Alors que Joseph-Antoine Bell, ancien gardien de l'équipe de football camerounaise, annonce à demi-mot sa candidature à la prochaine élection de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), le faible niveau de l'équipe locale se justifie, selon lui, par l'emprise politique. L'ancien gardien de but des Lions indomptables, Joseph-Antoine Bell (63 ans), sera très probablement candidat à la prochaine élection de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Avec son habituelle franchise, Joseph-Antoine Bell aborde les différentes questions liées à la crise qui mine le football de son pays, sans oublier la CAN 2019. Jeune Afrique : Votre candidature à la prochaine élection de la Fecafoot ne semble plus faire le moindre doute. Après tout, en 2015, vous étiez déjà en course... Joseph-Antoine Bell : Il est toujours difficile de se déclarer candidat alors qu'au moment où nous nous parlons, on ne connaît toujours pas la date de l'élection. J'avais été candidat en 2015 et j'avais fait en sorte que l'élection de Tombi A Roko soit annulée, car elle était entachée d'irrégularités. C'est d'ailleurs ce qui avait conduit à la mise en place par la FIFA d'un comité de normalisation. Si j'ai la volonté d'être candidat ? Oui. C'est logique, dans la mesure où j'avais des idées il y a trois ans. Et j'ai toujours des idées. Le comité de normalisation, mis en place en septembre dernier et présidé par Me Dieudonné Happi, doit achever sa mission le 28 février prochain. Il avait pour objectif de préparer l'élection et de mettre les statuts de la Fecafoot en conformité avec les standards internationaux. Comment jugez-vous son action ? Il est difficile de se prononcer de manière définitive sur l'action du comité et de son président. Quand je l'ai rencontré, il avait la volonté de mettre fin à cette crise institutionnelle, qui dure depuis plusieurs années. Il a eu à gérer les affaires courantes, et plutôt bien. Cela fait des années que nos clubs ne font rien lors des coupes d'Afrique, qu'ils sont éliminés rapidement, et souvent par des équipes de plus petits pays Quant à sa mission, à savoir préparer l'élection et mettre les statuts aux normes, nous devrons attendre d'en savoir plus pour pouvoir porter un jugement. Le faire maintenant serait péremptoire. Je pense cependant que ce comité a fait l'objet de pressions, de tentatives de manipulation. Le problème du football camerounais, c'est qu'il est trop politisé. On oublie d'appliquer des règles simples, des règles de base. La crise institutionnelle de la Fecafoot dure depuis plus de quatre ans... Quand je dis que notre football est trop politisé, cela signifie qu'il est trop soumis aux mensonges, aux manipulations. On ne se rabat que sur la sélection nationale A, qui, comme elle l'a prouvé en remportant la CAN 2017 au Gabon, est capable de faire des coups. Mais derrière ? On a vu lors du CHAN au Maroc que la sélection locale n'avait pas passé le premier tour. Ce n'est que le reflet du niveau de notre championnat, qui n'est pas d'un bon niveau. Comment voulez-vous que des investisseurs aient envie de mettre de l'argent dans un football qui renvoie une telle image ? Cela fait des années que nos clubs ne font rien lors des coupes d'Afrique, qu'ils sont éliminés rapidement, et souvent par des équipes de plus petits pays. Nos stades sont quasiment vides, il ne s'y passe rien. On parle régulièrement de matchs achetés. On doit parfois attendre des mois avant de connaître le résultat définitif d'un match. Et cela ne choque pas grand monde... Vous dites que le niveau du football local est faible. Est-ce en partie dû au manque de moyens des clubs ? Oui. Mais comment voulez-vous que des investisseurs aient envie de mettre de l'argent dans un football qui renvoie une telle image ? Si on veut que des gens injectent des fonds dans notre football, il faut leur envoyer un autre message. L'image du football camerounais n'est pas bonne. Je pensais que le titre de champion d'Afrique de l'année dernière nous donnerait une occasion de rebondir et d'amorcer une sortie de crise. Eh bien non ! L'image du Cameroun, ce n'est pas seulement la CAN 2019 que le pays va organiser. C'est tout le reste ! Et cette image est négative. La vôtre, en revanche, est plutôt bonne... Si des gens estiment que telle personne, parce qu'elle est propre, intègre, est la plus à même de régler les problèmes et de donner un nouvel élan au football camerounais, et si des gens pensent que j'incarne cette image, ils feront en sorte qu'il y ait du changement... À condition que