Selon Abdelilah Hifdi, les pouvoirs publics ont mis au point, en partenariat avec le secteur privé, un programme d'optimisation de la compétitivité du secteur logistique, avec la participation active de l'ensemble des opérateurs économiques et des collectivités territoriales. ALM : Quel bilan faites-vous de la stratégie nationale logistique lancée il y a une année ? Abdelilah Hifdi: La formule de gouvernance retenue par le contrat-programme cadre 2010-2015 entre le gouvernement et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) prévoit la mise sur pied d'un comité de pilotage présidé par le Premier ministre où siègent les représentants des ministères directement concernés par les actions qui y sont inscrites et le président de la CGEM. Ce comité est chargé de fixer les priorités, de lancer les travaux de chaque chantier, de résoudre les points d'arbitrage et de valider et communiquer sur l'avancement des différents chantiers et de résoudre les points d'arbitrage. Il prévoit aussi l'installation de comités de suivi de la mise en œuvre de dix contrats d'application et d'organisation de rencontres annuelles pour faire l'état des lieux, le bilan des actions et des résultats par rapport aux objectifs, ainsi que la présentation des opportunités, en ce qui concerne l'investissement, l'emploi, la formation, etc. Pour permettre à ces organes de mener à bien leurs missions, la gouvernance du contrat prévoit la création de l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) qui constitue un outil dédié à l'animation et la mise en cohérence du contrat- programme et des différents métiers qui s'y attachent localement, régionalement et au plan national. Or, le projet de loi créant l'AMDL a été déposé au Parlement et fera l'objet d'un examen probablement lors de la cession en cours du printemps. Comment allez-vous faire pour développer les objectifs de cette stratégie dans le transport routier ? Il y a lieu de rappeler d'abord que l'étude de la stratégie de développement intégré de la compétitivité logistique au Maroc qui a donné lieu à la signature du contrat-programme cadre que j'ai évoqué avait fait le diagnostic de la situation qui prévaut dans la logistique. Elle a signalé entre autre que le secteur du transport routier de marchandises constituait le maillon le plus important de la chaîne logistique mais le plus faible en terme de performance. C'est pourquoi, parmi les dix contrats d'application retenus par le contrat-programme cadre figure celui relatif à la régulation et la mise à niveau des acteurs du transport routier de marchandises. Valeur aujourd'hui, seul ce contrat d'application est prêt pour la signature par le ministère de l'Equipement et du Transport et la FT CGEM. En effet, les deux parties ont préparé, en partenariat, la matrice de ce contrat qui s'articule autour de sept axes. La restructuration du secteur du transport routier de marchandises. L'amélioration du cadre juridique des entreprises du transport routier de marchandises. La compétitivité de ces entreprises. Le développement du transport international. La prévention et la sécurité routières . La modernisation du contrôle en matière de transport routier. La préservation de l'environnement par les moyens de transport par route. La régulation et la mise à niveau du secteur que permettra la mise en application des 43 actions et 84 mesures de mise en œuvre détaillées par ces axes, sont de nature à faire jouer au secteur du transport routier son rôle d'auxiliaire de toutes les autres activités économiques et de contribuer à améliorer la qualité de la logistique et de diminuer son coût actuellement prohibitif évalué à 20% du PIB contre 10% dans les pays développés et de 15 à 17% dans les pays émergents tels que l'Inde, le Brésil et le Mexique, plaçant le Maroc à une place derrière les pays de la région. Comment se porte actuellement le secteur de la logistique au Maroc? La logistique représente d'une manière générale et en particulier au Maroc des enjeux importants en termes de compétitivité économique et de croissance, ainsi qu'au plan social et de développement durable, en termes de congestion urbaine, de pollution et de sécurité routière. Or, l'on constate qu'au Maroc, le coût de la logistique est prohibitif tel que je l'ai précisé. Ce coût excessif est corroboré par la faiblesse de l'indice de performance de la logistique au Maroc. Cet indice prend en compte la qualité du transport et de l'infrastructure, l'accessibilité et la facilité d'organiser les flux de transport international, les compétences logistiques des acteurs nationaux, la traçabilité et le suivi, les coûts logistiques domestiques, le respect des délais et l'efficacité des procédures de dédouanement. Sur cette base, la Banque mondiale qui a procédé à un benchmark a classé le Maroc au 94ème rang, après plusieurs pays de la région tels que la Tunisie (60ème), le Soudan (64ème) et la Mauritanie (67ème). En ce qui concerne les compétences logistiques des acteurs nationaux, la place du Maroc n'est pas enviable puisqu'il est classé 119ème derrière ces mêmes pays de la région. Pour toutes ces raisons, les pouvoirs publics ont mis au point, en partenariat avec le secteur privé, un programme d'optimisation de la compétitivité du secteur logistique, avec la participation active de l'ensemble des opérateurs économiques et des collectivités territoriales. Ce programme a été établi suite à une étude approfondie menée par un consultant international, dont la compétence en la matière est avérée et à laquelle la FT-CGEM a participé aux niveaux du pilotage et du suivi, ainsi qu'à la définition des mesures à prendre pour la mise à niveau du transport routier de marchandises. C'est ce programme qui a été traduit en contrat-programme cadre, entre le gouvernement et le secteur privé représenté par la CGEM et qui devrait assurer, par ailleurs, la cohérence avec la politique de développement sectorielle qui est menée aussi dans le cadre du partenariat public-privé. Ainsi, ce contrat prévoit le développement des plates-formes logistiques à travers la mise en place d'un schéma national intégré des zones logistiques multi-flux. Celles-ci consistent en des zones d'activités logistiques regroupant un ou plusieurs types de plates-formes en cinq types différents que sont les plates-formes conteneurs, de distribution et outsourcing logistique, d'agro-commercialisation, de matériaux de construction et des plates-formes céréalières. Qu'en est-il du plan d'action visant la modernisation et la restructuration du transport routier ? S'agissant du transport routier de marchandises, il convient de rappeler qu'il a fait l'objet de la libéralisation par la loi 16.99 à partir de 2003. En l'absence de mesures préalables à cette libéralisation pendant la période transitoire de 2000 à 2003 retenue par la législateur, le ministère de l'Equipement et du Transport et la FT ont passé un contrat-programme couvrant la période 2003-2006 qui contenait des mesures à caractères technique, économique, social et fiscal. En juin 2006, les deux parties à ce contrat ont procédé à l'évaluation de cette libéralisation et arrêter sur cette base, un nouveau contrat-programme axé sur les mesures devant combler les lacunes constatées lors de l'établissement du premier contrat et inscrivant des actions portant progrès du secteur du transport routier de marchandises. Le nouveau contrat a été conçu en tant que contrat d'application du contrat-programme cadre entre le gouvernement et le secteur privé représenté par la CGEM pour le développement de la compétitivité logistique du Maroc, car il vise la régulation et la mise à niveau des acteurs du transport routier de marchandises. Sa signature devrait avoir lieu dans les prochains mois.