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Qatar 2022 : Lions de l'Atlas et la chronologie d'un exploit historique
Publié dans Lions De l'Atlas le 15 - 12 - 2022

La participation de l'équipe nationale du Maroc au Mondial ne peut être résumée en un seul article ou bien via des billets éparpillés. C'est un tout avec des faits et des conséquences, des actions et des réactions à la chaine. Et si on commençait depuis le début...
Walid remplace Vahid
A trois mois du début de la plus grande compétition mondiale, le sélectionneur des Lions de l'Atlas, Vahid Halilhodzic, a été limogé pour être remplacé par un entraineur localau CV étincelant. Walid Regragui n'a aucune expérience par rapport à la Coupe du Monde ni en termes de confrontations internationales en dehors de l'Afrique. Vahid l'entêté a payé les frais de son acharnement envers les joueurs clés, les médias mais aussi le public marocain. Adieu Vahid et merci de nous avoir qualifié à cette Coupe du Monde.
L'espoir du public
Remettez vous dans l'état d'esprit d'avant le Mondial. On voyait des adversaires féroces dans le groupe F. Une minorité espérait une qualification au deuxième tour. Ça relevait du miracle vu les adversaires, du récent changement du coach, inexpérimenté à ce niveau ou tout au moins avec une équipe nationale.
La majorité souhaitait une bonne participation des Lions de l'Atlas qui honorerait les supporters. Rentrer bredouille mais mouiller le maillot et flairer au moins l'envie et l'effort. Le public marocain était habitué aux sorties avec les honneurs que c'est devenu courant. La règle dérogée une fois en 1986, les supporters ont su au fil des participations qu'il ne faut pas prendre l'exception comme habitude.
Le choix des joueurs
A l'approche de cette échéance mondiale, la composition de la tanière des Lions de l'Atlas faisait débat. Retour de Ziyech ? Hamdallah la voix du peuple ? En-Nesyri en mauvaise forme physique ?
Mis à part quelques interventions médiatiques de Walid Regragui, et en très bon communicant qu'il est, le suspense était à son apogée les 10 derniers jours avant l'annonce de la liste des 26 mondialistes.
Satisfaire la majorité et créer un groupe étaient les mots d'ordre de Walid par rapport à ses choix. N'empêche que des joueurs comme les frères Mmaee, Ayoub El kaabi ou encore Soufiane Rahimi ont subi de plein fouet cette politique du cadre national. Hakim Ziyech a retrouvé sa place légitime et Abderrazak Hamdallah a fait son apparition alors qu'il n'a participé à aucun match de l'équipe nationale depuis des années. Quant à Walid Cheddira, Achraf Dari et à moindre mesure, Jawad El Yamid, leur présence au Qatar a fortement été suggérée à Regragui par leur agent non-déclaré, Mehdi Benatia.
On ne discute pas le choix de Walid parce qu'on croit dur comme fer qu'une pression existe dans ces choix et qu'il y avait une contrainte sociale et un appel du peuple auquel il devait répondre afin de ne pas se faire crucifier par ce dernier. Un entraineur se doit d'insuffler de l'homogénéité dans un groupe quelle que soit sa composition.
Les Vatreni refroidis
Début de la CDM. La Croatie était donnée favorite (bien sur). Les titulaires de la tanière étaient indiscutables. Le premier match d'une CDM est toujours comme un premier rendez-vous galant entre les joueurs et les supporters. On peut y entrevoir un espoir comme un adieu précoce. On palpe la tension, l'intention et surtout le caractère. C'est chose faire.
Le score nul contre le dernier finaliste de la CDM est très important. Il ne fallait pas perdre. Le Maroc aurait aimé gagner mais il ne voulait surtout pas perdre.
Pourquoi ? Une bonne entrée en lice est primordiale pour le reste de la compétition et l'instauration de la confiance chez les joueurs et les supporters. Un match tactique et une concentration infaillible des Lions tout au long du match. Quelques occasions de part et d'autre mais aucun but encaissé. La Croatie ne s'attendait surement pas à un bloc défensif aussi solide, nous non plus d'ailleurs !
Première blessure. Noussair Mazraoui, improvisé en ailier gauche s'est blessé. Il est remplacé par Yahya Attiat Allah qui s'est bien débrouillé. Abdessamad Ezzalzouli est rentré à l'heure de jeu à la place de Sofiane Boufal. Il s'est distingué avec un mauvais dribble qui lui a valu quelques insultes sur les réseaux sociaux... L'indulgence est une vertu et l'exigence n'est pas la perfection.
Les dés sont jetés. Un point dans la poche. Continuons.
Le diable est dans le détail
Le diable est dans le détail...et Walid faisait dans le détail. La Belgique avait joué le Canada. Elle en est sortie gagnante certes mais peu convaincante. Etait-ce que les Diables Rouges ménageaient leurs efforts ? Le Canada était plus tenace que prévu tout en sachant qu'il a fini premier de son groupe de qualification devant les USA ?