je sois candidat [rires, ndlr]. Comment jugez-vous la gestion du cas du sélectionneur Hugo Broos, dont le contrat a été résilié en décembre dernier ? Le comité de normalisation a été mis en place alors qu'Hugo Broos avait été nommé par la fédération alors en place. Le contrat de Broos arrive à son terme le 6 février. Soit avant la fin programmée de la mission du comité. Son contrat n'a pas été renouvelé et cela lui a été signifié en décembre. A LIRE – Cameroun : l'ex-sélectionneur Hugo Broos va attaquer la Fecafoot Le comité ne voulait pas prolonger le contrat du coach avant la tenue de l'élection. Je n'ai rien à redire sur la façon dont les choses ont été menées. D'autant plus que le Cameroun ne jouera que des matchs amicaux jusqu'au mois de septembre. Pourquoi se précipiter, alors que des adjoints peuvent très bien assurer l'intérim ? La CAF a mené une mission d'inspection au Cameroun, dans le cadre de la CAN 2019. Qu'avez-vous pensé des déclarations de Ahmad Ahmad, remettant en doute les capacités du Cameroun à organiser le prochain tournoi, qui ont parfois été mal vécues dans votre pays ? Il faut avoir une vision rationnelle des choses. Qu'a dit M. Ahmad en août dernier ? Que si la CAN devait démarrer demain, le Cameroun ne serait pas prêt. Quand la CAN aura-t-elle lieu ? En juin 2019 ! Il n'y a donc rien de choquant, puisqu'effectivement, en août ou septembre 2017, le Cameroun n'aurait pas été prêt. Et qu'a dit Paul Biya, le président de la République ? Que le Cameroun sera prêt le jour J ! Ahmad n'a jamais dit que le Cameroun ne sera pas en mesure d'accueillir la CAN 2019 La CAF et le Cameroun travaillent-ils pour autant la main dans la main ? Il est parfois permis d'en douter. Je peux vous assurer que oui. Quand la mission d'inspection de la CAF se déplace au Cameroun, ce n'est pas pour couper des têtes, mais au contraire pour conseiller les Camerounais. En disant qu'il faut davantage travailler sur tel ou tel site retenu pour la CAN, qu'il faut améliorer ceci ou cela, qu'il faut faire attention à ne pas prendre trop de retard sur tel chantier. Ahmad n'a jamais dit que le Cameroun ne sera pas en mesure d'accueillir la CAN 2019. Je connais le président de la CAF. Il suit le dossier de près, il fait confiance au Cameroun. Il est normal qu'il soit exigeant. Et moi, je suis très confiant : le Cameroun sera prêt pour accueillir la première CAN à 24 de l'histoire... L'ancien gardien de but des Lions indomptables, Joseph-Antoine Bell (63 ans), sera très probablement candidat à la prochaine élection de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot). Avec son habituelle franchise, Joseph-Antoine Bell aborde les différentes questions liées à la crise qui mine le football de son pays, sans oublier la CAN 2019. Jeune Afrique : Votre candidature à la prochaine élection de la Fecafoot ne semble plus faire le moindre doute. Après tout, en 2015, vous étiez déjà en course... Joseph-Antoine Bell : Il est toujours difficile de se déclarer candidat alors qu'au moment où nous nous parlons, on ne connaît toujours pas la date de l'élection. J'avais été candidat en 2015 et j'avais fait en sorte que l'élection de Tombi A Roko soit annulée, car elle était entachée d'irrégularités. C'est d'ailleurs ce qui avait conduit à la mise en place par la FIFA d'un comité de normalisation. Si j'ai la volonté d'être candidat ? Oui. C'est logique, dans la mesure où j'avais des idées il y a trois ans. Et j'ai toujours des idées. Le comité de normalisation, mis en place en septembre dernier et présidé par Me Dieudonné Happi, doit achever sa mission le 28 février prochain. Il avait pour objectif de préparer l'élection et de mettre les statuts de la Fecafoot en conformité avec les standards internationaux. Comment jugez-vous son action ? Il est difficile de se prononcer de manière définitive sur l'action du comité et de son président. Quand je l'ai rencontré, il avait la volonté de mettre fin à cette crise institutionnelle, qui dure depuis plusieurs années. Il a eu à gérer les affaires courantes, et plutôt bien. Cela fait des années que nos clubs ne font rien lors des coupes d'Afrique, qu'ils sont éliminés rapidement, et souvent par des équipes de plus petits pays Quant à sa mission, à savoir préparer l'élection et mettre les statuts aux normes, nous devrons attendre d'en savoir plus pour pouvoir porter un jugement. Le faire maintenant serait péremptoire. Je pense cependant que ce comité a fait l'objet de pressions, de tentatives de manipulation. Le problème du football camerounais, c'est