Le Marocain lambda adore le foot. Encore plus durant les compétitions continentales à l'image de la CAN 2010 qui se tient actuellement en Angola. Cet engouement n'est désormais plus à démontrer. Phénomène de mode ? Pas du tout, répondent les fans de vieille souche casablancaise : «On a grandi avec le foot et il est dans notre cœur depuis notre enfance». Autant dire que dans les foyers aisés comme dans les familles plus modestes, les fans et les fous du foot voient donc arriver l'édition angolaise de la Coupe d'Afrique avec grande émotion. Alors que même si beaucoup n'arrivent toujours pas à avaler la mauvaise et décevante prestation des Lions de l'Atlas, la passion pour le ballon rond est nettement enracinée. Seulement et encore une fois, le capitalisme contemporain impose sa loi. Dans l'univers du sport d'aujourd'hui, la donne a complètement changé. L'économie de marché règne, perturbant au passage toutes les bonnes habitudes, la grandeur des spectacles et la passion. Elle est loin ainsi l'époque où les images de la Coupe d'Afrique des Nations ou encore celles de la Coupe du Monde ou autres compétitions internationales arrivaient gratuitement dans nos foyers. Depuis l'entrée en scène des diffuseurs détenteurs des droits TV, la SNRT, comme tant d'autres chaînes publiques de par le monde, est obligée de négocier à coup de millions de dollars la possibilité de retransmettre les rencontres de l'équipe nationale. Si l'on revient à l'édition angolaise, le montant exigé par le propriétaire des droits pour la CAN 2010 s'élève à 10 millions de dollars! Le compromis pour le gouvernement El Fassi est impossible, particulièrement en cette période de difficultés économiques et financières. Cet engouement et cette obsession pour le foot animent toutefois Derb Ghallef et Garage Allal, deux grands marchés de la capitale économique connus pour leur offre diversifiée des produits et services électroniques, notamment en cette période de festivité footballistique continentale et où le droit à l'image se fait rare. Alors face à cette situation, les spéculateurs essayent de tirer le maximum de profits au détriment des consommateurs. Idem pour les cafés où les consommations doublent et triplent pour certaines rencontres phares, à l'image du match joué mardi dernier entre l'Egypte et le Nigeria. Derb Ghallef… Ainsi, dans un café de la place, les consommations démarrent à partir de 20 DH. Peu importe, les fans payent pour vivre des moments de partage et de passion. Ceux qui n'ont pas les moyens financiers (il y en a beaucoup bien sûr), se débrouillent à leur manière pour ne pas rater les matches de la CAN 2010. A Derb Ghallef, l'ambiance se fait bon enfant. Nabil en sait quelque chose : il est spécialiste depuis bientôt sept ans dans l'installation des paraboles. Une façon "tolérable" de dire que ce dernier n'est pas "autorisé" mais qu'il entretient en véritable expert sa clientèle d'habitués. La fièvre du ballon rond ? Notre interlocuteur confirme : «Tant mieux pour ces milliers de petits commerçants et réparateurs de paraboles dispersés dans les quartiers de la ville de Casablanca et qui répondent à toutes les attentes des clients», a-t-il dit, avant d'ajouter que durant cette période, ses fournisseurs arrivent à écouler une bonne partie de leur stock. Un constat qu'un vendeur de produits de paraboles confirme : «Grâce à une forte demande de la carte Al Jazeera, notre marché réalise des performances commerciales importantes». La carte originale se vend à 900 DH car, explique-t-il, le décodage de la fréquence Al Jazeera Sport est presque impossible. Et de poursuivre que ceci s'explique par le fait que ‘‘les bouquets satellitaires disposent d'un système de codage aléatoire des fréquences qui permet de crypter le signal et partant, toute éventualité de décodage est quasiment impossible''. Garage Allal… C'est dire, conclut-il, que piratage ou non, ce sont les diffuseurs TV qui contrôlent tout : ‘‘ils libèrent les fréquences quand ça leur arrange et ils les débloquent dans le cas contraire''. Au marché mythique casablancais, le célèbre Garage Allal, on a pu quand même proposer un nouveau produit à même de capter Al Jazeera Sport à l'aide d'un appareil numérique SamSat relié à deux paraboles. Enfin, pour ceux qui ne disposent pas d'abonnement El Jazeera et qui ne disposent non plus des moyens pour s'équiper avec le nouveau récepteur, ils peuvent tout de même se reporter sur le satellite Eutelsat et capter les chaînes sénégalaise (RTS), malienne (ORTM) ou la chaîne angolaise pour suivre gratuitement tous les matches de la CAN sans débourser un centime !