L'échec de l'organisation de la coupe du monde 2026 à peine digéré, le Maroc est de nouveau, sur instructions royales, dans les starting-blocks pour l'organisation du mondial 2030, un événement pourtant lointain mais déjà l'objet de toutes les convoitises. Le royaume tentera ainsi une sixième candidature qui, selon certaines hypothèses, pourrait être conjointe avec l'Espagne et le Portugal. Un choix déjà évoqué pour 2026 avant que le Maroc ne décide de se lancer seul, en lice face aux géants nord-américains. La présence du président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, ce mardi 7 août à Rabat au siège de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), où il a pris part à une conférence de presse avec le président de la FRMF Fouzi Lekjaa, alimente davantage les rumeurs. Si la Supercoupe d'Espagne, qui opposera le FC Barcelone au FC Séville à Tanger le 12 août était à l'ordre du jour, des déclarations d'amitié et louanges entre les deux royaumes "frères et voisins" ont surtout ponctué la rencontre."Nous nous sommes sentis chez nous, c'est merveilleux d'être ici, l'Afrique a beaucoup donné au football et il est temps pour le football de redonner à l'Afrique ce qu'elle mérite. Le Maroc est un pays de référence, et un pays frère à tous les niveaux. Nous avons toujours été unis, nous devons continuer de l'être et le serons à l'avenir grâce à une future ligne de collaboration qui durera de nombreuses années", a affirmé Rubiales, saluant au passage le football marocain "en pleine croissance avec de plus en plus de joueurs qui jouent en Europe". Si pour l'heure rien n'indique de manière officielle une possible candidature conjointe, le message du président de la Fédération espagnole est clair: les liens entre l'Espagne et le Maroc se verront, dans un avenir proche, consolidés par un projet. Aussi, le royaume ibérique et le Portugal ont tous deux essuyé un échec après l'obtention, par la Russie, de l'organisation du Mondial 2018 pour laquelle ils avaient déposé leur candidature. Une décision politique Lors du Forum de la MAP le 24 juillet dernier, Fouzi Lekjaa avait laissé entendre que d'autres hypothèses se profilent quant à une candidature tripartite. "Le Maroc postule pour l'organisation du Mondial 2030, c'est un fait. Mais on ne sait pas s'il y aura une candidature à trois avec les pays du Maghreb ou d'autres pays. Cela se décidera politiquement", avait-il laissé entendre. Le patron du football national précisait que le Maroc n'a pas encore tranché sur l'éventualité de présenter une candidature conjointe avec des pays du Maghreb ou avec ceux du Vieux Continent, à quelques kilomètres de l'autre côté de la Méditerranée. Une candidature maghrébine fait rêver sur le papier et présenterait l'occasion de resserrer les liens fraternels entre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, mais resterait aux yeux de la FIFA, friande de grosses retombées économiques, peu attractive et trop compliquée à organiser compte tenu du climat politique actuel en Afrique du Nord. Selon certaines sources et observateurs, Gianni Infantino, président de l'instance mondiale de football qui était présent à Tanger récemment pour les festivités de la Fête du Trône, invité par le roi, aurait suggéré au Maroc de se joindre à deux pays européens proches sur les plans géographiques, relationnels et économiques pour remporter l'organisation de ce mondial qui compte pour l'instant une candidature du trio Argentine-Paraguay-Uruguay. Les trois pays d'Amérique du Sud ont confirmé, à l'automne dernier, leur volonté d'organiser le Mondial ensemble. L'Angleterre aurait également exprimé sa volonté d'accueillir l'événement sportif. Le Maghreb mobilisé Du côté des pays du Maghreb, l'Algérie et la Tunisie ne masquent pas leur envie de se joindre au Maroc et multiplient les initiatives et déclarations pour inciter à une candidature maghrébine unie. Le ministère algérien de la Jeunesse et des Sports avait réitéré, le 28 juillet dernier, son souhait de voir ces trois pays organiser ensemble un mondial "bénéfique pour le Maghreb" et même avancé que les pays ont déjà des "infrastructures et des hébergements disponibles" selon le site Ennahar Online. "Le dossier de candidature sera solide", avait-il ajouté. D'autre part, dans une lettre adressée aux cinq pays du Maghreb, Taïeb Baccouche, secrétaire général de l'Union du Maghreb (UMA) invite à "tirer les enseignements nécessaires de l'expérience du Maroc qui a bénéficié du soutien de tous les pays du Maghreb et de l'enthousiasme des populations du Grand Maghreb pour l'initiative prise par le royaume de présenter une candidature maghrébine pour le Mondial 2030". Entre Maghreb et Europe, la balle est dans le camp du Maroc qui devra bien choisir ses alliés pour cette nouvelle bataille, puisque la FIFA favorise dorénavant les candidatures conjointes, bien plus fructueuses que les individuelles.