Walid a remis le même arsenal en place. Les mêmes titularisations. Walid veut gagner. Le spectacle est ailleurs. La gagne est le spectacle.
Sueur froide en début de rencontre. Bono a été remplacé après l'hymne national. On n'a rien compris mais ensuite on a saisi que ce brave garçon, étant blessé, a laissé sa place à Munir et de ce fait a reconnu ses limites avant le début de la rencontre afin de ne pas perdre un changement en plein match ou bien faillir à sa mission de portier. Tout est à ton honneur Bono. Munir n'a pas démérité non plus. Bravo à lui.
Personnellement, c'est le match le plus stressant de cette CDM. On ne voulait pas de calculatrice en cas de nul ou de défaite. On en a marre de calculer. Au fils des minutes qui passaient, le bloc marocain n'a pas failli. Pouvait-il tenir la cadence et maintenir cette concentration magnifique ? Oui. Chaque poste a été bien rempli et chaque joueur a mené à bien sa mission.
Délivrance ? Non. But annulé pour hors-jeu au temps additionnel de la première mi-temps. Ce ne serait que partie remise.
Les nerfs sont à bout en deuxième mi-temps. Boufal, hauteur d'une bonne prestation et mécontent de son changement, a laissé sa place à Boukhlal. Faisant le tour du terrain avec des gestes de mécontentement, il fut agréablement surpris par l'exécution parfaite de Sabiri qui a dupé Courtois comme auparavant pour le but annulé. Sabiri rentré à la place d'Amallah comme contre la Croatie a claqué ce joli coup franc pour intensifier notre stress car il restait plus de 15 minutes dans le jeu.
Les joueurs ont redoublé d'efforts pour maintenir les cages vierges et mieux encore. Maitre Ziyech, d'un dépassement magnifique et d'une passe majestueuse à Aboukhlal qui n'a pas raté le but, a scellé la victoire et a laissé libre court à nos larmes de joie. 2 à 0. Le Maroc confirme que le nul avec la Croatie n'était pas une coïncidence. Défense et attaque fonctionnaient bien. La tactique de Regragui a réussi. Les joueurs ont respecté la feuille de route.
Le Canada pour la qualification
Le Canada a subi une grosse perte face à la Croatie (4-1). Il se trouve d'ores et déjà éliminé. Quoi de plus dangereux que jouer un adversaire lâché de toute pression et qui cherche à laver son honneur avec une victoire symbolique. Rappelez-vous du match Maroc Espagne en CDM 2018.
Au contraire du Canada, le Maroc jouait sa qualification et craignait en cas de perte un mode calculatoire louche comme en 1998. En plus, une victoire le propulsait en 1ére place du groupe. Un rêve par rapport aux premières espérances.
A part Sabiri à la place d'Amallah, le 11 de départ n'a connu aucun changement. Le Maroc a gagné 2 à 1 grâce à un Youssef qui a fait taire tellement de langues. Le premier but des lions était marqué par Ziyech grace à un magnifique lobe. La sortie hasardeuse du gardien de but canadien a été le fruit du travail défensif de Youssef.
Un magnifique Youssef qui a sprinté pour recevoir une belle passe de Hakimi et marquer un 2éme but synonyme de victoire. Le but encaissé contre notre camp d'Aguerd ne reflète pas du tout le jeu héroïque que ce petit prince a produit lors de ces trois premiers matchs.
L'Espagne, un taureau aveugle
Le Maroc a réitéré l'exploit des lions de 1986 en se qualifiant au 2éme tour. Les supporters sont satisfaits mais aspirent à plus comme d'habitude et c'est logique. C'est en mangeant que vient l'appétit. Le public marocain a déjà connu cet exploit. Il est de son droit de rêver surtout avec l'image qu'a donné la tanière lors des 3 derniers matchs de poule.
L'Espagne a fait un mauvais pari en fait. Elle s'est inclinée devant le Japon pour ne pas croiser le Brésil en quart de finale. En d'autres termes, l'Espagne s'est vu en finale et que le Maroc, aussi redoutable qu'il soit, n'est que le Maroc. Erreur. Grossière erreur. C'était sans compter sur la détermination d'une tanière enragée qui a soif de gagner et obtenir justice. Que ferait un Taureau aveugle devant un Lion motivé et déterminé ?
Avec une possession de plus de 70% par match et un spectacle contre le Costa Rica, la Roja était parmi les favoris au titre. Comprenant dans ses rangs des anciens et des nouveaux, l'équipe d'Enrique promettait.
Avec une titularisation quasi-identique aux précédentes, les lions de l'atlas ont entamé ce match avec une menace qui planait au dessus de leur tête : les blessures. Les matchs précédents ont fait des victimes à cause de l'intensité et le bon vouloir des joueurs. Ceci, nos lions sont vaillants et les blessés ont tenu à jouer quitte à y laisser leur peau. L'enjeu était grand. L'enjeu était fort.
