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Logistiquement vôtre
Publié dans Le temps le 15 - 06 - 2011

La logistique au Maroc accuse un grand retard mais la volonté d'y remédier y est. Analyse.
Après la signature du contrat-programme logistique entre la CGEM et le gouvernement, les projets vont bon train. Pour un secteur où régnait l'anarchie, une mise à niveau de la chaîne logistique devenait pressante. Après le rapport de la Banque Mondiale et l'étude Mc Kinsey sur la logistique au Maroc, une prise de conscience collective a émergé et a découlé sur un contrat-programme qui s'inscrit dans une démarche contractuelle entre le public et le privé. En effet, ledit rapport dresse un constat alarmant : les coûts logistiques représentent 20% du PIB national. Un déficit énorme. La Tunisie, par exemple, se place au 60è rang sur une liste de 150 pays, alors que le Maroc occupe la 94è place, loin derrière la Mauritanie (67è). Un retard que les pouvoirs publics se doivent de rattraper. Ainsi, une feuille de route et un plan d'actions bien définis ont été établis qui analysent les différents flux logistiques existants au Maroc à travers l'élaboration d'une cartographie. Cette dernière a permis en premier lieu de déterminer les modes de transport adéquats à chaque flux en termes de qualité, de sécurité et de fiabilité. D'où la nécessité d'avoir des plateformes logistiques dans les différentes régions du Maroc. Chose dite, chose faite. En vue de la création des 70 zones logistiques, l'Agence marocaine pour le développement de la logistique (AMDL) a été créée. Elle devra installer d'ici 2015 ces zones logistiques dans 17 villes. L'objectif principal est de ramener les coûts logistiques de 20% à 15% du PIB, afin de s'aligner sur les taux observés pour les pays émergents. Cette stratégie va nécessiter des investissements estimés à 60 MdDH mobilisés en grande partie par le secteur privé, et va générer 36 000 emplois (d'ici 2015) et 96 000 emplois à la fin de la stratégie, c'est-à-dire en 2030.
Dossier préparé par M.A.H
Même si elle n'est pas assez développée, la géolocalisation au Maroc est l'objet de toutes les convoitises. Tour d'horizon.
La bataille de la géolocalisation
L'optimisation opérationnelle pour une meilleure productivité s'avère l'une des solutions les plus à même de conforter une entreprise commerciale dans sa croissance. Dans le domaine de la logistique et du transport, où les entreprises disposent d'une imposante flotte de véhicules, le concept de la géolocalisation est la variable la plus importante de cette équation dont la résultante découle sur une meilleure optimisation. En effet, cette technique repose sur un suivi en temps réel de l'ensemble de la flotte dont dispose l'entreprise. Elle entraîne une diminution du coût au kilomètre, un renforcement de la sécurité, une maîtrise de la flotte et par conséquent une gestion optimale et plus productive.
Etat des lieux
Même si au Maroc l'activité n'en est qu'à ses balbutiements, les prémices d'un essor de la géolocalisation se font sentir. La filière souffre encore de plusieurs maux. « Plus de 70% des entreprises dans le secteur du transport et de la logistique travaillent dans l'informel et la modernisation de leur flotte est leur dernier souci », s'indigne Abdelilah Hifdi, président de la Commission transport au sein de la CGEM (Confédération générale des entreprises au Maroc). Et d'ajouter : « Grâce au dernier contrat-programme logistique signé avec l'Etat, nous gardons l'espoir de changer la donne et moderniser davantage les véhicules en les équipant notamment d'outils sophistiqués pour une gestion optimale et une économie de coûts et de délais ». Allusion faite à la géolocalisation ! Une chose est sûre, l'état vétuste du parc des camions et véhicules de transport ainsi que les méthodes de gestion patriarcale ne devraient être dans un avenir proche plus qu'un mauvais souvenir. En attendant ce changement des mœurs, les acteurs locaux de la géolocalisation et les géants mondiaux tissent leur toile et posent les jalons de leur business sur le territoire marocain tout en se livrant à une véritable bataille commerciale et une veille concurrentielle permanente qui en dit long sur l'enjeu de ce marché restreint. Flashback : en 2008, l'entreprise Efficient Technology s'allie au leader européen des solutions de tracking GPS, Data & Mobiles, filiale de France Telecom, pour fournir aux entreprises marocaines une solution de gestion de véhicules et de personnes à distance, appelée DM Fleet. Cette solution consiste en un boîtier GPS/GPRS qui permet de recueillir les données géographiques qui sont instantanément envoyées par GPRS vers les plate-formes informatiques. Les informations y sont traitées, stockées et administrées dans un environnement sécurisé. Ces données sont ensuite accessibles aux clients par des applications Saas sur Internet. Positions géographiques en temps réel, états de synthèse, rapports sur les flottes et sur le personnel itinérant. Tout y est détaillé avec précision. Un service intéressant pour les entreprises voulant opter pour la géolocalisation. « Ce partenariat avec un leader européen reconnu dans le domaine de la géolocalisation a donné le coup d'envoi d'une véritable course vers les parts de marché. Car à aujourd'hui, le marché potentiel de la géolocalisation au Maroc est estimé à environ 450 000 véhicules d'entreprises et d'administrations publiques », commente un professionnel du secteur qui a requis l'anonymat. Un marché qui représente une aubaine commerciale pour des entreprises qui se comptent sur le bout des doigts.
