Après les mauvaises prestations des mondialistes á la CAN 2010, on avait beaucoup d'appréhensions concernant le rendement des pays africaines en coupe du monde. On craignait le pire; ce fut pire. Avec un bilan de 3 victoires, 5 nuls et 10 défaites, les six équipes africaines ont fait pale figure dans un mondial, pourtant organisé chez eux, en Afrique du Sud. I—UNE AMBITION LEGITIME 1. Beaucoup d'observateurs considéraient au départ que ce tournoi serait celui des africains. Pour cela, il y avait plusieurs raisons : 2. Le tournoi se déroule en Afrique et non seulement l'Afrique du Sud mais aussi le Cameroun, le Nigéria et le Ghana pouvaient considérer qu'ils évoluaient á domicile. 3. Avec 6 équipes, il était raisonnable de s'attendre á une progression. Or, le Sénégal a atteint les quarts de finale en 2002 et le Ghana avait été défait par le Brésil en Huitième de finale en 2006. Malheureusement, le football africain a régressé et seul le Ghana a tiré son épingle du jeu. 4. Des joueurs de classe mondiale : la plupart des équipes présentaient des joueurs d'un haut niveau international : * La Cote d'Ivoire avec les frères TOURE, DROGBA, GERVINHO, DINDANE ou encore EBOUE ; * Le CAMEROUN avec ETO'O, GEREMY, SONG, MAKOUN,… * Le GHANA avec ses vedettes montantes qui viennent de remporter la coupe du monde des U20 et ont été finalistes de la CAN2010. Avec une telle matière première, il suffisait de quelques réglages bien ciblés pour constituer des équipes compétitives á l'échelle mondiale. Malheureusement, la plupart des pays africains ont retrouvé leurs péchés mignons : la désorganisation, l'ingérence, les manouvres sans oublier l'abus du jeu individuel. II—UNE PARTICIPATION INDIGNE DU NIVEAU AFRICAIN ACTUEL Sur le terrain, qu'a-t-on observé ? Des équipes africaines frileuses, recroquevillées en défense, désorganisées, maladroites, indisciplinées et inefficaces. L'Algérie : a rat son mondial ; son entraineur, le renard de SAADANE, a vite compris que son équipe ne pouvait aller loin, a armé le milieu de terrain (entre 5 et 6 joueurs) et a adopté une tactique hyper prudente pour éviter les cartons. Mission accomplie pour Saadane qui peut aller profiter d'une belle retraite. Le public algérien, lui, attendra encore quelques années la naissance d'une génération digne des BELLOUMI, KOURICHI, MENAD, MADJER,… La cote d'Ivoire : C'est la plus grosse déception africaine. Disposant de joueurs de grande classe, de véritables piliers dans leurs équipes, la sélection ivoirienne avait les moyens d'aller jusqu'en finale. Malheureusement, sa participation sera anodine et la montagne aura accouché d'une souris. Le Cameroun : Cette équipe vieillissante, après avoir raté la CAN, s'est effondré en coupe du monde. Il est temps de se séparer des ETO'O, GEREMY, … pour rebâtir une équipe performante. L'Afrique du Sud : Malgré pas mal d'aspects positifs, la sélection sud-africaine n'a pas pu éviter les deux pièges qui lui étaient tendus : la pression du public et le manque de compétition mais c'est une équipe qui aura son mot á dire dans l'avenir proche. Le Nigéria : une autre grosse déception. Le Nigéria n'a pas seulement été faible mais a été ridicule (l'inutile expulsion de KEITA et les ratages de YAKUBU). Le GHANA : C'est la seule satisfaction africaine malgré ses difficultés pour passer au second tour. Avec une ossature constituée des champions du monde des U20, cette équipe ne fait que progresser comme elle l'a fait á la CAN2010 et plus on avancera en coupe du monde et plus le Ghana sera dangereux. Le Ghana qui a eu le courage d'adopter une politique de relève, sera-t-il champion du monde le 13 juillet ? Pourquoi pas. III—LES RAISONS DU FIASCO Il s'explique pour au moins trois raisons : L'instabilité technique : Les changements fréquents d'entraineurs nuisent au rendement technique et expliquent le jeu décousu, les nombreux tirs non cadrés, le festival de mauvaises passes, le gaspillage des coups de pied arrêtés,... La Cote d'Ivoire a recruté son entraineur suédois en Avril 2010, le Cameroun s'est lié á Paul Le Guen en Janvier 2010, le Nigéria a recruté le suédois LAGERBACK en mars 2010 ? … L'absence de politique de relève : Les sélections africaines ont du mal á se séparer de leurs stars vieillissantes ; ce qui ne permet pas á la relève de s'adapter et d'être prête au moment voulu. L'Absence de vision á moyen et long terme : La plupart des fédérations africaines se contentent de gérer le quotidien, au jour le jour. Cette absence de vision á moyen ou á long terme est á l'origine des plus grandes erreurs d'appréciation, notamment dans le recrutement de techniciens , dans le choix des joueurs et dans les programmes de préparation. IV—QUE FAIRE MAINTENANT ? 1. Chaque fédération doit intégrer les changements qui lui sont imposés par la FIFA avec l'aval (ou le béni-oui-ouisme de la CAF). Sous la pression des grands clubs, la CAN ne sera plus programmée la même année que la CM. Donc la CAN devra être programmée les années impaires, c'est á dire la même année que la CHAN ; que faire des joueurs qui peuvent participer aux deux compétitions ? 2. Assurer la stabilité technique en choisissant des entraineurs sur des critères rigoureux pour leur permettre de durer pour leur bien et celui des sélections africaines. 3. Adopter une politique de relève qui permet d'injecter du sang neuf , de temps en temps, pour éviter de créer des dinosaures. Toutes ces actions ne pourront réussir que si chaque pays africain arrive á se défaire de l'influence des politiciens omniprésents. Mais ça , ce n'est pas pour demain .