Un gouvernement d'unité doit être dévoilé ce lundi en Tunisie, où les nouveaux dirigeants s'efforcent de poursuivre des progrès politiques rapides pour écarter le risque de nouvelles émeutes et étouffer les derniers fidèles de Zine Ben Ali. Les forces spéciales tunisiennes ont ainsi dû livrer bataille dimanche avec des membres de l'ancienne garde de Ben Ali près du palais présidentiel, a-t-on appris de source militaire. Trois jours seulement après la fuite précipitée de l'ancien président, chassé par un mois de contestation dans la rue, son Premier ministre Mohamed Ghannouchi, maintenu à son poste par le président par intérim Fouad Mebazaa, devrait annoncer l'arrivée au gouvernement de représentants de l'ancienne opposition. "Demain, nous annoncerons le nouveau gouvernement, qui ouvrira une nouvelle page de l'histoire de la Tunisie", a déclaré Ghannouchi dimanche dans une brève allocution. Selon des sources proches des négociations, les opposants Najib Chebbi, Moustafa Ben Jaafar et Ahmed Ibrahim participeront au nouveau gouvernement dans lequel les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur sortants conservent leur poste. Tandis que des partisans de Ben Ali combattaient l'armée au palais présidentiel, deux hommes armés postés sur un toit près du siège de la banque centrale ont été abattus dimanche à partir d'un hélicoptère. GARANTIES Des chars ont été stationnés dans Tunis et des soldats ont été déployés pour protéger les bâtiments publics. A la tombée de la nuit, les habitants de la capitale ont érigé des barrages de fortune dans les rues à l'aide de branches d'arbre et de poubelles afin de lutter contre les pillages. "Nous nous sommes déployés dans les rues en portant des vestes blanches pour pouvoir nous reconnaître entre nous. Nous avons signalé notre présence à la police en lui précisant que nous étions habillés en blanc car c'est le couvre-feu (...) certains ont apporté des bâtons et nous avons ramassé des pierres", a dit un homme à Reuters. Les émeutes qui ont conduit au départ de Ben Ali se sont calmées et les dirigeants politiques, dont la plupart soutenaient auparavant le président déchu, tentent de prouver leur détermination à organiser les élections promises. Les opposants exigent un certain nombre de garanties: la tenue d'un scrutin présidentiel libre censé avoir lieu dans deux mois maximum, des délais suffisants pour mener campagne, l'instauration d'un régime démocratique desserrant l'étreinte du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) de Ben Ali. (Reuters)