Le Plan d'épargne en actions (PEA) est une innovation qui élargit considérablement la palette des instruments d'épargne classique. Eclairage. La réactivité du secteur bancaire devant les opportunités créées par le gouvernement est, pourrait-on dire, phénoménale. Cette fois, la tonalité est donnée par le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar. Parmi les dispositions-phares de sa Loi de finances 2011, une mesure destinée à vulgariser l'épargne boursière : le Plan d'épargne en actions (PEA). Destiné à une clientèle moyenne, le PEA est une innovation qui élargit la palette des instruments d'épargne classique, compte sur carnet, assurance vie… En clair, il consiste en une exonération totale des revenus et profits réalisés dans le cadre de l'instrument. Concrètement, toute personne majeure est apte à ouvrir un PEA à condition qu'elle dispose d'une identité fiscale propre. Le PEA peut être créé au sein d'une variété d'institutions financières : banques, compagnies d'assurances, Poste et sociétés de Bourse. S'agissant des modalités de versement, elles sont sujettes à un règlement souligné par l'établissement de placement. Il est à noter cependant qu'en vertu de la Loi de finances, les montants investis butent sur un palier supérieur de 600 000 dirhams par personne. Les versements et les produits du capital géré par le Plan doivent être conservés pendant une durée minimum de 5 ans afin de bénéficier de l'exonération des revenus et profits réalisés. Dans le cas où une ponction est effectuée avant cette période, le titulaire du plan est imposé à hauteur de 10 % sur les dividendes et de 15 % pour les titres cotés. L'exonération n'est donc acquise que si la période de 5 ans sans retrait est écoulée. Tous les titres ne peuvent être éligibles à la défiscalisation. En effet, seuls les actions cotées, les droits de souscription, les certificats d'investissement émis par des sociétés de droit marocain et les titres d'OPCVM actions sont tenus en compte dans le dispositif. Tout le monde est ciblé La profusion de règles véhiculée par le PEA peut en déconcerter plus d'un. Cependant, s'il ne faut retenir qu'un point fort à l'outil, c'est la défiscalisation des plus-values et des dividendes réalisés sur le compte. C'est précisément sur cet avantage que table l'état major de Attijari Wafabank en introduisant le «PEA capital actions». Pour attirer les souscripteurs, les décideurs du premier groupe financier au Maghreb comptent également sur l'absence de discrimination des détenteurs d'un PEA. De fait, que l'on soit client Attijarri ou pas, bancarisé ou pas, imposable ou pas, il est possible, pour peu que l'on soit majeur, d'ouvrir un plan auprès du groupe. En clair, tout le monde est ciblé. En attendant le lancement de PEA issu de banques concurrentes, Attijari Wafabank devrait faire le plein d'une clientèle moyenne désireuse de s'aventurer à moindre coût dans le boursicotage. Et, dans ce registre, le groupe bancaire a mis les petits plats dans les grands : versement minimum à 100 dirhams, virement automatique de compte à compte, possibilité de verser de l'espèce, frais de tenue de compte et frais opérations totalement gratuits. La formule, certes attrayante, a néanmoins besoin pour fonctionner d'une campagne massive de didactisme. La défiscalisation des revenus du produit, à elle seule, ne peut agir en unique aiguillon. Pis, l'investissement en Bourse ayant, dans les consciences, une connotation risquée, le pari n'est pas gagné d'avance. A ce sujet, Badr Alioui, directeur général de Wafagestion assure que «les investissements réalisés par la clientèle seront indexés sur deux fonds communs de placement de Wafagestion qui sur l'année 2010 ont largement surperformé les résultats du marché». L'analogie historique est certes favorable à l'argument, mais l'équation ne garantit pas entièrement la rentabilité du Plan. Et ce, même si la possibilité d'abonder de faibles montants, mais de façon régulière (mensuellement), favoriserait, sur une longue échéance, le «lissage» de la volatilité du portefeuille. «Fonds halal» Autre souci, l'instrument s'adressant principalement