qu'il est trop politisé. On oublie d'appliquer des règles simples, des règles de base. La crise institutionnelle de la Fecafoot dure depuis plus de quatre ans... Quand je dis que notre football est trop politisé, cela signifie qu'il est trop soumis aux mensonges, aux manipulations. On ne se rabat que sur la sélection nationale A, qui, comme elle l'a prouvé en remportant la CAN 2017 au Gabon, est capable de faire des coups. Mais derrière ? On a vu lors du CHAN au Maroc que la sélection locale n'avait pas passé le premier tour. Ce n'est que le reflet du niveau de notre championnat, qui n'est pas d'un bon niveau. Comment voulez-vous que des investisseurs aient envie de mettre de l'argent dans un football qui renvoie une telle image ? Cela fait des années que nos clubs ne font rien lors des coupes d'Afrique, qu'ils sont éliminés rapidement, et souvent par des équipes de plus petits pays. Nos stades sont quasiment vides, il ne s'y passe rien. On parle régulièrement de matchs achetés. On doit parfois attendre des mois avant de connaître le résultat définitif d'un match. Et cela ne choque pas grand monde... Vous dites que le niveau du football local est faible. Est-ce en partie dû au manque de moyens des clubs ? Oui. Mais comment voulez-vous que des investisseurs aient envie de mettre de l'argent dans un football qui renvoie une telle image ? Si on veut que des gens injectent des fonds dans notre football, il faut leur envoyer un autre message. L'image du football camerounais n'est pas bonne. Je pensais que le titre de champion d'Afrique de l'année dernière nous donnerait une occasion de rebondir et d'amorcer une sortie de crise. Eh bien non ! L'image du Cameroun, ce n'est pas seulement la CAN 2019 que le pays va organiser. C'est tout le reste ! Et cette image est négative. La vôtre, en revanche, est plutôt bonne... Si des gens estiment que telle personne, parce qu'elle est propre, intègre, est la plus à même de régler les problèmes et de donner un nouvel élan au football camerounais, et si des gens pensent que j'incarne cette image, ils feront en sorte qu'il y ait du changement... À condition que je sois candidat [rires, ndlr]. Comment jugez-vous la gestion du cas du sélectionneur Hugo Broos, dont le contrat a été résilié en décembre dernier ? Le comité de normalisation a été mis en place alors qu'Hugo Broos avait été nommé par la fédération alors en place. Le contrat de Broos arrive à son terme le 6 février. Soit avant la fin programmée de la mission du comité. Son contrat n'a pas été renouvelé et cela lui a été signifié en décembre. A LIRE – Cameroun : l'ex-sélectionneur Hugo Broos va attaquer la Fecafoot Le comité ne voulait pas prolonger le contrat du coach avant la tenue de l'élection. Je n'ai rien à redire sur la façon dont les choses ont été menées. D'autant plus que le Cameroun ne jouera que des matchs amicaux jusqu'au mois de septembre. Pourquoi se précipiter, alors que des adjoints peuvent très bien assurer l'intérim ? La CAF a mené une mission d'inspection au Cameroun, dans le cadre de la CAN 2019. Qu'avez-vous pensé des déclarations de Ahmad Ahmad, remettant en doute les capacités du Cameroun à organiser le prochain tournoi, qui ont parfois été mal vécues dans votre pays ? Il faut avoir une vision rationnelle des choses. Qu'a dit M. Ahmad en août dernier ? Que si la CAN devait démarrer demain, le Cameroun ne serait pas prêt. Quand la CAN aura-t-elle lieu ? En juin 2019 ! Il n'y a donc rien de choquant, puisqu'effectivement, en août ou septembre 2017, le Cameroun n'aurait pas été prêt. Et qu'a dit Paul Biya, le président de la République ? Que le Cameroun sera prêt le jour J ! Ahmad n'a jamais dit que le Cameroun ne sera pas en mesure d'accueillir la CAN 2019 La CAF et le Cameroun travaillent-ils pour autant la main dans la main ? Il est parfois permis d'en douter. Je peux vous assurer que oui. Quand la mission d'inspection de la CAF se déplace au Cameroun, ce n'est pas pour couper des têtes, mais au contraire pour conseiller les Camerounais. En disant qu'il faut davantage travailler sur tel ou tel site retenu pour la CAN, qu'il faut améliorer ceci ou cela, qu'il faut faire attention à ne pas prendre trop de retard sur tel chantier. Ahmad n'a jamais dit que le Cameroun ne sera pas en mesure d'accueillir la CAN 2019. Je connais le président de la CAF. Il suit le dossier de près, il fait confiance au Cameroun. Il est normal qu'il soit exigeant. Et moi, je suis très confiant : le Cameroun sera prêt pour accueillir la première CAN à 24 de l'histoire...