La guerre ne fait que commencer !
Présente sur le marché depuis près d'une vingtaine d'années, Geomatic fait partie des entreprises pionnières de ce secteur. Elle emploie plus d'une quarantaine d'ingénieurs et techniciens et s'active notamment au-delà des frontières marocaines. En marge de l'opération stratégique d'Efficient Technology, Geomatic ne pouvait pas rester les bras croisés au risque de voir sa prédominance sur le marché marocain compromise. Réaction : en 2009, la société scelle un partenariat avec Telespazio France (groupes Finmeccanica et Thales) et Novacom Services (filiale de CLS et Telespazio). Cette collaboration a débouché sur une offre de services professionnels de géolocalisation plus compétitive, plus pratique, compatible avec plusieurs plates-formes et bénéficiant d'une couverture mondiale. Au moment de mettre en pratique la nouvelle solution au Maroc et de communiquer autour de ses fonctionnalités auprès des opérateurs concernés, un nouvel arrivant fait son entrée sur le marché. Et il ne s'agit pas d'une start-up ou d'une entreprise de taille modeste : Tom Tom, leader mondial de la navigation et de la localisation, compte tirer profit de ce marché et il n'y va pas par quatre chemins.
Fin 2010, Frédéric Langin, vice-président des ventes France, Moyen-Orient et Afrique du Nord du géant mondial Tom Tom déclare : « Nous apportons cette navigation de haute qualité au Maroc à des prix compétitifs et nous sommes confiants sur le fait que nous pouvons atteindre au Maroc une position de leader comme c'est le cas dans le reste du monde. » Cette déclaration a été faite à l'occasion de l'introduction de deux produits phares du leader mondial. Même si le groupe s'intéresse davantage aux particuliers avec des GPS pratiques et high tech, le top management de la multinationale nous confie qu'il compte investir de façon agressive le marché de la géolocalisation, via une opération séduction destinée aux entreprises du secteur du transport et la logistique. C'est dire que la guerre commerciale et la bataille pour des parts de marché s'annoncent rudes. « Ce n'est qu'une question de temps », estiment des observateurs. Le temps que les véhicules s'équipent de terminaux de localisation et que les entreprises modernisent leur flotte. Le premier à asseoir sa notoriété et qui se démarquera par rapport aux autres aura pris une longueur d'avance sur les autres.
«Le Maroc est un marché prioritaire pour Tom Tom»
Que représente Tom Tom aujourd'hui ?
Tom Tom a été créé il y a plus de 20 ans. Aujourd'hui, nous sommes le leader mondial dans la navigation et la localisation. Nous employons 3.300 personnes et avons réalisé en 2009 un chiffre d'affaires d'environ 1,5 milliard d'euros. En 2004, nous avons créé un produit tout-en-un avec la possibilité de naviguer d'un point à l'autre aisément. Un produit qui a fait ses preuves sur des marchés matures comme en Europe de l'Ouest ou aux Etats-Unis. Notre objectif aujourd'hui est de consolider notre pénétration géographique et le développement de nos applications sur une plus grande panoplie de plateformes comme les smartphones par exemple.
Quels sont vos objectifs pour le Maroc ?
Le Maroc est le deuxième pays après l'Afrique du Sud qui fait l'objet d'une commercialisation de nos produits. En avril 2010, nous avons introduit deux produits phares de la marque et les ventes se sont bien comportées avec une moyenne de 100 unités écoulées par semaine. Nous travaillons également avec des constructeurs automobiles comme Renault, Toyota, Mazda ou Fiat et nos GPS seront intégrés dans les véhicules Renault montés au niveau de l'usine de Tanger. Nous allons effectuer un accompagnement de ce marché et observer le taux de pénétration par rapport au parc automobile, ce taux étant de 40% en Europe. D'un autre côté, les informations rassemblées par nos serveurs à Amsterdam pourraient servir d'aide à la décision aux autorités marocaines.
