficulté au-delà de juin 2020. En effet, comme le souligne le vice président général de la CGEM, Mehdi Tazi, la crise a été dure, comme l'indiquaient déjà les premières prévisions de mai 2020 avec un manque à gagner de 100 milliards de valeur ajoutée pour l'économie durant l'année dernière et l'année en cours (hors agriculture). Il ajoute aussi que les entreprises ont subi de plein fouet la récession. 16% des entreprises sont en arrêt définitif ou temporaire à fin 2020. Au terme du deuxième semestre 2020, les résultats de l'enquête de la CGEM, révèlent que 83.7% des entreprises ont déclaré avoir maintenu leurs activités, 8.1% des entreprises sont toujours en arrêt temporaire et 6% ont dû arrêter temporairement leur activité après une reprise et 2.2% ont déclaré avoir cessé leurs activités de manière définitive. Autres indicateurs phares : le patronat estime qu'à fin 2020, près de 38% des entreprises ont réduit leurs effectifs employés, près de la moitié des entreprises sont en difficulté de trésorerie et une autre moitié craignent un risque d'insolvabilité. Sur le volet financement, la CGEM note que l'endettement s'accentue et les créances en souffrance sont en hausse. Des actions plus fortes Ainsi, de l'avis du patronat, la relance requiert des actions plus fortes avec une exécution plus rapide, fondées sur un nouveau contrat de confiance public-privé. Concrètement la CGEM déplore la lenteur observée depuis septembre 2020 dans la mise en oeuvre des mesures de soutien pour les secteurs encore à l'arrêt , ce qui a compliqué inutilement la survie pour les entreprises concernées avec une fermeture administrative décidée en raison de la situation sanitaire, mais non accompagnée de mesures de soutien pour les entreprises subissant ces mesures (ex. restaurateurs). Autre constat relevé, l'absence de concertation sur des questions structurantes, la faiblesse voire même absence d'implication du secteur privé dans la réflexion de construction et de mise en place de certaines mesures de relance structurantes telles que le Fonds Mohammed VI pour l'investissement et la généralisation de la couverture sociale , d'où « la nécessité de renforcer davantage la méthode de travail Public-Privé basée sur la co-construction et sur la concertation », souligne Mehdi Tazi. Dans le cadre de la plateforme CGEM-Gouvernement, «un travail a été entamé depuis le dernier trimestre 2020, sur plusieurs chantiers qui amélioreraient notre environnement des affaires. Nous avons pu réaliser des avancées de taille en un temps record, à savoir, la quasi-finalisation de la charte de l'investissement, un alignement sur la définition de la TPME, l'assouplissement des conditions d'octroi de l'IPE. La plateforme CGEM-Gouvernement se réunira prochainement pour acter ces avancées », affirme Chakib Alj avant d'ajouter « nous souhaitons que notre méthode de travail avec l'Etat soit renforcée davantage pour plus de concertation, de co-construction et d'action. Nous devons avancer plus fort, plus vite et avec plus d'efficacité. Priorités ambitieuses Pour cette année 2021, la CGEM se fixe six priorités : l'appui de l'entreprise par l'opérationnalisation de la stratégie des fonds propres, l'amélioration de l'accès aux coûts des facteurs de production de l'entreprise, l'opération d'un choc de simplification en faveur du développement économique, la promotion du Made In Morocco et le soutien par la préférence nationale. Aussi, la CGEM compte favoriser l'emploi et la reconversion pour une meilleure employabilité et table que un engagement national pour intégrer le petit informel et éradiquer le grand informel. Dans le détail, la CGEM veut mettre en place un fonds pour la reconstitution des fonds propres , un fonds généraliste de prêt participatif avec une distribution par le réseau bancaire. «Certes une politique de soutien aux entreprises innovante et décisive : dette via des crédits garantis par la CCG. Mais, il y a risque de surendettement qui va fragiliser la capacité des entreprises à se développer dans le futur », prévient Mehdi Tazi avant d'ajouter «qu'une injection massive et rapide de (quasi-)fonds propres est nécessaire, non-adressable par les solutions classiques ». En outre, pour optimiser les coûts des facteurs de production de l'entreprise, la CGEM note qu'il faut finaliser la nouvelle stratégie relative à l'énergie, accélérer l'adoption de la Loi sur l'autoproduction et l'ouverture de la moyenne tension à La loi 13-09 et prioriser l'investissement privé dans le secteur de l'énergie verte. Dans la logistique, elle souligne qu'il est primordial d'accélérer la mise en place des zones logistiques et définir une zone par région, mettre en place un plan de digitalisation du secteur de la logistique...sur le volet emploi, les priorités de la CGEM versent dans le sens de la promulgation de la loi sur le Droit de grève, l'amendement du code du Travail sur la base de plus de Flexibilité, la proposition d'un projet de loi pour légiférer le recours au télétravail tout en assurant le suivi des chantiers de protection et dialogue social. Concernant le made in Morocco, la CGEM a pour objectifs la création et promotion d'un label « Made In Morocco », l'allocation budgétaire aux achats locaux ou régionaux dans toutes les communes marocaines, l'inclusion des EEP dans le décret d'application relatif aux marchés publics n°2-12-349, l'adoption d'une TVA différenciée et avantageuse pour les entreprises labellisées, la refonte en profondeur des règles d'octroi des marchés publics dans une optique d'amélioration de la qualité de l'investissement de l'Etat...Pour une meilleure employabilité, le patronat veut élargir la mesure de l'exonération de l'IR, non pas qu'aux primo-employés mais aussi aux employés ayant moins de trois ans d'expérience, conditionner l'IPE à la formation de reconversion en assouplissant les conditions d'accès à l'IPE, agir sur la formation professionnelle initiale avec le développement d'un système de planification basé sur la demande et non par l'offre de formation, ... « Nous militons pour que la formation continue soit plus simple et accessible aux entreprises et qu'elle profite au plus grand nombre de TPME », commente Chakib Alj.