A 24 ans, l'attaquant encore inconnu il y a quelques mois martyrise les défenses adverses dans ce CHAN 2018. Avec huit buts en cinq matches disputés, Ayoub El Kaabi crève l'écran et séduit tout le monde. Il est l'arme fatale sur laquelle les Lions de l'Atlas comptent pour dompter le Nigeria en finale dimanche. Avant de peut-être s'inviter dans le groupe de Hervé Renard pour la Coupe du monde? Puissant, rapide et instinctif: Ayoub El Kaabi est, à son niveau, « un mix entre Didier Drogba et Samuel Eto'o » avec une touche de Florent Malouda « parce qu'il est gaucher ». Rien que ça! Une description flatteuse signée Nacer Chadli, ambassadeur du CHAN 2018 et spectateur attentif de l'explosion du Marocain dans cette compétition. Le chemin est long pour égaler les glorieuses carrières des aînés susmentionnés, mais quel parcours impressionnant que celui d'El Kaabi ces derniers mois. « Un joueur qui a un grand potentiel » A 24 ans, l'attaquant est dans un moment euphorique de sa jeune carrière. Il y a peu de temps encore, personne ou presque ne le connaissait, même chez lui au Maroc. « Il est arrivé de nulle part », constate Adel Chedli, interrogé par RFI. Et puis, il y a eu cette saison de rêve au Racing de Casablanca - le 3e club de la ville avec le Raja et le Wydad- qu'il a hissé jusque dans l'élite en finissant en plus meilleur buteur de deuxième division (25 réalisations). Depuis, El Kaabi est impossible à arrêter. L'attaquant est aussi prolifique dans les rangs de la Renaissance Sportive Berkane que parmi la sélection dirigée par Jamal Sellami. En cinq matches joués, El Kaabi a trouvé le chemin des filets à huit reprises dans ce CHAN. Forcément, Sellami apprécie: « C'est un joueur qui a un grand potentiel et plein de qualités humaines et sportives. Il est calme, serein, toujours bien positionné, généreux... Il est toujours payé pour les efforts qu'il fournit pour ses coéquipiers. C'est très important car un attaquant qui marque, qui est généreux et qui joue pour l'équipe, c'est rare. » Il a le talent pour jouer en Europe Pour Adel Chedli, ce qui arrive au Marocain est « une histoire extraordinaire ». « Comme je le répète : la vérité est sur le terrain. Il n'y a pas d'âge, pas de niveau. Il faut savoir saisir sa chance au moment opportun », martèle l'ancien international tunisien, qui loue l'humilité, la sympathie et l'abnégation d'un garçon qui a réussi à faire vibrer l'exigeant public casablancais. « Je regarde ses déplacements, il est exceptionnel, même dans son jeu sans ballon », observe l'ambassadeur du CHAN. Le talent et la confiance font de gros dégâts chez les adversaires. « Tu le sens: tout ce qu'il tente fonctionne », résume Chedli, qui imagine facilement El Kaabi à un plus haut niveau: « Il pourrait aider beaucoup d'écuries en Europe. » A condition bien sûr de « ne pas franchir les étapes trop rapidement ». Et s'il avait déjà sa place réservée pour la Coupe du monde? Justement, les étapes, on a tendance à vouloir les brûler tant l'éclosion un peu tardive du Lion de l'Atlas est prometteuse. Ils sont nombreux à le voir déjà rejoindre la grande équipe nationale. Hervé Renard a un œil sur lui, certes, mais Jamal Sellami tempère: pour son joueur, « le plus important, c'est demain (la finale, ndlr), pas la Coupe du monde ». Jamais montés sur le podium dans l'histoire du CHAN, les Lions de l'Atlas évoluant en Afrique peuvent écrire une belle page en s'imposant dimanche contre le Nigeria. « Il est en train de marquer l'histoire avec son CHAN », assure le Congolais Robert Kidiaba, autre représentant du tournoi 2018. Ayoub El Kaabi, qui a déjà effacé le précédent record de buts sur un seul CHAN - cinq buts pour le Zambien Given Singuluma en 2009 -, peut terminer en apothéose en faisant encore parler la poudre contre les Super Eagles. Les siens n'attendent que ça. Après, il sera vraiment temps de se pencher sur ce rêve de disputer la Coupe du monde 2018 en juin et juillet prochain en Russie. Nacer Chedli n'hésite pas: « Si j'étais sélectionneur, je le prendrais. En tant que joker, ce serait pas mal. » Robert Kidiaba est lui convaincu que le buteur et probable meilleur joueur du CHAN « a le potentiel et toutes les qualités pour intégrer l'équipe A ». « Le coach Hervé Renard a déjà son équipe; pourquoi pas l'intégrer aussi? », interroge-t-il. D'ici au grand rendez-vous mondial, beaucoup de choses peuvent se passer. Mais Chedli y croit dur comme fer: « Je pense sincèrement qu'il est à un demi-orteil de faire partie du groupe d'Hervé Renard pour la Coupe du monde. »