Comment comptez-vous investir le marché marocain ?
Pour la cartographie, il y a très peu d'acteurs spécialisés au Maroc. Nous essayerons de réaliser une joint-venture avec un acteur local (comme ce fut le cas en Chine). Cet acteur nous fournira une première version satisfaisante de la carte, et, en s'appuyant sur nos dernières technologies en l'occurrence le iq-route, nous compléterons cette carte de façon optimale. Quant à la géolocalisation, nous introduirons de nouveaux services en 2011 destinés à la gestion de flotte. Vous savez, dans 15 ou 20 ans, tous les véhicules seront équipés d'un terminal de localisation. La bataille se joue maintenant et en fonction du taux de pénétration, nous déciderons quant à une implantation au Maroc.
Actuellement, la loi relative à la stratégie logistique est devant le Parlement. Analyse.
La stratégie, enfin !
«La Stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique (SNDCL) est venue renforcer les politiques sectorielles mises en chantier au Maroc dans divers domaines », a fait remarquer, mercredi 22 avril à Casablanca, M. Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et du transport. « Cette stratégie a pour objectif d'accroître les capacités compétitives des différentes politiques dédiées à la promotion de l'industrie (Emergence), de l'agriculture (Maroc Vert), du commerce intérieur (Rawaj), de la pêche (Halieutis) ou encore de l'énergie », a-t-il précisé lors d'un point de presse donné en compagnie de M. Mohamed Horani, président de la CGEM. « L'objectif est d'atteindre une compétitivité globale qui n'est autre que la somme de la compétitivité de la production et celle de la logistique », a-t-il indiqué rappelant que « la SNDCL devra faire baisser le coût de la logistique de 20% du PIB actuellement, à 15% en cinq ans. » Cette baisse sera bénéfique à l'économie nationale, elle profitera aux entreprises, encouragera l'emploi et l'investissement notamment étranger. Elle permettra ainsi d'augmenter la croissance de l'économie nationale de 3 à 5 points du PIB à l'horizon 2015, soit une valeur ajoutée additionnelle de 20 MdDH sur une période de 10 ans. Elle génèrera 36.000 emplois d'ici 2015 et 96.000 à l'accomplissement de la stratégie (2030). En effet, le recul du coût de la logistique se répercutera sur les prix des marchandises, impactera positivement le pouvoir d'achat des citoyens et participera à la maîtrise des réseaux de distribution.
Une loi qui se veut bio
L'environnement n'est pas en reste : cette stratégie permettra une réduction des nuisances notamment des émissions de CO2 de 35% à l'horizon 2015, sans oublier la décongestion des routes et des villes du fait d'une meilleure organisation du transport. Par ailleurs, la loi portant création du Comité de pilotage et de suivi du plan d'action de la stratégie, qui sera présidé par le Premier ministre, a été soumise au Parlement pour adoption. Les professionnels n'attendent actuellement, que le bon acheminement de la loi pour une adoption ultime. La stratégie s'articule autour de 5 axes : tout d'abord le développement et la mise en œuvre d'un réseau national intégré des zones logistiques multi-flux. Le second axe a trait à l'optimisation des flux de marchandises. Le troisième axe concerne la mise à niveau et l'incitation à l'émergence d'acteurs logistiques intégrés et performants à travers notamment la restructuration du transport routier de marchandises et la mise à niveau des donneurs d'ordre. Le quatrième axe porte sur le développement des compétences dans les métiers de la logistique. Enfin, le cinquième axe concerne la gouvernance pour la mise en œuvre de la stratégie à travers la mise en place du Comité de pilotage, de l'Agence marocaine pour le développement de la logistique et de l'Observatoire de la compétitivité logistique.
Le Maroc est en effervescence et les projets se multiplient. Retour sur quelques projets d'investissements infrastructurels.
Le Maroc en chantier
constructions d'autoroutes, extension du réseau ferroviaire, nouveaux terminaux, un port révolutionnaire à Tanger … Le Maroc est en plein chantier. Ses infrastructures se développent et se consolident et les projets d'envergure fourmillent. Conscient de la vitalité de ce créneau, le Monarque veille en personne au bon déroulement de ces projets. C'est dire que l'émergence d'un pays repose sur plusieurs piliers où les infrastructures sont les plus fondamentales. Parmi ces projets figure celui du TGV. Le projet a fait l'objet d'études approfondies depuis 2004. L'accord signé entre le Maroc et la France a confié la construction, l'exploitation et l'entretien du TGV Casablanca-Tanger à Alstom, l'un des acteurs majeurs à l'échelle mondiale dans le secteur ferroviaire.L'enveloppe dédiée à ce projet est de 20 milliards de dirhams.
