L'Algérie redevient une poudrière dont les dirigeants sont en train d'accélérer l'explosion. De rares voix crient leur colère dans le pays pour sonner l'alerte, mais la gérontocratie régnante a d'autres priorités. Youcef Aouchiche, 38 ans, est le secrétaire général du Front des Forces Socialistes (FFS) depuis le 16 juillet de l'année dernière. Ce jeune algérien qui dirige le plus vieux parti de l'opposition est l'exception qui confirme la règle gérontocratique qui mène, selon le lui, son pays vers la dérive. Il faut deviner le jeune homme, debout, face aux trois hommes qui constituent, officiellement, le sommet du pouvoir algérien : le président grabataire, Abdelmajid Tebboune qui a 75 ans, le chef d'état-major, Saïd Chengriha, qui en a 77 ans et le président par intérim du Sénat (Conseil de le nation) Salah Goudjil, qui vient de boucler ses 91 ans le 14 janvier dernier. Il faut aussi essayer d'imaginer le jeune gauchiste en train de crier à la face de ces trois « morts-vivants », comme les surnomment les jeunes algériens, ce qu'il avait crié, le 23 janvier, lors d'une réunion tenue par son partie à Alger. « L'entêtement du pouvoir » algérien, dont « le seul souci est de maintenir le système à imposer ses choix et ses fausses solutions à chaque phase décisive de la vie du pays », risque de mener le pays vers une vraie crise multidimensionnelle, a martelé, ce jour-là, Youcef Aouchiche. Pour être plus clair, le jeune opposant a mis l'accent sur la crise politique qui paralyse le pays, la crise économique qui paupérise encore plus les Algériens et la crise sociale qui transforme l'Algérie en véritable poudrière. Il en conclut qu'il ne servira à rien d'organisation des élections dans un climat politique malsain. Il rejoint ainsi tous les partis, qui osent encore hausser le ton et qui réclament, comme le FFS, la libération de tous les détenus politiques et d'opinion, l'ouverture des champs politique et médiatique et la suspension de toutes les lois et procédures qui ont facilité le bradage et la dilapidation des richesses nationales. Il suffit de lire ce que postent des Algériennes et des Algériens sur les réseaux sociaux pour se rendre compte qu'Aouchiche n'a fait que crier à visage découvert, ce que l'écrasante majorité de ses concitoyens « murmurent » dans l'anonymat, de peur des représailles du « système ». La gérontocratie prend des galons Le « Système » que ne cesse de dénoncer les Algériens est, aujourd'hui, difficilement identifiable avec un président passant plus de temps en Allemagne pour se soigner qu'au palais d'El Mouradia, un général-président Chengriha qui ose mettre à la retraite le général sexagénaire Mohamed Bouzit, pour le remplacer par le « jeune » général, Noureddine Mekri, 75 ans. En continuant à démembrer ainsi les services de renseignements algériens, Chengriha transforme le « Système » en «Non- Système » et envoie son pays vers l'inconnu. Pourtant l'heure est grave, les ressources financières du pays s'amenuisent, le chômage atteint un niveau record surtout dans les rangs des jeunes, les patrons mettent la clé sous le paillasson les uns après les autres et les Algériens éprouvent des difficultés à trouver même du lait sur le marché. Dans cette sinistre atmosphère, la seule priorité du général-président Chengriha est le Maroc. Voisin qu'il tente de combattre par des « Fake News » en utilisant des « polisariens » dans le seul objectif de détourner l'attention des Algériens de leurs profonds problèmes socio-économiques. Sauf que de telles méthodes débiles ne marchent plus à l'ère d'internet à haut débit. C'est ce qui rappellent d'ailleurs certains influenceurs algériens qui tentent de réorienter leurs dirigeants vers le sens de l'Histoire. Ils soulignent notamment l'importance de la démocratisation, la nécessité du rajeunissement des élites et également l'importance de la construction du Maghreb comme nouvel espace de paix et de prospérité. Ces voix de la raison sont inaudibles au milieu du ras-le-bol général que couve l'Algérie et que cache, pour le moment, le voile du coronavirus. Mais pour combien de temps ? LIRE LE DOSSIER INTEGRAL POUVOIR D'ALGER : LES ALGERIENS MERITENT MIEUX