Rabat, La gouvernance de l'Internet : Défis et enjeux est le thème de la 7-ème rencontre organisée lundi à Rabat par l'instance du dialogue national "média et société". S'exprimant à cette occasion, le secrétaire général du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, M. Taib Debbagh a indiqué que la mutation qualitative qu'a connue le secteur de la communication et des nouvelles technologies au Maroc s'explique par le cadre juridique et organisationnel mis en place au Royaume en vue de libéraliser le secteur et d'encourager l'initiative privée pour l'harmonisation du marché des communications et de son entourage avec les nouvelles exigences imposées par la concurrence. Il a, dans ce sens, évoqué la stratégie nationale pour la société de l'information et l'économie numérique "Maroc Numeric 2013" qui vise à faire du secteur un vecteur de développement humain, un pilier essentiel de l'économie nationale, une source de productivité et une valeur ajoutée aux autres secteurs économiques et à l'administration publique. Cette stratégie, qui vise à placer le Maroc à la tête des pays les plus développés sur le plan technologique au niveau de la région, a pour objectif de créer 26.000 postes d'emploi et à élargir l'utilisation des technologies de l'information et de la communication, de rapprocher l'administration des besoins des usagers en termes d'efficacité, et de permettre à une famille sur 3 d'être connectée à Internet, a rappelé M. Debbagh. Il a également mis l'accent sur les efforts du ministère pour la promotion du secteur, à travers notamment le développement d'un réseau Internet à haut débit et de rendre l'administration plus efficace et plus transparente, outre la révision du cadre législatif et organisationnel en adoptant notamment la loi relative à la protection des personnes physiques concernant le traitement des données personnelles en février 2009. Les principaux objectifs des chantiers nationaux se résument en particulier dans la généralisation de l'accès aux services de communication dans l'ensemble du territoire national pour réduire le fossé numérique entre ces régions et la promotion des sociétés d'information, a-t-il dit. De con côté, Divina Frau-Meigs, sociologue des médias et professeur à l'université Sorbonne, a mis l'accent sur l'importance stratégique du dialogue national "média et société", saluant le choix d'inclure ce thème de la gouvernance d'Internet dans cette consultation nationale. Elle a estimé que le développement dans le secteur des technologies de l'information et l'Internet constitue une "3-ème révolution industrielle", relevant que l'Internet facilite la participation interactive et l'inter culturalité contrairement aux autres moyens de communication. Après avoir souligné l'importance de l'éducation à l'utilisation des moyens d'information, en général, et l'Internet, en particulier, Mme Divina Frau-Meigs a mis en garde contre les aspects négatifs de la communication via Internet notamment ceux portant atteinte aux principes des droits de l'Homme et la dignité. Elle a dans ce sens souligné que dans le cadre du régime néolibéral certains pays n'arrivent pas à maîtriser cette question ce qui a conduit à une "privatisation des dangers". Pour sa part, le représentant de l'UNESCO au Maghreb, M. Philippe Quéau, a relevé que l'évolution du nombre d'utilisateurs d'Internet de par le monde (environ 1,8 milliard) constitue un indice du début d'une rupture avec les moyens traditionnels de communication, ajoutant que l'Internet est "une richesse publique mondiale". Il a noté que la principale difficulté entravant l'application de la gouvernance dans le domaine de l'Internet est la nécessité de parvenir un consensus entre toutes les parties concernées du gouvernement, du secteur privé et de la société civile, indiquant que la question de la gouvernance dans ce domaine demeure un pari mondial complexe, vu les caractéristiques d'Internet. La gouvernance dans le domaine de l'Internet a constitué l'un des thèmes du Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) tenu à Genève (2003) et à Tunis (2005), un sommet qui a souligné la nécessité de garantir le droit à l'accès à l'Internet et à l'information, et de promouvoir la sécurité dans ce domaine, outre son ouverture et son respect des droits de l'Homme, a-t-il poursuivi. Le sommet a également souligné la nécessité d'offrir la possibilité à tous les composantes de la société pour développer l'information et les connaissances, et accéder à leur utilisation, a-t-il ajouté. D'autres intervenants à cette rencontre ont souligné les efforts considérables déployés par le Maroc en vue de garantir les équipements d'information et d'élargir la connectivité à travers le Web dans différentes régions du Royaume, se félicitant de la forte implication du Maroc dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, eu égard que ces technologies offrent l'occasion d'adhérer à la dynamique mondiale et la compétitivité dans le domaine de la connaissance. Cette rencontre a été l'occasion de soulever certaines problématiques entravant le développement dans ce domaine dont la hausse des tarifs Internet en comparaison avec le niveau de vie, la faiblesse du contenu des portails électroniques de plusieurs secteurs et établissements publics, ainsi que le manque de confiance concernant les échanges commerciaux et financiers électroniques. Le nombre d'abonnés au réseau Internet a atteint 1,2 million en 2009, alors que le nombre de ses usagers s'est élevé à 13 millions alors qu'il ne dépassait pas les 3,5 millions, il y a 5 cinq ans.