Des avantages indéniables !
Les fonds sont assurés par l'Etat, des prêts internationaux ainsi que le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. A signaler que la France a octroyé un prêt au Maroc d'un montant de 625 millions d'euros pour financer l'achat des équipements et du matériel. Par rapport à ce volet, Alstom devra livrer 18 rames de train à très grande vitesse à deux niveaux (Duplex).
Si le volet financement semble plus ou moins clair, celui de la rentabilité de la ligne TGV demeure ambigu. Rappelons que ce point a été soulevé en 2009 quand des députés au Parlement avaient pointé du doigt deux failles dans le projet de Karim Ghallab, le ministre de l'Equipement et des transports. L'absence d'appel d'offres et le manque d'éléments étayant la rentabilité supposée du projet. Outre ces failles, le projet présente plusieurs avantages. En effet, les trains qui rouleront à 320 km/h en vitesse commerciale, permettront de réduire le temps du trajet Tanger-Casablanca de cinq heures aujourd'hui à deux heures et dix minutes. L'ONCF attend 8 millions de voyageurs sur la ligne du TGV. Elle prévoit aussi un taux de rentabilité de 12,6%. Toutefois, cette estimation reste relative puisque la discrétion couvre toujours le prix à payer pour voyager en TGV. La livraison quant à elle est prévue pour 2014 quand les travaux d'infrastructure et d'équipements ferroviaires prendront fin. La mise en service commerciale de la ligne est programmée en décembre 2015 après avoir mené tous les tests exigés pour ce type de ligne. Ce projet donnera un véritable coup de pouce à l'infrastructure ferroviaire. Avec un trafic de voyageurs qui augmente de 10 à 15% par an, les trains sont parmi les moyens de transport les plus sollicités. De plus, l'axe Casablanca-Tanger est parmi les axes les plus empruntés, puisque Tanger connaît un développement économique croissant grâce notamment à son port. Casablanca, quant à elle, demeure le poumon économique du Maroc. Last but not least, le passage au TGV révèle un souci de développement durable. Les liaisons à grande vitesse pourraient constituer des opportunités d'investissement et de création d'emplois. Il aurait aussi des retombées positives sur l'aménagement territorial.
Tramways de Rabat et Casablanca : retour sur deux projets innovants qui relookeront l'urbanisme de nos villes…
Les trams arrivent !
ils sont rapides, économiques, modernes et respectueux de l'environnement. Les tramways font du transport en commun un plaisir à vivre. Pas aussi historiques que les «Cable Cars » de San Francisco, l'un des tramways les plus anciens au monde, et pas aussi révolutionnaires que les trams à propulsion électromagnétique japonais, les tramways de Casablanca et Rabat-Salé sont venus répondre à un besoin pressant de décongestionnement du trafic urbain. Loin de satisfaire les citadins rbatis et casaouis, les bus sont devenus vétustes et leurs disponibilités dépendent de la profitabilité d'une zone particulière au dépend d'un service adéquat proposé aux citadins. En effet, les quartiers représentant un trafic inférieur aux attentes des délégataires de ce transport en commun, en terme de profit commercial, sont tout simplement moins desservis que les zones où le trafic est abondant. En plus, le service est, de façon relative, qualitativement bas. Face à ce constat, un autre service de transport plus efficace, pratique et permettant plus de fluidité s'imposait.
Et Rabat Tram voit le jour !
C'est ainsi, et sur la base des études de conception menées en 2005 et 2006, que l 'Agence pour l'Aménagement pour la Vallée du Bouregreg, mandatée et chargée de réaliser le projet de tramway de Rabat, en partenariat avec les communes de Rabat-Salé, a lancé les travaux de réalisation de deux lignes de tramway pour l'agglomération en février 2007. Au mois de novembre de la même année, le marché du matériel roulant a été adjugé au français Alstom. Deux années plus tard, les travaux de déviation ont été achevés avec succès et les travaux de la voierie et de l'aménagement urbain sont entamés. Il a fallu attendre avril 2010 pour recevoir la première rame et passer ensuite aux essais pour mettre enfin en service le tramway fin 2010. Le budget global de cette première phase (comprenant deux lignes sur les quatre prévues pour ce projet) est estimé à près de 4 MdDH. En effet, dès 2010, deux lignes de tramway sont opérationnelles sur un parcours de 19,5 km. Cette première phase de réalisation a été développée en fonction des besoins de déplacements les plus importants, des possibilités de financement et de la nécessité de limiter dans le temps et dans l'espace, les travaux sources de perturbation de la vie locale. Le tracé a été étudié pour une desserte clientèle optimale, qui pourra être développé pour les besoins futurs en déplacements. Sur le long terme, le réseau du tramway sera composé de quatre lignes avec deux traversées du fleuve Bouregreg.
