Le Fonds monétaire international (FMI), qui vient de conclure les consultations au titre de l'article IV avec la Tunisie, a salué «l'excellente performance économique» tunisienne en 2007. Selon un communiqué publié après examen du rapport préparé par la mission de ce fonds qui a séjourné à Tunis du 27 mai au 9 juin, «La bonne gestion de l'économie et la politique sociale continuent de porter leurs fruits, notamment à travers une accélération de la croissance, une amélioration des indicateurs sociaux et la préservation des grands équilibres macroéconomiques». Le rapport a néanmoins indiqué que la conjoncture pourrait s'avérer plus difficile en 2008, et que la flambée des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers représentait «un défi principal» à l'économie. Le FMI publiera son rapport final sur l'économie tunisienne au mois d'Août, à partir des conclusions de l'équipe qui a effectué les consultations. Néanmoins, la délégation a d'ores et déjà loué la stratégie économique du gouvernement. L'activité bancaire a connu une embellie grâce à une baisse du volume des prêts non productifs, qui ont été ramenés de 19,3% à 17,3%, et une augmentation du taux de provisionnement pour créances douteuses de 49,2% en 2006 à 53,8% en 2007. Les recettes de la privatisation ont permis de ramener la dette publique de 53,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2006 à 50,9% en 2007, tandis que le niveau des réserves en devises étrangères a atteint plus de 8,5 milliards de dollars. La délégation a noté que le déficit du compte courant s'était creusé, passant de 2% du PIB en 2006 à 2,6% en 2007, dû essentiellement à une dégradation des termes de l'échange. Il a toutefois été amplement financé par les investissements directs étrangers (IDE), et notamment l'affluence des investissements provenant des pays du Golfe dans le secteur de l'immobilier. Le FMI a néanmoins souligné qu'il était souhaitable d'« intégrer rapidement » ces mégaprojets provenant des IDE dans le cadre macroéconomique à moyen terme, « pour pouvoir mieux gérer leur impact et maîtriser les risques potentiels ». Toutefois, il convient également de souligner que l'un des points forts de l'économie tunisienne au cours des deux dernières décennies repose sur la poursuite de mesures drastiques pour lutter contre l'inflation. L'injection de milliards de dollars d'investissements provenant des pays du Golf risque d'entraîner une montée de l'inflation et d'engendrer par là même l'un des risques contre lesquels le FMI a mis en garde. En ce qui concerne l'avenir, la délégation estime qu'un resserrement fiscal pourrait être nécessaire au cours des prochains mois. S'agissant de la politique monétaire poursuivie par la Banque centrale de Tunisie (BCT), le rapport dresse un bilan positif, mais semble inviter la BCT à augmenter ses taux d'intérêt pour contenir l'inflation. Au cours de l'année écoulée, la BCT a réagi à l'excès de liquidités dans les banques en portant son coefficient de réserves obligatoires à hauteur de 7,5% - la manipulation des réserves obligatoires est une mesure indirecte qui a le mérite de pas avoir de répercussions externes sur la monnaie. Le communiqué suggère par ailleurs que « la politique monétaire devrait aussi s'appuyer sur une politique de change plus flexible », sous-entendant la préférence du FMI pour un dinar tunisien totalement convertible, de manière à faire du taux directeur le principal instrument monétaire. L'objectif premier du FMI pour les mois à venir tourne autour de l'impact de la flambée des prix internationaux sur le budget national. Relevant que le montant des subventions s'élève actuellement à 7,1% du PIB, la délégation encourage le gouvernement à poursuivre sa refonte du système des compensations. Le déficit budgétaire pourrait être maintenu dans la limite de 3% du PIB, tandis que le déficit du compte courant devrait s'approcher des 3-3,5%. La délégation a toutefois exhorté le gouvernement à garder la juste mesure entre le besoin de maintenir le pouvoir d'achat des Tunisiens et de préserver la viabilité des finances publiques à long terme - surtout face à la montée continue du chômage. Dans l'ensemble, le FMI décrit les perspectives économiques de la Tunisie comme « encourageantes ». La croissance demeure « relativement forte » mais accuse un glissement annuel, passant de 6,3% l'année dernière à 5,5%. L'inflation devrait se situer aux alentours de 5%, contre 3,1% l'année dernière, compte tenu du renchérissement des prix à l'importation qui se transmettent à l'indice des prix à la consommation. Le gouvernement décroche une bonne note pour son engagement en faveur de la libéralisation de ses échanges commerciaux - notamment suite à l'entrée du pays dans la zone de libre-échange avec les pays de l'Union européenne cette année et aux efforts initiés par le gouvernement visant à promouvoir l'intégration régionale. Ce rapport préliminaire indique que le rapport final, prévu pour Août, ne fera que confirmer le rang de la Tunisie comme doyen du FMI en Afrique du Nord.