La possession ne signifiait rien devant un bloc médian. Faire tourner la balle ne donne aucun avantage. Les espagnols sont devenus fous ne savant plus quoi faire avec le ballon. Manquant le peu d'opportunités qui se sont présentés aux deux équipes même en temps additionnel, le destin voulait départager les deux nations aux tirs aux buts.
Bono avait le destin de toute une nation entre les mains. Il devint un héros, une autre fois, d'une soirée historique arrêtant les 3 premiers tirs au but. Le Maroc est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe du Monde. Une première pour les arabes et une quatrième pour l'Afrique. Les lions ont dépassé l'exploit de Mexico 1986 se hissant en quart de finale et faisant, encore une fois, taire les bouches qui disaient que le hasard est le secret de la réussite marocaine.
Au cours de ce match, on a vu un profil plutôt timide lors des 3 premiers matchs. Son talent a explosé contre l'Espagne avec ses 3 poumons, ses dribbles, sa ténacité et son renfort défensif. Il existe des joueurs « diesel » qui chauffent au fur et à mesure des matchs et Ounahi en fait partie. Il a prouvé sa place parmi les grands de la tanière. Point.
Portugal, un véritable adversaire
Les Lions de l'atlas se sont fait une réputation. La Selecçao das quinas a percuté le concept. Des changements de dernière minute ont été opérés par Walid avant l'entame du match. La menace est devenue réalité. Aguerd et Mazraoui ne sont pas titulaires et ne prendront pas du tout part à la rencontre. Dari remplace notre petit prince et Attiat Allah celui de l'ailier gauche improvisé.
Avec des noms foutant la chair de poule, les portugais étaient bien sur donnés favoris mais pas seulement ça. Ils ont joué un jeu diffèrent du leur essayant de trouver une ouverture. Eviter l'axe, attirer les lions vers eux...nada !
Youssef est un type d'oiseau rare qui passe son temps à courir pour retrouver le ciel, son milieu naturel. Il a marqué de la tête sur un centre d'Attiat Allah atteignant 2,78 mètres. Il a dépassé de la tête les bras tendus vers le haut du gardien portugais. Quoi de plus beau que marquer avec cette détente devant Monsieur détente, j'ai nommé Christiano Ronaldo. Retour au match. 68éme minute, sortie sur blessure de notre capitaine d'équipe Romain Saiss.
Les cadres se blessaient un par un. La malédiction du VAR jusque là évitée, voilà l'indisponibilité des joueurs qui ressurgit. La crispation a atteint son apogée après la sortie du capitaine. Le coup de sifflet final a retenti. Le soulagement est absolu. LE MAROC EST EN DEMIE FINALE. UNE PREMIERE AFRICAINE ET ARABE.
Un coq pas aussi bleu...
L'engouement mondial est de grande taille. Les lions sont officiellement la belle surprise de ce mondial. Ils ont attisé la sympathie de toute la planète terre. Le monde est au pied du Maroc. La tanière des lions est définitivement l'apothéose de ce mondial.
Le rêve n'a pas de limite. Les supporters n'avaient même pas rêvé de ce stade de la compétition. Le problème avec le rêve, c'est la continuité surtout quand les moyens sont là. Stop. Nos armes et nos cadres sont réduits. L'intensité a causé des méfaits. Des blessures et des absences.
Alors que Nayef était annoncé au départ, il fut autrement. La tactique de Walid a aussi changé. Aligner 5 défenseurs n'est pas de son habitude. Il voulait assurer. Cependant, trop de défenseurs embrouillent les défenseurs. Une erreur de marquage d'un Griezman étincelant ce soir a permis aux bleus de prendre l'avantage à la 5éme minute de jeu. C'est la première fois qu'on est mené au score durant ce mondial. Pire.
Les ennuis ne venant jamais au singulier, notre capitaine demande un changement. Sa blessure a pris le dessus. Par manque de chance mais aussi aidé par un arbitrage arbitraire, les lions n'ont pas su concrétiser les occasions pour égaliser le score. Toute construction privée de ses fondations, en partie ou en totalité, est vouée à l'échec : Mazraoui, pas du tout remis de sa grippe, a été remplacé au début de la deuxième mi-temps.
La France marque un deuxième but sur une autre erreur de marquage. Score final 2 à 0. Le rêve d'une finale ou d'une coupe du monde soulevée s'évaporent. Loin de démériter, les lions furent des héros de tout un peuple et toute une nation. Ils ont replacé le Maroc sur la carte footballistique mondiale.
Fiers avec une pointe de regret, on aurait pu battre la France comme on aurait pu battre n'importe quelle autre équipe. La défaite tout comme la victoire est endossée par les joueurs et le staff. L'accueil qui vous sera réservé prouvera à quel point votre abnégation fut magistrale.
Eliminés à la porte de la finale, les Lions de l'Atlas ont disputé six matchs auxquels il faudra ajouter un 7è, soit le maximum d'un mondial à 32 nations, à l'occasion duquel ils retrouveront ce samedi les Vatreni pour une place sur le podium.


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