Casablanca également !
Pour ce qui est de la capitale économique, la mise en place du projet d'un tramway est l'une des grandes recommandations du Plan de déplacement urbain (PDU) dont les études avaient été initiées par la Région du Grand Casablanca en 2004.
Dans le détail, la première ligne du tramway de Casablanca sera d'une longueur de 30 km.
Elle présentera 49 stations d'arrêt partant du quartier Sidi Moumen, transitant par le centre-ville pour arriver en fourche à Hay Hassani et au Quartier des facultés. La durée du trajet de terminus à terminus sera de l'ordre de 55 min pour un tramway qui circulera à une vitesse moyenne de 20 km/h (vitesse commerciale comprenant les temps d'arrêt). Le nombre de voyageurs transportés est estimé à 250.000 par jour. En semaine, le tram circulera de 5 h du matin à minuit et le week-end de 5 h du matin à 1 h du matin. La fréquence de passages est de 4 min en heures de pointe. Pour la réalisation de ce projet, une convention de financement a été signée le 21 octobre 2008 pour un montant de 6,4 MdDH dont 4 milliards en fonds propres et le reste par des emprunts garantis par l'Etat. Le pilotage de la mise en œuvre du projet est assuré par la société Casablanca Transports en Site Aménagé, société anonyme créée début 2009. Actuellement, la société en charge de la réalisation du projet a lancé un appel d'offres international pour les travaux d'installation des lignes aériennes de contact tout au long des 30 km du tracé du tramway. Dix groupements ont remis des offres et, à l'issue du jugement de ces offres, le groupement Cegelec Centre Est / Cegelec Maroc a été déclaré adjudicataire du marché pour un montant de 120 MDH. Les travaux d'installation des lignes aériennes de contact ont été entamés fin 2010 et dureront jusqu'en 2012.
15 fois moins polluant que la voiture…
Outre la composante projet de transport, qui contribuera d'une part à palier le manque de transports en masse au sein des deux agglomérations et d'autre part générera un équilibre entre les différents quartiers en désenclavant les périphéries, les tramways de Casablanca et Rabat-Salé se veulent également des projets d'aménagements urbains, environnementaux et sociaux : le tramway est 15 fois moins polluant que la voiture et les dessertes se feront dans les quartiers périphériques des villes permettant une accessibilité aux différentes couches sociales et une facilité d'accès pour les personnes à mobilité réduite comme les femmes enceintes ou les personnes âgées. Ces projets représentent ainsi pour les citadins la façon la plus optimale de vivre leur ville en toute sérénité et en toute sécurité.
« L'Etat est conscient de l'importance de la logistique »
La CGEM et le gouvernement s'apprêtent à signer un engagement bilatéral dans le secteur de la logistique. Sur quoi repose cet accord ?
Le contrat programme a déjà été signé entre la CGEM et le gouvernement en avril 2010, avec le premier contrat d'application (zone logistique de Casablanca) d'une série de 10 contrats d'applications. Ce qu'il reste à établir ce sont les 9 autres contrats d'applications qui devront faire l'objet de nouvelles signatures.
Le secteur de la logistique participe à hauteur de 5% du PIB national et emploie plus de 300 000 personnes. Les observateurs estiment que les actions entreprises par l'Etat restent insuffisantes et ne permettent pas un réel décollage du secteur. Comment voyez-vous cette position ?
On ne peut pas parler d'insuffisance puisque l'Etat a pris conscience de l'importance de la logistique au Maroc, ce qui avait donné lieu à une étude réalisée par la Banque Mondiale en 2006. Puis le ministère du Transport et de l'équipement a à son tour commandité une étude au cabinet Mc Kinsey sur la stratégie logistique du Maroc. Ceci s'est finalement traduit par la signature en présence de Sa Majesté d'un contrat programme pour le secteur de la logistique entre la CGEM et le gouvernement ! Par conséquent, je ne vois pas comment on peut dire que rien n'a encore été fait pas l'Etat. Le processus est lancé il faut juste avancé un peu plus vite, avec notamment le fait que l'AMDL soit opérationnel.
