A 16 jours d'affronter la Tunisie en Coupe d'Afrique des nations, Eric Gerets est revenu dans cet entretien accordé au Matin sur les circonstances de la constitution de sa liste des 23, sur la nature de la préparation que l'équipe nationale effectuera à Marbella au sud de l'Espagne et sur les chances du Maroc dans cette compétition. Conscient des grandes qualités de son équipe, le «lion de Rekem» assure ne rien craindre au Gabon, sauf bien évidemment les blessures. Le Matin : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au moment de la constitution de la liste des 23 joueurs qui feront le voyage au Gabon ? Eric Gerets : Tout d'abord, je ne voulais pas laisser tomber des joueurs qui m'ont donné satisfaction lors des phases des éliminatoires et qui ont participé activement à la qualification de l'équipe nationale aux phases finales de la Coupe d'Afrique. D'un autre côté, j'ai pris des joueurs qui méritent d'être dans le noyau de l'équipe pour avoir un équilibre au sein du groupe. Pourquoi avez-vous publié la liste définitive des 23, sachant que vous pouvez apporter en stage à Marbella une liste élargie et ensuite la réduire en fonction du rendement des uns et des autres ? On avait cette liste des présélectionnés, mais on ne l'avait pas publiée. Le fait d'avoir pris dès le départ 23 est dicté par le souci de clarté vis-à-vis des joueurs et vis-à-vis du public. Ce que je ne voulais pas, c'est renvoyer sept joueurs à la maison en fin de stage. Ça aurait été très difficile humainement. Je voulais aussi que mes joueurs ne ressentent aucun déchirement, c'est pour cela que j'ai été très clair avec eux et avec le public en optant pour la liste des 23 dès le départ. Que craignez-vous le plus dans cette Coupe d'Afrique ? Je ne crains rien. Je suis optimiste. J'ai confiance dans mes joueurs qui vont donner le meilleur d'eux-mêmes. La seule chose que je redoute, c'est d'avoir trop de blessures puisque ce sont des paramètres qu'on ne maîtrise pas. Mais pour la compétition, je ne crains rien. Le Maroc est-il en mesure de remporter la CAN, sachant que plusieurs de vos joueurs manquent de compétition ? Incontestablement, le souci de chaque entraîneur c'est d'aligner des joueurs qui manquent de compétition. C'est pour cela que j'ai laissé Marouane Chamakh deux jours de plus en Angleterre puisqu'on m'a promis qu'il va jouer. Ça va lui permettre d'avoir un peu de compétition dans les jambes. Le reste du groupe évidemment on va essayer lors du stage de lui programmer des séances d'entraînement adaptées en fonction du temps de jeu de chacun. Est-ce que vous pensez qu'on peut remporter le titre ? Je crois que si les joueurs parviennent à avoir leur meilleur niveau, bien sûr qu'on a une chance de le gagner. Il y a beaucoup d'équipes qui ont la même ambition que nous et qui sont favoris comme nous. C'est mieux d'être favori parce que ça veut dire qu'il y a du respect pour l'équipe du Maroc. J'ai bon espoir qu'on peut aller très loin L'équipe du Maroc a toujours souffert de l'humidité trop élevé, qu'allez-vous faire pour préserver la fraîcheur physique de vos joueurs durant le tournoi ? Je crois que l'humidité est un problème pour toutes les équipes et non pas seulement pour le Maroc. Je crois qu'avec l'atmosphère et la mentalité qui règnent au sein de l'équipe, les moyens mis par la Fédération à notre disposition pour faire une bonne préparation, le cuisinier qui va nous accompagner sur place et le travail qu'effectue le préparateur physique depuis deux mois, on surmontera ce problème d'humidité. Le seul problème : ce sont les joueurs qui manquent de rythme et qui peuvent très vite contracter des blessures. C'est pour cela qu'on va soigneusement effectuer une bonne préparation physique afin que nos joueurs arrivent au top de leur condition physique à la CAN. Dans un entretien accordé au journal allemand Bild, Mohamed Amsif dit vouloir rester avec son club et donc ne pas participer à la CAN, est-ce qu'il vous a mis au courant de sa décision ? Si le joueur doutait, il m'aurait téléphoné. Amsif avait des larmes aux yeux quand je l'avais sélectionné pour la première fois lors du tournoi LG Cup. Il ne faut pas toujours croire ce qu'on publie à Blid parce que parfois on dit juste la demi-vérité. S'il y avait un problème avec Amsif, il m'aurait téléphoné tout de suite. Le tournoi LG Cup disputé en novembre dernier à Marrakech a montré le genre de matchs auxquels la sélection doit s'attendre. Au regard des résultats de ces deux rencontres, avez-vous réduit vos objectifs à la baisse ? Non pas du tout. Vous savez, on apprend plus d'une défaite que d'une victoire. Les deux matches que nous avons joués ont permis à mes joueurs de revenir sur terre et de se remettre en question. Si on analyse les deux matches, je pense que l'Ouganda avait un seul tir au but. Lors du 2e match contre une belle équipe du Cameroun, on a contrôlé la partie pendant 60 minute. Sauf lors des 10 dernières minutes où les Camerounais avaient pris le dessus. Et cela prouve qu'on doit encore travailler plus pour ne pas tomber dans ces erreurs. Dans ce genre