à une clientèle non aguerrie aux placements en titres, l'offre pourrait refroidir les ardeurs. C'est ainsi qu'un profil de gestion dédié à chaque souscripteur sera activé automatiquement à l'ouverture d'un compte sur Wafagestion.com. Le portail servira de tableau de bord au client, lequel, comme l'affirme Driss Maghraoui, directeur de la DPM (Distribution, Produits et Marchés) au sein de la banque des particuliers et professionnels de Attijariwafa bank, «pourra consulter la performance de son investissement en temps réel et gratuitement». Ayant bien évidemment intégré l'aversion au risque dont se caractérise une clientèle nouvelle, Attijari a soigneusement sélectionné les FCP sur lesquels repose le PEA. Le premier, «Attijari actions» prône une prise de risque très mesurée mais opte, surtout, pour une croissance du capital à long terme supérieure à celle du marché. Mieux, sa durée d'investissement minium de 5 ans est en parfaite adéquation avec celle du PEA. Le second FCP, Attijari al Moucharaka, va encore plus loin en matière de conservatisme. Ce fonds est ce qu'on pourrait qualifier de fonds «halal». Il développe une philosophie de placement éthique basée sur les préceptes de l'islam. On n'y trouvera ni compagnies de spiritueux, ni banques ou autres organismes à dominante financière. Là encore, l'objectif est transparent : toucher au mass-market. En revanche, l'orientation résolument populaire du PEA aurait été mieux servie par la mise en place de partenariats avec l'entreprise. En France par exemple, où la valeur des titres déposés sur des PEA s'élève à plus de 130 milliards d'euros, la contribution de l'entreprise a été déterminante. En résumé, l'employeur se réserve le droit d'intéresser l'employé aux résultats de l'entreprise en effectuant des versements sur son PEE (Plan d'épargne entreprise). Les sommes ainsi accumulées seront investies en titres ou en SICAV (Société d'investissement à capital variable) et intégralement exonérées d'impôts si elles sont réinvesties dans le Plan une fois passé un délai de 5 ans. La formule introduite par Attijariwafa bank n'explore pas encore le gisement de clients souscrits directement par l'entreprise. Néanmoins, à en croire Omar Bounjou, directeur général de Attijari, la perspective «mérite une sérieuse reflexion». Réda Dalil «Une offre accessible à tous» A quel type de clientèle s'adresse votre nouvelle offre de Placement en actions (PEA) ? Notre produit s'adresse à toute personne désirant constituer une épargne sous forme d'achat d'actions en Bourse. Cette offre ne différencie pas entre une population apte à constituer une épargne importante ou celle n'ayant qu'une capacité réduite d'épargne. Aussi, la nouveauté du PEA offert par Attijari Wafabank est que tout un chacun peut bénéficier de cette offre abstraction faite qu'il soit ou non client chez notre réseau bancaire. Concrètement, qu'est-ce que le PEA offre comme avantages ? Les avantages d'un PEA sont multiples. Nous pouvons en citer la possibilité de placer de l"argent en Bourse moyennant une somme qui démarre à 100 DH et peut atteindre jusqu'à 600.000. Aussi, le compte PEA est-il exonéré de frais bancaires à l'exception des charges habituelles relatives aux opérations de remise de chèques et les opérations habituelles. L'offre PEA disponible dans nos différentes agences depuis le 3 janvier 2011, accorde la possibilité d'acheter et de vendre des actions en ligne via notre site www.wafabourse.com. Il faut néanmoins savoir qu'il ne vous sera pas possible d'effectuer des retraits de votre compte PEA et ce, pour une durée de cinq ans. De l'avis des économistes, il eût été plus intéressant d'impliquer les entreprises dans ce plan d'épargne. Qu'en pensez-vous ? Aujourd'hui nous n'en sommes pas encore arrivés là ! Néanmoins il est vrai que c'eût été intéressant d'opérer de cette manière, ce qui créerait davantage de richesses et inciterait les entreprises à entrer dans ce système. Nous ne manquerons pas de nous pencher sur cette proposition. Cette proposition pousserait les entreprises à rallier notre démarche. Propos recueillis par Mohcine Lourhzal