Laurent Gbagbo trouvera les moyens de contourner les sanctions économiques prises pour le forcer à quitter le pouvoir en Côte d'Ivoire, a affirmé dimanche son gouvernement. La veille, les dirigeants de la région avaient écarté le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), un proche de Gbagbo qui continuait à fournir au président sortant ivoirien l'accès aux comptes, contrairement aux sanctions décidées. Mais les nouveaux partenaires de la Côte d'Ivoire en Asie, en Amérique latine et en Afrique, a assuré dimanche le porte-parole de Gbagbo, Ahoua Don Mello, l'aideront à assurer le bon fonctionnement des finances publiques et du commerce. Le porte-parole a par ailleurs présenté comme un "bluff" la menace des Etats de la région de recourir à la force pour installer au pouvoir l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, considéré par la communauté internationale comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre. "Ceux qui pensent que la Côte d'Ivoire sera isolée sont aussi ceux qui croient que nous n'avons pas d'autre choix que de traiter avec eux", a-t-il dit. Pour ce qui est de l'exportation du cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier pays producteur mondial, Don Mello a précisé que des navires venus d'Asie et d'ailleurs remplaceraient les cargos européens qui, en raison des sanctions, ne peuvent plus charger dans les ports ivoiriens. "COMPTER LES BULLETINS DE VOTE PLUTÔT QUE LES MORTS" Il a ajouté que les entreprises continuaient à payer leurs impôts et que les sommes récoltées seraient déposées dans d'autres établissements que ceux qui appliquent les sanctions, dans des pays asiatiques, sud-américains ou africains. "Cela fait longtemps que nous avions anticipé cette situation (...) La preuve, c'est que les salaires ont déjà été payés", a-t-il dit. Pendant le week-end, la télévision publique a diffusé des communiqués invitant les fonctionnaires à aller chercher leur salaire lundi. Les partisans de Ouattara, qui affirment que 200 millions de dollars ont été illégalement retirés de la banque centrale, a salué le départ du gouverneur de la BCEAO mais a également réclamé le limogeage du représentant de la banque à Abidjan, également considéré comme proche de Gbagbo. Face aux pressions sur le président sortant, un possible retrait de son gouvernement de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a été évoqué. "Pour le moment, nous n'avons pas pris de décision officielle", a déclaré Don Mello, ajoutant que la monnaie ouest-africaine, le franc CFA, ne pourrait pas survivre sans la Côte d'Ivoire, première économie de la région. Evoquant les menaces d'intervention militaire en Côte d'Ivoire des pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), le porte-parole de Gbagbo a parlé de "bluff". "Aucune armée étrangère ne peut légalement attaquer la Côte d'Ivoire (...) Au lieu d'envoyer des blindés, au lieu de compter les morts, comptons plutôt les bulletins de vote", a-t-il lancé, faisant référence à la demande de Gbagbo de procéder à un nouveau dépouillement du scrutin du 28 novembre. (Reuters)