Mohamed a effectué un long et éprouvant voyage afin d'assister samedi à la qualification du Maroc pour la Coupe du monde 2018. Accompagné d'un ami, ce supporter de 29 ans a traversé cinq pays pour rejoindre Abidjan en une semaine. Sans prendre l'avion. Une expérience inoubliable qu'il a racontée à RMC Sport. Il a fini le match en larmes. Comme Hervé Renard. Comme les joueurs. Comme la plupart de ses compatriotes massés dans les gradins du stade Felix-Houphouët Boigny d'Abidjan. Le Maroc espérait ça depuis près de vingt ans. Et l'émotion a été à la hauteur de l'attente, samedi, lorsque les partenaires de Mehdi Benatia ont validé leur ticket pour la Coupe du monde 2018. Une victoire historique (2-0) à laquelle Mohamed a assisté aux premières loges. Avec l'un de ses amis, ce jeune homme de 29 ans a fait le déplacement en Côte d'Ivoire pour l'occasion. Mais il n'a pas mis 5h de vol comme la plupart. Lui est parti une semaine avant de Rabat, pour faire le trajet par voie terrestre. Sans prendre le moindre avion. Huit jours de road-trip qui lui ont fait traverser la Mauritanie, le Sénégal et le Mali. Une aventure de plus de 3000 km qu'il a effectué en bus, en train, à pied, en autostop et même à moto. Avec des courtes nuits, des problèmes administratifs et un contre-la-montre stressant. "Le trajet a été vraiment long, confie ce courageux supporter à RMC Sport. On a parfois voyagé dans des remorques de camions. Certains nous disaient qu'on n'y serait jamais à temps, mais au final, on est arrivés devant le stade au coup d'envoi! On n'a raté que les dix premières minutes du match." Mais alors pourquoi une telle galère? "J'avais envie d'aller découvrir des pays africains, explique Mohamed. La plupart des Marocains, quand ils voyagent, pensent à partir en Europe, en Amérique ou en Asie. Mais peu de monde pense à aller découvrir l'Afrique. Pour moi, c'était un rêve. Et ce match en Côte d'Ivoire m'a donné cette opportunité." Une opportunité qui lui a fait prendre conscience du quotidien extrême de certaines populations. "Ce qui nous a marqué, c'est la pauvreté au cœur de l'Afrique. On a rencontré des gens qui doivent faire des kilomètres pour trouver de l'eau. Ils sont à moitié nu, sans chaussures. S'ils te voient, ils te demandent à manger. Ça fait mal au cœur. Il y a aussi la police locale qui essaie de profiter de toi si tu es un étranger. Il te demande un cadeau, il cherche à obtenir quelque chose de ta part." Dans ce contexte précaire, certains lui ont vendu de faux billets de transport. Mais d'autres lui aussi ont offert une aide précieuse. Au final, lui et son pote ont dépensé 500 euros dans ce voyage. Mais ils ne regrettent absolument pas. "C'était inoubliable. De la folie. Un rêve pour chaque marocain. A la fin du match, j'ai repensé à tout ce trajet. J'ai pleuré de joie." Maintenant que la fête est finie, il va falloir rentrer au Maroc. Mohamed compte en profiter pour s'offrir un crochet par la Guinée-Bissau. Avant de peut-être se rendre en Russie l'été prochain. Mais cette fois, il prendra peut-être l'avion...