Maire sortant d'Essaouira, Asma Chaabi ne se représente pas aux communales. À la politique, elle préfère désormais la promotion du leadership féminin, à travers l'adhésion du Maroc à l'International Women's Forum. Le Maroc vient d'adhérer à l'International Women's Forum (IWF). Est-ce le symbole d'un changement survenu au Maroc quant à la condition de la femme ? Je parlerais davantage de plus-value que de symbole. L'IWF, qui existe depuis 1982, est le premier forum à avoir organisé des rencontres entre femmes pionnières dans divers domaines. Aujourd'hui, l'IWF est une scène mondiale qui donne l'opportunité aux femmes de se rencontrer : 21 pays et 3500 femmes y participent. Le Maroc est le premier pays africain à y adhérer. C'est très positif. Et en plus de cette adhésion à l'IWF, nous avons obtenu la possibilité d'organiser l'une des prochaines conférences mondiale du forum, qui se tiendra en mai 2012. Quelle est l'influence du l'IWF sur le leadership féminin marocain ? L'IWF permet de promouvoir le leadership féminin dans tous les secteurs : économique, politique, social, culturel, financier, scientifique, sportif, etc. Cette adhésion est un grand pas en avant pour le Maroc. Cela va porter la voix des femmes marocaines ailleurs. Aujourd'hui, la femme n'a plus besoin d'attendre le 8 mars pour prouver qu'elle existe. A travers ce grand réseau que nous procure l'IWF, nous allons pouvoir nous enrichir. Par le biais de la Fondation pour le leadership, nous aurons l'opportunité de former chaque année 15 femmes pionnières âgées de 25 à 40 ans en les envoyant à Harvard et Cambridge, deux prestigieuses universités des Etats-Unis. Chacune de ces femmes aura l'occasion de se perfectionner dans son domaine, en étant en contact avec d'autres pionnières. Quel sera votre rôle au sein de l'IWF ? En 2008, une délégation de femmes marocaines dont moi-même avons été invitées lors du Congrès mondial de l'IWF à Buenos-Aires en Argentine. Pendant une année, j'ai entretenu une correspondance avec les 3500 membres de l'IWF. Nous avons monté notre propre forum au royaume. Au bout de quelques mois, j'ai invité la présidente mondiale à venir au Maroc pour rencontrer des femmes pionnières. Personnellement, je suis la première femme à avoir été élue maire. Et la délégation marocaine qui m'a accompagnée à Hong Kong était composée de pionnières marocaines : Zineb El Adaoui, la première magistrate et présidente de la Cour régionale des comptes, HennouAllali, la première Marocaine gynécologue rurale à Oulmès, HajbouhaZoubir, la première femme présidente d'une association de développement à Laâyoune, et Karima Mkika, pionnière dans l'humanitaire. La défense des droits féminins vous a-t-elle toujours préoccupée ? J'ai toujours milité pour les droits de la petite “bonne”, pour la scolarisation de la petite fille rurale. Je veux aider les filles et les femmes à émerger. L'idée est de favoriser ce potentiel humain afin d'aider notre pays à avancer. Les actions culturelles peuvent-elles être un vecteur de changement pour la femme ? La culture est transmise par la femme. Je crois en général que ce pays porte sa culture. Le Maroc est un pays qui a gardé sa culture. Pour le mariage par exemple : c'est extraordinaire de voir que tout le monde se marie de la même manière, toutes catégories sociales confondues. Etes-vous engagée dans d'autres actions culturelles ? Je crois que tous les Marocains sont engagés dans la vie culturelle. Nous avons un patrimoine riche et diversifié. Par exemple, à Essaouira, la ville s'est appropriée le festival Gnaoua et Musiques du monde, qui fait la renommée de cette région. Qu'est-ce que c'est, pour vous, la femme moderne du Maroc ? Le jour de l'adhésion du Maroc à l'IWF, un autre pays adhérait également. C'était l'Allemagne. J'étais très fière de voir que nous étions au même niveau que ce pays. La place des femmes est là. Il faut juste la prendre, il faut que la femme marocaine prenne plus de place. J'espère qu'avec les élections communales prochaines, il y aura plus de femmes présidentes de conseils municipaux. La seule façon de se faire entendre, c'est d'être présente. J'encourage toutes les femmes à aller voter. Et la force de la femme marocaine, c'est qu'elle vit entre tradition et modernité.