Ministres de souveraineté et technocrates. Hier aux manettes, aujourd'hui menacée, quel avenir pour cette caste de dirigeants ? La nouvelle Constitution stipule que le chef du gouvernement devra impérativement être issu du parti arrivé en tête des législatives. Que deviendront les technocrates? Les prochains chefs de gouvernement doivent normalement provenir du parti vainqueur aux élections comme l'a déclaré le roi lors de son discours du 17 juin dernier. Néanmoins, cette nouveauté pourrait créer des conflits au sein des partis, du fait qu'il y avait eu auparavant, des propositions de ne plus se limiter au choix du S.G du parti vainqueur des législatives. En ce sens, des voix refusent ce principe et estiment qu'il existe des compétences non négligeables au sein de nos formations politiques qui ne sont pas forcément chefs ou présidents de partis. Estimez-vous que le prochain chef du gouvernement ira jusqu'au bout du pouvoir de proposition que lui donne la nouvelle Constitution ? La nomination du chef du gouvernement peut ce faire ou bien du parti vainqueur des élections ou alors suite à une proposition faite au souverain par plusieurs partis ayant décidé de former une coalition gouvernementale. D'un autre coté, force est de constater que selon la nouvelle Constitution, les ministres qui siègeront au prochain gouvernement ne pourront en aucun cas émaner de la société civile à l'instar de l'ex-ministre de la culture Touria Jabrane. Les prochains ministres devront obéir au jeu démocratique et de ce fait, émaner forcément de la sphère politique et partisane. En clair, le principe des ministres technocrates ou de la société civile n'a plus lieu d'être. Nous avons plus que jamais besoin de respecter les règles de la démocratie comme cela se fait dans les pays démocratiques. Les observateurs estiment que l'interprétation du texte de la Constitution pourrait créer des interférences surtout dans les nominations aux ministères dits de souveraineté. Quel est votre avis là dessus ? La nomination à des postes ministériels est normalement interdite par les textes de la nouvelle Constitution néanmoins, tout dépendra de l'interprétation de ces textes (…) cette question de nomination des ministres renvoie à un point très important, en relation avec la nomination au sein des ministères de souveraineté. J'estime que sur ce volet, on sera face à une multitude de dysfonctionnements. Prenons par exemple le pouvoir judiciaire. Nous savons tous que la nouvelle Constitution a gardé intactes les pouvoirs religieux du roi. Ceci ne causera-il pas une interférence avec les pouvoirs du ministre des Habous et des Affaires Islamiques à titre d'exemple? On peut effectivement s'interroger. Croyez-vous que le Maroc est en passe de vivre une renaissance politique, surtout que certains chefs de partis craignent que les prochaines législatives ne soient pas transparentes? Le Maroc est certes en passe de vivre une renaissance politique, ceci n'empêche pas de dire que le pays, en l'absence d'une réelle volonté partisane et d'une mobilisation générale, ne pourra guère mettre en application la nouvelle Constitution. De ce fait, aucune réforme ne pourra tenir la route ni aboutir sans une réelle prise de conscience de la nécessité d'opérer une remise à niveau des mentalités. Propos recueillis par Mohcine Lourhzal