Mohamed Boussaid et Mohamed Mhidia ont la lourde tâche d'accélérer le développement économique de leurs régions. Decryptage. Les régions de Marrakech et du Souss sont deux régions importantes pour l'économie marocaine, contribuant respectivement à près de 9 et 8% de la richesse nationale, selon un récent rapport du HCP. Mais pour booster le développement économique régional, de nombreux défis attendent les deux nouveaux walis, Mohamed Mhidia et Mohamed Boussaid nommé début mars. Région Souss-Massa-Daraâ Objectif : attirer les investissements Mohamed Boussaid, fraîchement arrivé à Agadir, aura pour principale mission d'accroître les investissements dans la région Souss-Massa-Daraâ qui s'étend jusqu'à Ouarzazate. «Les secteurs stratégiques de la région s'affaissaient. Il y a un manque à gagner évident en matière de valeur ajoutée et de nettes améliorations pourraient être apportées à condition de réorienter ces secteurs», affirme Abdelfattah Zine, président de l'Union régionale de la CGEM. Les représentants locaux du patronat ont rencontré, le 30 mars, le wali pour lui exposer une série de mesures. Parmi ses propositions phares, la CGEM préconise des réformes fiscales afin d'encourager l'investissement, notamment l'exonération des droits d'enregistrement pour l'acquisition de terrains destinés à la réalisation de projets d'investissement, l'exonération de la patente et de la taxe urbaine pendant les 5 premières années d'exploitation et l'exonération de l'impôt sur les sociétés et de l'impôt général sur le revenu pendant les 5 premières années et une réduction de 50% au-delà pour le chiffre d'affaires en devises. D'autres mesures pourraient être envisagées pour améliorer le climat des affaires. Par exemple, l'accès au financement en améliorant la communication entre les banques et leurs clients en adaptant les instruments financiers aux besoins des usagers. Ou encore, l'amélioration de la transparence au niveau des formalités administratives nécessaires à l'investissement (obtention d'autorisations, permis, etc.) et la promotion des activités formelles. Pour promouvoir l'investissement et l'emploi, il conviendrait de développer un mécanisme permettant d'avoir une meilleure visibilité sur le foncier potentiellement disponible à l'investissement (par la création d'une agence régionale capable de développer un système d'information géographique lié au foncier) et mettre à la disposition des investisseurs une base de données foncière consultable et mise à jour en permanence. Augmenter le nombre des documents d'urbanisme afin de couvrir la totalité du territoire régional et avoir une meilleure visibilité sur le développement économique de la région est aussi une bonne initiative. Et, finalement, mettre à la disposition des organismes chargés de la promotion des investissements une réserve foncière pour améliorer l'offre régionale en matière d'investissement. Région Marrakech-Tensift-El Haouz Objectif : développer le tourisme et l'agriculture Dans la ville ocre, la tâche de Mohamed Mhidia est aussi ardue. Le nouveau wali doit se pencher sur trois secteurs importants de l'économie régionale : le tourisme, l'agriculture et l'artisanat. Ces enjeux avaient déjà fait l'objet d'une rencontre en janvier dernier entre le wali par intérim de l'époque, Anis Birou, le secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat, et Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie et du Commerce. Youssef Mouhyi, président de l'Union régionale de la CGEM à Marrakech, présent lors de cette rencontre, ne s'inquiète pas outre mesure d'un changement de tête à la région. «Le nouveau wali a donné beaucoup de signes positifs de sa volonté de dynamiser l'économie de la région», déclare t-il. «Nous avons demandé un rendez vous pour exposer nos attentes et proposer notre implication dans la réflexion et l'action pour un développement économique concerté», poursuit-il. Le tourisme représente un levier de croissance stratégique pour la région qui s'étend d'Essaouira à Marrakech. Avec 88 000 lits prévus dans 5 ans (contre 47 000 lits aujourd'hui) et la création de 42000 emplois supplémentaires à l'horizon 2015, le plan marketing opérationnel réalisé par le CRT vise une croissance de 10 à 20% par an. Encore faut-il mettre en œuvre les moyens nécessaires, estimé, au minimum, à 300 MDH sur 3 ans. Pour booster l'économie régionale, d'autres secteurs de la région doivent être développé. L'agriculture et l'agroalimentaire nécessitent notamment une batterie de mesures pour stimuler la croissance de ce secteur. L'agriculture, qui emploie 53% des actifs de la région, affiche 5459 MDH de chiffre d'affaires pour une superficie de 1 440 000 ha. Pour poursuivre le développement du secteur, la CGEM préconise de poursuivre de la politique de libération du foncier agricole pour le mettre à la disposition des investisseurs. Autre objectif, faciliter l'installation de petites industries de transformation près des exploitations pour dynamiser le secteur de l'agroalimentaire. Autre champ d'activités qui attend le wali, l'artisanat. La région compte 45 000 artisans et 150 PME et coopératives pour un chiffre d'affaires de 1650 millions de drihams, dont 300 millions à l'export (soit 45% des exportations nationales du secteur). Pour promouvoir davantage ce secteur, les professionnels attendent des actions de la part du nouveau locateur de la Wilaya sur le volet formation continue. Des artisans mieux armés sur les nouvelles techniques de production et sur le design permettraient de concevoir de nouveaux modèles et des d'autres produits qui donneraient un nouveau souffle au secteur. Amine Amerhoun Parcours Ils tiennent les rennes Ingénieur d'Etat de formation, Mohamed Mhidia, 55 ans, fraîchement arrivé à Marrakech, possède déjà une solide expérience en tant que wali pour avoir été à la tête de la région Taza-Al Hoceima-Taounate de 2007 à sa nomination. Le renouvellement de la confiance à son égard est un excellent présage. Mohamed Boussaid, 48 ans, apporte dans ses bagages à Agadir, sa connaissance des secteurs clé pour avoir été ministre du Tourisme et de l'Artisanat de 2007 à 2009. Diplômé des Ponts et Chaussés Paris et d'un master en business, le nouveau wali dispose aussi d'une expérience professionnelle dans le privé avant d'avoir intégré les cabinets ministériels.