Plusieurs centaines d'hectares seront alloués à la création de zones dédiées spécialement à la logistique et notamment Casablanca, Tanger et Tétouan qui bénéficieront de 567 ha à l'horizon 2015 et 926 en 2030. Qu'en est-il des autres villes et régions du royaume ?
Il est prévu plus de 3 000 ha au niveau national mobilisé au profit du secteur de la logistique, le foncier étant essentiellement public. Pour les régions, un contrat d'application traite uniquement de l'aménagement des différentes zones logistiques dans les différentes régions du Maroc. Bien entendu, l'AMDL portera ce projet et le fera en concertation avec les pouvoirs publics des régions et les unions régionales de la CGEM.
Le paysage aérien marocain est dopé par d'importants investissements de l'ONDA.
L'ONDA revit
depuis 2006, date de signature de l'accord d'Open Sky entre le Maroc et l'Union Européenne, le paysage aérien marocain évolue à une grande vitesse. Qui dit libéralisation de l'espace aérien, dit nouveaux arrivants. Des compagnies aériennes desservent les villes marocaines et dégagent un volume important de vols quotidiens. Un constat bénéfique pour le tourisme marocain pourvu que l'infrastructure aéroportuaire soit au rendez-vous ! Ce n'est pas fortuit qu'un programme d'investissement colossal soit lancé par l'Office national des aéroports (ONDA) et ce depuis les années 2000. Un programme financé progressivement et en grande partie par la Banque africaine de développement (BAD) et qui couvre plusieurs années. Les projets visent la modernisation des aéroports existants ainsi que la réalisation d'ouvrages spécifiques à même de permettre au Maroc de créer des hubs régionaux à l'instar de celui de la métropole casablancaise offrant un bon niveau de fiabilité et de couverture. Dernier projet en date, l'ONDA, sous la houlette de son directeur général, Dalil Gendouz, a lancé courant 2010 deux appels d'offres de pré-sélection pour la construction de nouveaux terminaux dans les aéroports de Fès-Saïss et de Marrakech-Ménara, visant à multiplier par 6 la capacité de celui de Fès pour arriver à 3 millions de passagers, et doubler celle du second avec 10 millions de passagers. La date limite de dépôt de soumission à ces offres a été fixée au 30 septembre 2010. Un projet ambitieux qui accompagne les efforts en matière d'attraction touristique des deux villes. Même objectif mais réalisé cette fois-ci à Essaouira qui s'est dotée d'un terminal qui n'a rien à envier aux terminaux les plus modernes. Il a nécessité la coquette somme de 185 MDH et s'étale sur une superficie de 3.000 m2. Il dispose, en outre, d'une capacité d'accueil annuelle de 300 000 passagers. Ces investissements font partie du dernier programme quinquennal entre l'ONDA et la BAD, qui prendra fin en 2014. Son coût total est estimé à 3,37 MdDH et sera couvert à 75% par un prêt de la Banque africaine, soit 2,7 MdDH.
Casablanca, premier hub régional
Les besoins d'investissement ont été revus à la hausse. Le trafic de voyageurs a atteint en 2010 plus de 15 millions de passagers contre 7 millions en 2004, deux années après le début du programme, selon un rapport de la BAD. Cette hausse du trafic nécessitera une adaptation ultime des infrastructures et des équipements afin d'assurer un service de qualité en conformité avec les standards internationaux.
Par ailleurs, une attention particulière a été portée sur l'aéroport de Casablanca qui deviendra à l'horizon 2012 le premier hub international entre l'Europe et l'Afrique de l'Ouest en assurant actuellement 70% du trafic international de type hub. M. Abdelhanine Benallou, ex-DG de l'ONDA avait engagé les travaux d'extension de cet aéroport. Cependant, les travaux de la troisième piste d'envol dudit aéroport ont été reportés jusqu'en 2015, reste à savoir si M. Guendouz anticipera l'imminent besoin de cette piste d'envol.
Fruit d'une stratégie industrielle ambitieuse dans les NTIC, les technopôles abondent dans le royaume.
