J'ai appris avec une grande tristesse et une profonde déception les propos d'Adel Taarabt qui aurait décidé de se retirer "momentanément" de l'équipe nationale. Son extraordinaire but contre le Togo est encore dans ma mémoire et pour moi, ce but était un message clair « Place aux jeunes !». Mais en faisant de telles déclarations, apparemment bien réfléchies, puisqu'il a pris le temps nécessaire, Adel va perdre sa crédibilité, son nombreux public et va écorcher ceux qui croient en lui et en la nécessité de faire confiance à la génération montante. Le problème de la jeunesse, outre le manque d'expérience, c'est l'absence de mémoire. C'est pourquoi, je me propose dans ce court article de rafraîchir la mémoire de certains jeunes comme Taarabt qui se croient arrivés, en quelques matches, à 21-22 ans. Je vais rappeler combien d'illustres légendes ont eu à être remplaçants durant des années avec l'équipe nationale. Coupe du monde 1970 : Le Maroc est le seul représentant africain et parmi les remplaçants figurent : Hazzaz , Faras (futurs vainqueurs de la CAN 1976 ; Faras , futur ballon d'or africain en 1976) et feu Petchou, un des joueurs les plus talentueux qu'ait produit le Maroc. CAN 1976, remportée par le Maroc : Dolmy, une légende marocaine, un des plus grands joueurs de l'histoire du football national, figure parmi les remplaçants. Coupe du monde 1986 : Khairy, le buteur providentiel (2 buts) contre le Portugal n'était que remplaçant comme un des plus brillant professionnel de l'époque, le jdidi Amanlah sans oublier le défenseur wydadi, Jilali Fadel, qui deviendra un pilier de la défense de l'EN, quelques saisons plus tard. Coupe du monde 1998 : l'oujdi Nekrouz est remplaçant et ne jouera aucun match ; ce qui ne l'empêchera pas de faire une grande carrière à Bari, dans le Calcio. CAN2004 : Houcine Kharja, qui est, aujourd'hui, le brillant capitaine d'une équipe en devenir, n'était que remplaçant. On pourrait multiplier les exemples mais le message restera le même : il y avait deux éléments qui motivaient ces illustres remplaçants : l'amour du maillot national et la conviction qu'un jour, ils deviendraient titulaires. La concurrence est un grand bienfait pour le sportif car elle l'oblige à travailler plus et à se remettre en question. Mais pour nous, public, elle nous permet de distinguer le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire, distinguer les vraies futures stars de ceux qui vont durer le temps d'un feu de paille. L'équipe nationale, en construction, est en bonne voie : un groupe, voire un noyau, commence à se former, encadré par des techniciens rigoureux et compétents, n'a pas besoin de vedettes mais de bucherons qui acceptent d'aller au charbon. Il deviendra, de plus en plus difficile d'intégrer le groupe et ceux qui reculent, au moindre obstacle, n'ont aucune chance. Cette équipe nationale en construction ira loin et seuls les vrais fideles auront le souffle et le privilège de l'accompagner.