du match, il ne faut jamais avoir des passages à vide au risque d'être sanctionné immédiatement. L'équipe nationale crée souvent trop d'occasions, mais nos attaquants manquent un peu d'agressivité devant le but et du coup ils n'arrivent pas à concrétiser les occasions. Qu'allez-vous faire pour résoudre ce problème d'inefficacité offensive ? Je ne crois pas que mes attaquants manquent d'agressivité. On ne peut pas dire que Chamakh est quelqu'un qui manque d'agressivité dans la surface des 18 mètres. On ne peut pas dire que Hadji ne va pas au charbon ni même El Arabi. Ce qu'ils n'ont pas montré, c'est le fait qu'ils ne sont pas des finisseurs et des tueurs. Mais je ne me fais pas de souci. Si on se crée 5 ou 6 occasions, on mettra certainement une ou deux au fond des filets. L'important c'est de créer les occasions. Pourquoi avez-vous sélectionné Ahmed Kantari qui revient à peine de blessure, sachant que même s'il est prêt physiquement, il pourrait ne pas l'être psychiquement puisqu'il a été gravement blessé ? Peut-être pour un autre joueur, mais pas pour Kantari. J'ai eu beaucoup de contacts avec lui pendant sa rééducation. Il m'a dit : «Coach, je sais que vous êtes un homme honnête, si je sens que je suis prêt à seulement 99%, je vous demanderais de ne pas me sélectionner». C'est un garçon honnête qui estime revenir à son top niveau et qui a repris la compétition. En sélectionnant Kantari, est-ce que vous voulez reconstituer la charnière centrale Benatia-Kantari au lieu de Benatia-El Kaoutari ? Je vais voir la forme de chacun pendant le stage. Ni Kaouari ni Kantari ne m'ont jamais déçu. Benatia reste un monstre indéboulonnable. Pour les deux autres, ils sont à 50-50. Et c'est celui qui se montrera le plus performant pendant le stage qui sera aligné avec Benatia. Est-ce que la Fédération a tranché sur le lieu de résidence de l'équipe nationale à Libreville, sachant qu'il y a encore quelques jours, celle-ci hésitait entre une cité proposée par la CAF et l'hôtel Laico ? Le problème est effectivement réglé et l'équipe nationale prendra ses quartiers à l'hôtel Laico. Y aura-t-il un bouleversement dans votre 11 de départ par rapport à celui qui a l'habitude de commencer les matchs pendant les éliminatoires ? En défense, j'ai encore une hésitation sur le côté gauche. Je trancherai lors du stage entre El Kaddouri et El Kaoutari. Dans l'entre-jeu, je vais également voir ceux qui vont commencer puisque j'ai quatre candidats pour deux postes. En attaque, même si Amrabet a fait une forte impression lors du tournoi LG, ça ne l'assure pas de débuter les matches. Je suis dans une position de luxe en attaque. Beaucoup d'autres entraîneurs de sélections aimeraient avoir la qualité de l'attaque que j'ai en équipe nationale. Quelles sont les nouvelles de la santé d'Oussama Essaidi ? Elles sont bonnes. Dernièrement, il a eu un peu mal au dos, mais son état n'inspire aucune inquiétude. Comment vos joueurs appréhendent-ils cette Coupe d'Afrique ? J'ai senti chez eux une grande envie de jouer cette CAN-2012 et d'être ensemble, c'est déjà un point positif. Et ça prouve qu'il y a une bonne ambiance au sein de l'équipe nationale. Les joueurs veulent aussi aller le plus loin possible dans la compétition. Quel regard portez-vous sur les trois adversaires du Maroc ? Le plus important pour nous est de gagner le premier match ; comme ça, on évacuera un peu de pression. On joue contre une bonne équipe qu'il faut respecter, sachant qu'il faut analyser l'adversaire. Je ne veux pas changer de tactique par rapport à nos adversaires, mais je veux surtout qu'eux changent la leur en fonction de notre manière de jouer. J'ai confiance non seulement en mes joueurs mais aussi en notre système de jeu. Pourquoi avez-vous programmé un seul match amical contre Grasshopper ? On aurait pu en faire deux. On a hésité trop longtemps, mais au final on a décidé de disputer un seul match et en contrepartie faire un travail spécifique lors de la concentration avec chaque joueur. Vous allez axer votre préparation sur quoi exactement ? Didier Farrugia va faire un planning spécifique avec des petits groupes qui seront formés en fonction du temps de jeu de chacun. Il y aura également beaucoup de travail avec le ballon et un travail tactique. Pourquoi avez-vous attendu jusqu'au 9 janvier pour commencer votre préparation à la CAN ? Si on avait commencé notre préparation avant cette date, ça serait seulement avec la moitié des joueurs puisque les autres sont encore avec leurs clubs, surtout en Angleterre. Je pense également que les joueurs avaient besoin de se reposer un peu en famille pour recharger leurs batteries puisqu'ils ont fait beaucoup de matches depuis le début de la saison. Mentalement, ils avaient besoin de se reposer pour venir en stage avec un capital de confiance énorme. Pourquoi avoir choisi Marbella pour se préparer à la CAN sachant que la température au Gabon en cette période de l'année est élevée ? Je crois que Marbella est un bon choix. C'est le meilleur choix possible pour moi. La température en cette période est de 21 degrés. Suivant