Les 20 000 lieux de la High-tech
Ils sont de plus en plus nombreux à venir s'installer au Maroc. Logica, Sopra group, Capgemini, Axway, Dell ou Egide. Des multinationales spécialisées dans les technologies de pointe, les NTIC ou les services informatiques commencent à s'intéresser au Maroc. La cause ? Le Maroc présente des avantages non négligeables : une offre compétitive, une main d'œuvre qualifiée et bon marché, des incitations fiscales et des mesures d'accompagnement mais aussi et surtout la construction d'infrastructures et l'émergence de zones dédiées aux activités technologiques. L'intérêt pour ce genre d'activités ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en 1998, le gouvernement dirigé à l'époque par M. Abderrahmane Youssoufi a inscrit parmi ses priorités l'insertion du Maroc dans la société de l'information et du savoir. En avril 2001, après une large concertation nationale, la stratégie e-Maroc est née. C'est ainsi que le premier technopôle d'envergure voit le jour à Casablanca la même année. Le Casablanca Technopark s'est positionné par la suite comme l'un des technopôles les plus reconnus à l'échelle mondiale. Environ 150 entreprises marocaines et étrangères sont installées dans les 29 000 m2 de superficie qu'offre la plateforme casablancaise, où plusieurs activités se côtoyent, de l'Internet à l'e-business en passant par les télécommunications et le développement logiciel.
Quand Mc Kinsey livre sa copie !
Ce n'est qu'en 2004, date de livraison de l'étude du cabinet McKinsey que la vague de mise en place de telles infrastructures a pris de l'ampleur. L'étude étalée sur 1 800 pages a découlé sur le programme « Emergence » avec des stratégies carrément industrielles pour sept métiers mondiaux que le cabinet a identifié, à savoir : l'automobile, l'aéronautique, l'électronique de spécialité, l'agroalimentaire, les produits de la mer, le textile et l'offshoring. Ce dernier a joui d'une attention particulière de la part du gouvernement, qui a insisté pour avoir des technopoles à travers tout le Royaume. C'est ainsi que sont nés le technopôle de Bouznika en 2004, Rabat Technopolis en 2006, Fès Technovalley en 2007, le technopôle Ibn Khalid d'Oujda en 2009, le projet du technopôle de Tanger, Casaneashore Park et, tout récemment le technopôle d'Agadir.
En étant incubateur d'entreprises émanant du secteur privé, ces infrastructures jouissent d'une gouvernance efficace, d'un accompagnement permanent et d'une attention gouvernementale particulière. Des atouts qui, conjugués à une main-d'œuvre des plus qualifiée de la région, représentent des avantages compétitifs sérieux pour d'éventuelles implantations de grands noms des NTIC et de l'informatique au pays. La cyber-utopie californienne de la Silicon Valley n'est plus inaccessible…
Pour accompagner la réforme de la filière logistique, les écoles proposeront des formations ciblées. Tour d'horizon.
Les formations au rendez-vous !
en juin 2006, le ministère de l'Equipement et du transport du Maroc en collaboration avec la Banque Mondiale publiaient les résultats d'une étude sur la performance de la logistique du commerce au Maroc. Cette étude mettait en exergue plusieurs éléments : en premier lieu, le rôle majeur et déterminant de la logistique dans la compétitivité de l'économie marocaine ; elle identifiait ensuite les domaines de la logistique au Maroc pour souligner en troisième point l'importance de son amélioration tout en proposant un plan d'action pour la transition vers une logistique moderne. Aussi, le Maroc souffrait-il d'importantes carences en matière de formations dans des domaines vitaux pour un pays tourné vers l'ouverture. C'est pourquoi, dans la volonté de modernisation de la chaîne logistique Marocaine, Sa Majesté le Roi Mohammed VI présente, le 21 avril dernier à Mohammedia, les grands chantiers visant à doper la compétitivité logistique et économique marocaine, avec notamment la naissance d'un partenariat public-privé. Avec un investissement de 116 milliards de dirhams (plus de 10,5 milliards d'euros) sur les 20 prochaines années, ce partenariat permettra une création d'emplois massive. Or, les emplois en question supposent un certain nombre de compétences et par conséquent des formations adéquates. Il convient donc de s'interroger sur ce que proposera le paysage académique marocain pour outiller les logisticiens de demain.
