Sourires, amabilités et embrassades sous les ors de l'hôtel de Lassay. C'était mardi soir, dans un salon de la résidence du président de l'Assemblée nationale. Un lieu prestigieux, à la hauteur du soutien des parlementaires français à leurs hôtes marocains. Au programme : la présentation de la candidature du royaume à l'organisation du Mondial 2026, où il fait face au trio Etats-Unis, Canada et Mexique. Le vote public (l'abstention est permise) des 207 associations membres de la Fifa (211 au total, moins les quatre candidats) se rapproche : le congrès de l'instance mondiale doit élire le vainqueur le 13 juin, à Moscou, à la veille de l'ouverture de la Coupe du monde russe. Jack Lang était de passage Le soutien de la FFF au Maroc trouve un relais sur le terrain politique. Président de l'Institut du monde arabe, Jack Lang a passé une tête. On y a aussi croisé l'humoriste Yassine Belattar (dont la famille est d'origine marocaine), récemment nommé par Emmanuel Macron au conseil présidentiel des villes. «Je suis heureux de voir notre président faire de cette candidature une priorité, souffle-t-il. Son destin s'inscrit en Afrique, pas aux Etats-Unis.» Dans ce schéma bilatéral, le Maroc veut représenter toute l'Afrique, mais aspire aussi à être le «candidat de l'Europe». Une zone stratégique par sa proximité et son réservoir potentiel de voix (55). «D'ici à début juin, nous aurons couvert 95 % d'entre elles», explique Hicham El Amrani, directeur général du comité de candidature. Et sur le continent, la « locomotive » française assure le suivi. «Le Maroc vaut mieux que Trump !» – Gilles Pargneaux, parlementaire européen La réunion d'avant-hier a été montée par Mustapha Laabid (49 ans), député LREM d'Ille-et-Vilaine et président du groupe d'amitié France-Maroc à l'Assemblée nationale. «Si le Maroc gagne, la France gagne, lance Laabid. Mon job, c'est d'en parler à tous les députés pour qu'ils redescendent ce soutien dans leur circonscription.» Voilà pour le niveau national. Le parlementaire européen (PS) Gilles Pargneaux (61 ans), à la longue carrière de lobbyiste pour le royaume chérifien, s'occupe de l'étage supérieur. «Je prends des contacts avec les commissaires (européens), pour les pays qui s'interrogent. Je leur dis que le Maroc vaut mieux que Trump ! » Christian Cambon (LR, 70 ans), président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, parachève le casting. «Mon argumentaire, c'est celui de la paix. La Coupe du monde ne réglera pas le problème du Sahara occidental (facteur de tensions avec l'Algérie, qui s'est cependant rangée derrière la candidature marocaine). Mais regardez ce qui s'est passé avec les deux Corées lors des derniers JO d'hiver. »