Le public s'active
En mai 2010, le directeur général de l'OFPPT, Larbi Bencheikh, a rappelé la priorité accordée au secteur de la logistique à travers un dispositif de formations dédié, composé de 3 établissements sectoriels situés à Casablanca, Tanger et Agadir et totalisant une capacité d'accueil de près de 2.000 stagiaires. Pour rappel, le pays était encore à la traine au début des années 2000 et ne pouvait garantir de formations à plus de 200 personnes. Un retard que l'OFPPT a décidé de rattraper. Ainsi, plusieurs projets sont déjà inscrits pour répondre à l'évolution du secteur. L'office multiplie les partenariats, faisant appel au principal acteur local du secteur : la Fédération nationale du transport routier (FNTR). Il est question d'injecter un montant global de 25,6 millions de dirhams dans la création et la gestion de sites de formations. La Fédération sera chargée de la définition des besoins, l'acquisition des équipements, l'élaboration des programmes, le recrutement, la formation des formateurs et la mise en place d'une démarche qualité. L'Office, quant à lui, devra veiller à l'adaptation des cursus de formations, à l'élaboration des programmes (de concert avec la FNTR), élargir et diversifier l'offre de formations (en réponse aux besoins des professionnels), et favoriser l'implication effective de la fédération à travers la cogestion des établissements sectoriels. En effet, il s'agit de répondre aux besoins exprimés par les entreprises demandeuses de métiers tels que : responsables de gestion d'entrepôts ou de magasins, responsables de l'encadrement et de la gestion des opérations logistiques, réceptionnaires, préparateurs de commandes, expéditeurs, caristes, conducteurs d'engins de manutention et de levage, manutentionnaires, agents de maintenance… Les pouvoirs publics s'engagent en outre à former près de 60.000 personnes tous profils confondus à l'horizon 2015. Ces formations s'appuieront sur le système de l'enseignement supérieur : universités, grandes écoles d'ingénieurs et écoles de techniciens. Elles s'articuleront autour du développement de masters spécialisés ; il est également prévu de recourir au plan 10.000 ingénieurs avec l'adaptation de certaines filières aux besoins en logistique ainsi que l'activation des filières généralistes Bac+3 et Bac+2. Les opérateurs privés ne seront pas en reste : soutenus par l'Etat (soutien financier notamment), ils seront encouragés à créer des instituts spécialisés de formations dans les domaines de la logistique, notamment ceux non couverts par l'OFPPT, comme le transport ferroviaire ou maritime. L'Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC) sera elle aussi mise à contribution pour des partenariats avec les opérateurs privés de formations spécialisées dans ces métiers.
L'enseignement privé mis à contribution
À l'échéance 2015, le Maroc souhaite former quelques 800 managers, 1.500 ingénieurs, 12.950 techniciens et 46.300 opérateurs spécialisés, soit au total 61.600 personnes. Autant dire que la capacité d'accueil des écoles publiques est mise à rude épreuve. C'est donc aux acteurs privés de proposer un circuit parallèle, couvrant souvent les profils non assurés par l'OFPPT et les autres établissements publics. Les opérateurs de l'enseignement logistique-transport privés sont attendus plus que jamais afin de développer des masters spécialisés au sein du système supérieur marocain (universités et grandes écoles privées), appuyer l'activation du système supérieur marocain (grandes écoles d'ingénieurs, universités, écoles supérieures techniques), promouvoir la formation spécialisée sur les métiers logistiques et enfin participer à la création des 19 filières définies par le contrat-programme. Citons à titre d'exemple : manager en commerce international et logistique multimodale, ingénieur conditionnement et génie de la chaîne du froid, responsable d'équipe logistique, ou encore préparateur de commandes. Ces établissements délivreront essentiellement des DUT, des Bachelors, des Masters et des Masters spécialisés, soit des formations s'échelonnant de 2 à 6 ans et le plus souvent sanctionnées par un co-diplôme étranger.
Yassine Ahrar
Le coup de pouce européen
Histoire de mettre toute les chances de son côté, le Maroc s'est aussi adjoint les services d'un partenaire de choix, le numéro Un européen de la formation dans le transport et la logistique : AFT-IFTIM. Ce groupe français sera le premier à implanter une institution publique au Maroc. Il y a deux ans, l'institut, en collaboration avec la prestigieuse école Ponts & Chaussées, ouvrait accès à son premier master spécialisé, formant ainsi des profils de directeur supply chain ou encore de directeur logistique. Le groupe AFT-IFTIM est l'émanation de professionnels français ; il fonctionne selon un schéma paritaire qui a déjà fait ses preuves au-delà des frontières de l'Hexagone. Dans le contexte actuel de la pression sur les besoins, s'appuyer sur le schéma français peut permettre d'aller plus vite. A noter que le Maroc n'est pas une terre inconnue pour le groupe AFT-IFTIM : depuis quatre ans, ce dernier est associé avec des professionnels marocains dans un établissement de formation, l'Institut supérieur de transport et logistique (ISTL). C'est en outre ce même groupe qui a accompagné le gouvernement à la création de l'Institut des métiers de transports de Sidi Maârouf à Casablanca. Il vient d'être chargé d'une étude d'ingénierie pour permettre de calibrer les investissements nécessaires en matière de formation. Une initiative louable à plus d'un titre. Reste à savoir si le trio état-privé-étranger suffira à forger les élites logistiques de demain. Seule la date butoir de 2015 nous le dira…


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